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lion qui ma fait la defcription de votre bouclier. Deffus on voyoit les Phrygiens en déroute fuir vers leur ville; Perfée voler fur la Mer, tenant entre fes mains la tête de la Gorgone. On y voyoit auffi Mercure le Meffager des Dieux,

Antiftrophe feconde.

Au milieu du bouclier paroiffoit deffus fon char l'aftre brillant du jour; le chœur des Aftres, les Pleiades, les Hyades, figures qui devoient imprimer la terreur au cœur d'Hector. Sur le cafque étoit représenté le Sphinx tenant fa proye entre les griffes. Sur les bords on voyoit la Chimére vomiffant feu & flâme s'élancer fur le Cheval Pegafe.

Epode.

Ce héros fur un char rapide attelé de quatre chevaux tenoit d'une main une picque mortelle: un nuage de pouffiere s'élevoit derriere lui. Le chef de tels guerriers, Agamemnon n'eft plus! Clytemneftre, fon époufe l'a tué. Epoufe barbare! Les Dieux vous précipiteront un jour aux enfers, & je vous verrai périr de la même maniere dont vous fites périr votre époux.

* Cet Intermede, de même que le fuivant, eft dans le goût des Odes de Pindare. Il femble qu'Euripide s'éloigne de fon fujet en apoftrophant les mille Vaiffeaux qui voguerent à Troye, & en faisant l'éloge d'Achille & de fes armes. Son but étoit d'exciter l'indignation contre Clytemnestre qui a ofé immoler le chef de tels héros.

Fin du fecond Acte.

ACTE III.

SCENE PREMIERE.

LE VIEILLARD, ELECTRE.

LE VIEILLARD.

U eft la fille de mon Roi, la fille de cet

plaifir à élever? Que le chemin qui conduit à fa maifon eft rude & difficile pour moi à l'âge où je fuis! Marchons toutefois, rien ne doit rebuter, quand il s'agit du fervice de fes maîtres & de fes amis.

Le Vieillard voyant Electre venir au devant de lui.

Recevez, ma fille, cet agneau, je l'ai choifi fur tout mon troupeau. Recevez encore ces couronnes de fleur & ce petit outre d'un vin délicieux. Qu'on porte à vos hôtes ces préfens, tandis que je m'effuyerai les larmes que je ne puis m'empêsher de répandre.

ELECTRE.

Pourquoi ces larmes, ô Vieillard! eft-ce le fouvenir de mes maux qui vous les fait verfer? N'eftce pas plûtôt le trifte exil d'Orefte que vous dé plorez, ou mon pere qu'envain vous élevâtes.

LE VIEILLARD.

Oui, c'est envain que je l'élevai; le coup qui me l'a ravi eft affreux, je n'en puis foutenir la mémoire. En venant ici, je paffe près du tombeau d'Agamemnon. Là me voyant feul, je me jette à terre en pouffant de profonds gémiffemens; je fais enfuite des libations du vin que je portois à vos hotes, & je le couvre,ce tombeau,de branches de Myrthe, lorfque tout-à-coup j'apperçois une brebis noire dont le fang étoit fraichement répandu; auprès étoient des boucles d'une chevelure blonde. Quelle furprise a été la mienne de voir qu'on ait ofé les porter à ce tombeau ! Ce ne peut être un habitant d'Argos. C'est donc votre frere qui a voulu honorer fecretement les manes de votre malheureux pere. Confiderez ces cheveux, approchez les de votre tête, & comparez la couleur. Car enfin vous fçavez que ceux qui font iffus du même fang ont coutume de fe reffembler.

ELECTRE.

Vous n'y fongez pas, ô Vieillard; croyezvous que le brave Orefte vint fecretement à

Argos,& qu'il fut retenu par la crainte d'Egyfthe? D'ailleurs comment voulez-vous que fa chevelure fe rapporte à la mienne? L'une doit fe fentir des exercices laborieux auxquels on accoutume un jeune homme de condition * ; l'autre fe reffent toujours de la moleffe, que lui donne le foin qu'on a de parer le sexe.

LE VIEILLARD.

Du moins, ajustez vos pieds fur les veftiges des fiens, & voyez s'ils ne s'y rapportent pas.

ELECTR E.

Comment les traces des pas feroient-elles imprimées fur la pierre & fur la terre dure? Mais quand cela pourroit étre, peut-on imaginer que les pas d'un frere & d'une four puiffent être femblables.

LE VIEILLARD.

Mais fi Orefte étoit de retour, ne pourriezvous pas reconnoître la robe tiffue de vos mains dont il étoit orné, lorfque je le dérobai à la

mort.

ELECTRE.

Ignorez-vous donc, ô Vieillard, que j'étois encore enfant lorfque Orefte fut enlevé ? Mais quand il feroit poffible que je lui euffe tiffu une

*Dans ces fiécles on accoutumoit la jeune nobleffe à des exercices très-laborieux.

robe, pourroit-il la porter encore? Il faudroit que les vêtemens fuiviffent la deftinée des humains pour croître avec eux. Croyez-moi, c'est quelque étranger, ami d'Agamemnon, ou quelque citoyen qui aura trompé des yeux attentifs, pour porter ces tristes dons au tombeau de ce Roi.

LE VIEILLARD.

Où font vos hôtes? Je voudrois les voir pour leur demander des nouvelles d'Orefte.

ELECTRE.

Les voici qui s'avancent vers nous.

LE VIEILLARD.

Quel air de nobleffe & de probité paroît en eux! je fufpend cependant mon jugement. Rien en effet n'eft plus trompeur que les dehors.

SCENE II.

Les mêmes. ORESTE & PYLADE.

J

LE VIEILLARD.

E vous falue, ô étrangers.

ORESTE.

Je vous falue pareillement, ô Vieillard. Elec tre, quel eft cet ancien ami.

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