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De ces jaloux amis qui veulent être uniques;
Affez durs, pour trouver mauvais qu'un malheureu
Leur faffe voir enfin qu'on peut fe paffer d'eux :
Heureux, qui peut ainfi mortifier leur gloire,
Et venger l'amitié!.... Mais fi tu veux m'en croire,
Le tems eft cher, il faut, & même dès ce jour,
Aller, tête levée, & paroître à la Cour.

MONROSE.

Oui, c'est bien mon deffein, dès que je ferai quitte Du rendez-vous d'Arifte.

DORNAN E.

Expédie au plus vite.

Sans adieu. Tout ira comme je le prévois.

Je vais nous faire écrire à dix ou douze endroits.

SCENE IX.

MONROSE, ARAMONT

ARAMONT.

Moi, je vais faire un tour chez tous nos gens

d'affaires,

Pour raffembler ici ceux qui font nécessaires.

SCENE X.

MONROSE feul.

Ortence, eft-il poffible?.... Ah! qu'il me feroit

doux

D'avoir à vous offrir un rang digne de vous!

Fin du premier Acte.

ACTE I I.

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SCENE PREMIERE.

ARISTE.

MONROSE à part.

UEL entretien fâcheux ! . . . Il finira peut-être?
ARISTE.

Je puis donc vous parler?

MONROSE.

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Une étroite amitié m'uniffoit avec elle.

Votre oncle n'eut jamais un ami plus fidelle,
Et plus tendre que moi. Je vous trahirois tous,
Si je diffimulois davantage avec vous.

Vous vous perdez.

MONROSE.

Daignez me le faire connoître.
ARISTE.

Vous entrez dans le monde ; & vous allez paroître

Sur ce fameux théatre, où j'ignore comment
J'ai pû me foûtenir jufques à ce moment.
Vous n'êtes pas encore inftruit de fes mysteres.
Jufqu'ici vos emplois, vos devoirs militaires,
Vous en ont écarté. La Cour eft en tout tems
Une terre inconnue à tous fes Habitans.
Après un long séjour, après un long usage,
On s'y retrouve encore à fon apprentissage;
On y marche toujours fur des piéges nouveaux ;
On y vit, entouré d'un peuple de rivaux
Ou d'amis dangereux. Heureux qui les devine !
On n'y peut s'élever que fur quelque ruine;
On n'y peut profiter que des fautes d'autrui.
Tel, au gré de fes vœux, s'y maintient aujour
[d'hui,

Qui demain ne pourra faire tête à l'orage:
Et l'on finit fouvent par y faire naufrage.
Mais d'après ce portrait qu'on ne peut qu'ébau-

N'avez-vous en fecret rien à vous reprocher?

MONROSE.

Je ne crois pas avoir de reproche à me faire :
Et du moins le fuccès vous prouve le contraire,
ARISTE.

cher

Le fuccès! Puiffiez- vous n'être point dans l'er

Je voudrois avoir pris une fauffe terreur :
Mais je tremble pour vous.

MONROSE.

[reur !

Je vous fuis redevable, ARISTE.

Votre fécurité me femble inconcevable.

MONROSE.

J'apprens de toutes parts le bonheur que j'attends.
N'ai-je pas à la Cour des droits affez conftans ?
Et d'ailleurs, un refus eft-il en fa puiffance?
Je dois tout efpérer de fa reconnoiffance,

Dites de fes bontés.

ARISTE.

MONROSE.

Je réclame mon bien.
ARISTE.

Vous méritez beaucoup ; mais on ne vous doit rien. MONROSE.

Du moins on doit à ceux dont le Ciel m'a fait naître. ARISTE.

Le prix que

Vous vous faites un droit qui pourroit ne pas être.
Vos ayeux ont chacun obtenu dans leur tems,
méritoient leurs fervices conftans.
Ce font leurs actions, plutôt que leurs ancêtres,
Qui les ont fait combler des faveurs de leurs maîtres,
Et monter aux honneurs que vous follicitez.

Les bienfaits font à ceux qui les ont méritez.
Les graces ne font point des biens héréditaires :
Nous n'en fommes jamais que les dépofitaires:
Mais par
la même voye on peut les obtenir.

Vos peres ont laiffé leur nom à foûtenir,
Leur vertu,
leur exemple, & leur carriere à fuivre.
Voilà ce qu'après eux il faut faire revivre,
Et dont vous vous devez mettre en poffeffion.
Tour le reste n'eft point de leur fucceffion.
MONROS E.

Ma pourfuite, Monfieur, n'eft donc pas raisonnable

ARISTE.

La façon pouvoit être un peu plus convenable.
Lorfque j'ofe avancer qu'il ne vous est rien dû,
Je ne dis pas, Monfieur, qu'il vous foit défendu
D'employer les moyens qui font à votre usage,
Pour fauver le débris d'un auffi grand naufrage,
Vous y devez fonger; & je dois vous aider.
MONROSE.

Je ne vois pas en quoi j'ai pû me dégrader.
Ce feroit trop payer la plus haute fortune,
Non, non, Monfieur, perdez cette crainte importune,
Je ne fais point jouer un rôle humiliant:
Et l'on peut demander, fans être suppliant,

J'ai fait folliciter, avec cette décence,
Et cette liberté, digne de ma naissance :
J'en aurois épargné la peine à mes amis ;
Mais enfin ma fanté ne me l'a

pas permis. S'ils ont agi pour moi, c'eft fans me compromettre. J'ai même écrit en Cour....

ARISTE remettant une lettre à Monrofe.

La voici cette lettre.

Quelqu'un veilloit pour vous. Son bonheur a permis
Qu'il ait fçû le danger où vous vous étiez mis.
Quoi ? Vous ofez, Monfieur, dans l'état où vous êtes,
Pourfuivre des bienfaits comme on pourfuit des des-

(tes ?

L'orgueil & la fierté follicitent pour vous ?
Si vous aviez des droits, vous les détruiriez tous.
C'est directement s'attaquer à fon maître,

C'est l'offenfer lui-même, & c'est le méconnoître,
Quand on manque aux égards que l'on doit à fon
Choix.

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Je fais ce que je dois. Je ne fçais point flatter quand le mal eft extrême. Mais vous n'étiez pas fait pour vous perdre vous

(même.

Eh! laissez-vous aller à votre naturel,
Au caractère heureux qui vous eft perfonnel.
Vous êtes né prudent, humain, doux, & fléxible :
Ce font-là les moyens qui rendent tout poffible.
Il faut gagner les cœurs ;
la fortune les fuit.
Lorfque vous le pouvez, quelle erreur vous féduit?
On ne peut s'obferver avec trop de fcrupule.
Un langage fuperbe eft toujours ridicule :
Plus on eft élevé, plus il eft mefféant.

C'eft ainfi que le peuple, au fond de fon néant,
Toujours féditieux, quelque bien qu'on lui faffe,
Parle indifcretement de ceux qui font en place;

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