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DORNANE en ricanant.

Arifte... Il mérite à merveille.

Qu'on mette fur fon compte une action pareille.
MONROSE.

Tu l'en crois incapable? Il n'eft pas de ton gout.
DORNANE ironiquement.

Ma foi, je crois qu'Arifte eft capable de tout.
Apprens où t'a conduit une erreur trop durable.
Cet homme vertueux, ce fage inaltérable,
Toujours pur au milieu d'un air empoisonné,
Qui paroiffoit avoir acquis & moissonné
De nouvelles vertus où l'on n'a que des vices;
Ce rare Courtisan, fameux par fes fervices,
Dont tout autre que lui fe feroit prévalu,
Qui pouvant être tout ce qu'il auroit voulu ...
MONROSE.

Tu parois ironique !

DORNAN E.

Il faut ceffer de l'être.

Ce grave perfonnage, Arifte n'eft qu'un traître ; C'eft lui qui te dépouille ; il a tout envahi.

MONROSE

Cela ne fe peut pas.

ARAMONT.

Arifte l'a trahi.

DORNANE.

Lui-même, il a commis une action fi baffe.
Va le féliciter, te dis-je, il est en place.
Au moment que je parle, entouré de Flatteurs,
Le coupable & fon crime ont des Adulateurs,
Eh bien! que penses-tu d'un tour de cette espece ?

MONROSE.

Ah! daignez-vous prêter à ma délicateffe : trop eftimé pour ne pas l'excufer.

Je l'ai

Que favons-nous ? Sans doute il n'a pu refufer.
D'ailleurs j'étois exclu ; je n'y pouvois prétendre.
C'étoit des biens vacans, des graces à répandre:
Arifte en étoit digne; il en eft revêtu ;

Et la Cour a du moins décoré la vertu.

DORNAN E.

La vertu ! c'est un fourbe, & je ne puis m'en taire.
Mais s'il t'avoit fervi, comme il auroit dû faire,
Et comme j'euffe fait, en parlerois-tu mieux ?
Rends-lui juftice: va, c'eft un monftre odieux.
Voilà mon dernier mot. Je lui dirois en face.
Et je l'afficherois.... Si j'étois à ta place,
Nous nous verrions de près.

ARAMONT.

L'avis eft affez doux.

DORNANE.

Je n'écouterois plus qu'un trop jufte courroux;
Du haut de fa grandeur je le ferois defcendre,
Ou je le forcerois du moins à la défendre.

ARAMONT.

Par ma foi, ce feroit des exploits mal placez.
Son déshonneur nous venge, & le punit affez,
DORNANE..

Et fur ce foible efpoir fa vengeance le fonde?
Se déshonore-t-on maintenant dans le monde !
Voit-on que cette crainte allarme bien des gens?
N'en foyons point furpris. Nous fommes indulgens;
Grace à cette reffource un peu trop éprouvée,
Le plus vil des mortels va la tête levée.
Nous laiffons parmi nous habiter des profcrits:
Bientôt leur impudence épuife nos mépris;
Et nous avons enfin la baffe politeffe
De jouir avec eux de leur fcélérateffe,
Arifte

y peur compter; & peut-être, à mon tour, Serai-je un jour forcé de lui faire ma cour.

ARAMONT.

Non pas moi,

sûrement.

MONROSE.

Ce dénouement m'étonne!

Arifte...Ah! c'en eft fait...Puifque tout m'abandonne,

Va, j'ai pris mon parti.

DORNANE.

C'eft affez... Je t'entens :

Et j'ofe me flatter que nous ferons contens.
Je m'en vais à la Cour favoir ce qui s'y paffe,
Et je te l'écrirai. Serviteur; je t'embraffe.

SCENE VII.

MONROSE, ARAMONT.

MONROSE.

Voilà donc mon arrêt ? Efpoir, Fortune, Amour,

Vous ne m'êtes plus rien: je perds tout en un jour.
ARAMONT.

Le coup dont tu gémis eft celui qui n'accable.
Viens, cher ami, fuyons un fiécle trop coupable;
Sous un Ciel étranger allons vivre pour nous;
Pourvû que je te fuive, il me fera trop doux.
De ma foible fortune accepte le partage.
Que ne m'eft-il permis de t'offrir davantage !

MONROSE.

Hélas! je puis devoir beaucoup plus à tes foins. Ecoute; je fuis quitte ; & je n'en dois pas moins A l'auteur inconnu d'un auffi grand fervice. Cherche à le découvrir; rends-moi ce bon office. Le foin de m'acquitter eft mon premier devoir: Mais au deftin d'Hortence il faut aufli pourvoir." A ce nom, cher ami, tu vois couler mes larmes.

Ah! quand mon cœur feroit infenfible à fes charmes,
Pourroit-il n'être pas fenfible à la pitié!
Par tout ce que t'infpire une vive amitié,
Ofte-moi de l'erreur où fon état me plonge :
C'est-là mon plus grand mal. Le reste n'est qu'un
(fonge.
Je mourrois mille fois : & je n'ai plus que toi
Qui puiffe diffiper un auffi jufte effroi.
Cher ami, fauve-moi dans un autre moi-même :
D'une indigne détreffe affranchi ce que j'aime ;
Répare la ruine autant qu'il m'eft permis;
Employe en fa faveur ce que je t'ai remis;
Et fur-tout fi tu crains, comme je dois le croire,
Si tu crains de fouiller ton honneur & ma gloiré,
A tel prix que ce foit, remets lui fes bienfaits :
Alors j'accepterai l'offre que tu me fais,

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SCENE VIII.

MONROSE, ARAMONT, CLORINE.

Si

CLORINE à Monrofe.

Vous avez un mot à dire á ma Maîtreffe, Je viens vous avertir, Monfieur, que le tems preffe, Elle part à l'inftant.

MONRO S.E.

O Ciel il faut... j'y cours.

EN

SCENE XI.

ARAMONT, CLORINE.

ARAMONT.

N vous remerciant de tous vos beaux difcours.
CLORINE

En êtes-vous content? Pour moi, j'en fuis ravie :
Je vous devois cela, pour m'avoir bien fervie.
Vous êtes bon ami.

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La reffource eft commode. Ruiner une femme, eft fi fort à la mode, Que ce n'eft prefque plus la peine d'en parler : On ne voit autre chofe; & c'eft un pis aller Permis & toujours sûr. On ne s'en fait

ARAMONT.

pas

faute.

Vous vous formez de nous une idée affez haute.

CLORIN E.

Vous n'aviez pas deffein de m'en faire changer;
Notre fexe, vous dis-je, eft un peuple étranger,
Un Ennemi fur qui tout eft de bonne prife:
Ee font là des exploits que l'amour autorife.

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