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ELECTR E.

C'est ce Vieillard qui a pris foin de l'enfance de mon pere.

ORESTE.

Que dites-vous? N'eft - ce point ce Vieillard qui a élevé votre frere.

ELECTRE.

Oui, c'est lui qui l'a fauvé, fi tant eft que mon frere vive encore,

ORESTE,

Par quelle raifon tient-il fes regards fi fort attachez fur moi ? Croit-il trouver en moi les traits de quelqu'un de fa connoiffance ?

ELECTR E.

Votre âge lui rappelle Oreste, cette idée lui fait plaifir.

ORESTE.

Il faut, fans doute, qu'il lui foit bien cher. Mais pourquoi ce filence & cette surprise extraordinaire?

ELECTRE.

J'en fuis moi-même dans l'étonnement.

LE VIEILLARD.

O ma fille! invoquez les Dieux,

ELECTRE.

Pour quel fujet ?

LE VIEILLARD.

Afin que vous receviez un tréfor qu'ils vous offrent.

ELECTRE.

Eh bien, je les invoque. Que faut-il de plus; Vieillard?

LE VIEILLARD.

Jettez maintenant les yeux fur votre cher

ELECTR E.

Je crains bien que vous ne vous égariez.

LE VIEILLARD.

Eft-ce donc parce que j'apperçois votre frere que j'ai perdu l'esprit ?

ELECTRE.

Que venez-vous de dire ?

LE VIEILLARD.

Que j'apperçois Orefte, le fils d'Agamemnon,

ELECTRE.

Comment puis-je en être convaincue? A quel figne l'avez-vous reconnu ?

LE VIEILLARD.

C'est à la cicatrice d'une bleffure qu'il reçût au front dans fon enfance, en poursuivant un Faon de Biche.

ELECTR E.

Que dites-vous ? J'apperçois la cicatrice.

LE VIEILLARD.

Pourquoi balancez-vous donc d'embraffer votre frere?

ELECTRE.

Je ne balance plus, ô Vieillard! Vous m'avez perfuadée. Et vous, mon cher Orefte, vous m'êtes rendu contre toute espérance?

ORESTE.

Oui, c'eft votre frere que vous tenez entre vos bras, après une longue absence.

ELECTR E.

C'est un bonheur dont je n'ofois me flatter.

ORESTE.

Je n'efperois point d'en pouvoir jouir.

ELECTR E.

Eft-ce bien vous-même ?

ORESTE.

OREST E.

Oui, c'eft Orefte qui vient à votre fecours. Quoique feul, j'efpere réuffir dans le projet que je médite.

ELECTR E.

Je l'efpere pareillement. Și de grands crimes reftent impunis, comment croire qu'il existe encore des Dieux.

LE CHŒUR.

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O jour tardif, tu luis enfin pour nous! Il eft donc arrivé ce jour heureux, où Electre doit retourner dans le palais de fon pere. Chere amie un Dieu vous amene la victoire; élevez vos mains vers lui, adreffez lui vos prieres. Plaife à Dicu que la fortune foit favorable à votre frere,, & qu'il puiffe pénétrer dans la ville.

ORESTE.

C'est ce que je fouhaite. Ces tendres embra femens me font bien chers, mais réfervons les pour une autre occafion. Et vous, ô Vieillard, vous ne pouviez pas arriver plus à propos. Enfeignez-moi comment je puis me venger de l'af fafin de mon pere & de fa complice. Nous eft-il. refté encore quelques amis? Ou fommes-nous auffi abattus que notre fortune? A quel parti puis-je m'attacher? Dois-je tenter l'entreprise à force ouverte, ou par la rufe? Quelle route enfin dois-je tenir pour pénétrer au milieu de nos ennemis.

D

LE VIEILLARD.

Mon fils, il ne faut pas vous flatter. Vous êtes malheureux; plus d'amis pour vous. C'eft un tréfor trop rare qu'un ami capable de foutenir la bonne & la mauvaise fortune de fon ami. D'ailleurs, vous n'avez laiffez après vous nulle lueur d'efpérance, & votre parti s'eft diffipé. Sçachez donc, que pour remonter fur le trône,vous n'avez de reffource que dans votre valeur & dans la forORESTE.

tune.

Que faut-il faire pour y réuffir?

LE VIEILLARD.

Tuer Egyfthe & Clytemneftre.

ORESTE.

C'est la gloire où j'afpire. Mais comment y parvenir ?

LE VIEILLARD.

En vous infinuant dans le palais. Mais il ne fuffit pas de l'ofer.

ORESTE.

Je vous entends. La ville eft bien gardée, & les fentinelles veillent toujours.

LE VIEILLARD.

Il n'eft que trop vrai. Egyfthe vous craint, & il ne s'endort pas fur ce qui vous touche.

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