ACTE I V. SCENE PREMIERE. ARAMONT, CLORINE, PUIS-1 ARAMONT, UIS-JE obtenir d'Hortence un moment d'au (dience? CLORINE d'un air trifte & brufque, Madame va venir; donnez-vous patience. ARAMONT. Clorine a le cœur trifte, à ce qui me paroît ? CLORINE. Vous êtes pénétrant. ARAMONT. Ah! je vois ce que c'eft. Vous comptiez fuivre Hortence au Couvent; mais Avec impoliteffe a fruftré votre attente Par un fot compliment. (fa tante CLORIN E. Pareil à vos difcours. ARAMONT. Ou diable voulez-vous achever vos beaux jours ? Dans les ennuis forcés d'une triste clôture, Vous dont l'efprit actif, toujours à la torture,. Pétille dans un corps de falpêtre & de feu ? D'ailleurs, fi vous voulez, vous m'en ferez l'aveu ; Mais, à proportion, vous êtes mieux qu'Hortence. CLORINE à part. Vous y mettez bon ordre. ARAMONT Et dans fa décadence Elle ne peut vous faire aucun bien déformais. CLORINE. Il me refte à gagner les biens qu'elle m'a faits, Et vous ne l'êtes guére. Je voudrois me charger de toute fa misere. Que ne puis-je !... Du moins, je ne fuis pas de ceux Qui favent abufer d'un cœur trop généreux. ARAMONT. Ecoute, mon enfant, je vois qu'auprès d'Hortence' Il faut que je te ferve. CLORINE. Ah! je vous en difpenfe. Tu n'as jamais voulu me croire propre à rien; Non, Monfieur, s'il vous plaît. ARAM ON T. Parbleu, Mademoifelle. Voyant Hortence. Ce fera malgré vous... Mais je la vois ; c'eft elle, CLORINE à part. Moi, je vais vous fervir de la bonne façon. ARAMONT à part. Cette fille paroît avoir quelque foupçon, SCENE I I. HORTENCE, ARAMONT. HORTENCE avec empreffement, Vous m'apportez, fans doute, une heureuse nou (velle? Mon cœur impatient voloit au-devant d'elle. Qui-dà! ARAMON T. HORTENCE N'êtes-vous pas notre libérateur ? ARAMONT. Yous me donnez, Madame, un titre trop datteur. HORTENCE. Ne vous eft-il pas dû ? ARAMONT. Que le Ciel m'en préserve ! D'où vient cet embarras ? Quelle eft cette réserve ? Avez-vous fait usage ?....... ARAMONT, Ils font toujours chez moi, Et non deffein n'eft pas d'en faire aucun emploi. HORTENCE. Que dites vous, Monfieur? O Ciel! eft-il croyable! Eft-ce donc là cet homme utile & ferviable ? Je le trouve en défaut quand j'ai besoin de lui ! Vous vous démentez donc pour moi feule aujour ARAMONT. d'hui ? Monrose m'est bien cher; mais je fuis incapable HORTENCE HORTENCE, Eh! le ferez-vous moins en le laiffant périr?. ARAMONT. Je voudrois, autrement, le pouvoir fécourir. HORTENCE, Yous prétendez l'aimer ? ARAMON T. Autant qu'il eft poffible. HORTENCE. Ne vous en vantez plus... Serez-vous inflexible Ce n'est pas fans raifon. Eh! Madame, en effet, Toute ma récompense est au fond de mon cœur. L'intention fuffit. ARAMONT, HORTENCE. Eh! quel eft ce langage! En périra-t-il moins? Nous connoiffons les biens, ARAMONT. Pour le faire briller Du refte de vos biens faut-il vous dépouiller à part. Songez à vous, Madame. Il faut que je m'en tire Ꭰ à Hortence. Vous êtes ruinée. Il eft bon de vous dire S'il eft vrai, mon désastre y met un nouveau prix. Un peu plus, un peu moins, ne fait rien à mon fort. Pour qui confervez-vous un intérêt si tendre ? HORTENCE, C'eft me faire entendre Que Monfofe peut-être adreffe ailleurs fes vœux. Jufqu'ici vous avez fi peu flatté fes feux... Ehhe vous chargez point d'excufer ce que j'aime, |