A MADAME *** 2
sur un portrait donné deux fois.
Vous me l'aviez repris; mon cœur vous le pardonne; Je sais que les amans se rendent leurs portraits. Les amis, bien plus sûrs, les gardent à jamais : L'Amour prête, l'Amitié donne.
QUEL est, ô dieux ! le pouvoir d'une amante! Quand je voyais Pâris, Achille, Hector, La Grèce en deuil et Pergame fumante: Quels fous disais-je. Homère qui les chante. Est plus fou qu'eux. Je n'aimais point encor. J'aime, et je sens qu'une beauté trop chère De ces fureurs peut verser le poison:
J'approuve tout; rien n'est beau comme Homère: Atride est juste, et Pâris a raison.
sur des fleurs que cultivait le grand Condé.
EN voyant ces œillets qu'un illustre guerrier Arrosa d'une main qui gagna des batailles, Souviens-toi qu'Apollon a bâti des murailles, Et ne t'étonne pas que Mars soit jardinier. Mlle DE SCUDERI.
Vous juriez autrefois que cette onde rebelle Se ferait vers sa source une route nouvelle, Plutôt qu'on ne verrait votre cœur dégagé. Voyez couler les flots dans cette vaste plaine; C'est le même penchant qui toujours les entraîne: Leur cours ne change point, et vous avez changé. QUINUALT.
J'ALLAIS chanter l'horreur et le fracas des armes; L'Amour m'a commandé de célébrer vos charmes. Iris, si ce dieu quelque jour D'un tel soin demande salaire,
Du moins, quand vous paierez l'Amour, N'oubliez pas son secrétaire.
lors de son départ pour Rome.
ALLEZ au Capitole, allez; rapportez-nous Les myrtes de Pétrarque et les lauriers du Tasse. Si tous deux revivaient ils chanteraient pour vous; Et, voyant vos beaux yeux et votre poésie,
Tous deux mourraient à vos genoux
Ou d'amour ou de jalousie.
gravés sur le collier d'un chien de dame.
Je ne puis offrir de largesse
A celui qui me trouvera:
Qu'il me rapporte à ma maîtresse; Pour récompense il la verra.
Il n'en est plus, Thémire, de ces cœurs Tendres, constans, incapables de feindre, Qui d'une ingrate épuisaient les rigueurs, Vivaient contens et mouraient sans se plaindre: Les traits d'Amour étaient alors à craindre; Mais aujourd'hui les feux les plus constans Sont ceux qu'un jour voit naître et voit éteindre. Hélas! pourquoi suis-je encor du vieux tems? FERRAND.
JEUNE Iris, dans notre querelle
Je n'examine point qui de nous deux a tord; De tout ce qui vous plaît je demeure d'accord; Et vous avez raison, puisque vous êtes belle.
A MADAME C***.
CERTAIN fripon, sûr de gagner au jeu, N'a pas long-tems m'avait fait la gageure Qu'en prose ou vers de l'amour la plus pure Point n'oserais te faire un doux aveu. Il a gagné; car sitôt que m'apprête A te parler, timidité m'arrête. Il a gagné ! S'il gageait aujourd'hui Qu'amour pour toi ne brûle pas mon ame, Ou que le tems en éteindra la flamme, Bien serais sûr d'être quitte avec lui.
en se promenant avec elle sur le bord de la mer qui était retirée, et où il gravait ses chiffres.
CELUI qui grava sur le sable
Les chiffres dont tu vois les traits, Brûla dessus ces bords d'une ardeur véritable
Pour l'objet le plus aimable
Que nature fit jamais.
O mer qui donnas la naissance
Jadis à la mère d'Amour,
En faveur de son fils respecte à ton retour
Ce monument de sa puissance.
PROJET flatteur de séduire une belle, Soins concertés de lui faire la cour, Tendres écrits, serment d'être fidelle, Airs empruntés, vous n'êtes point l'amour : Mais se donner sans espoir de retour, Par son désordre annoncer que l'on aime, Respect timide avec ardeur extrême, Persévérance au comble du malheur, Dans sa Philis n'aimer que Philis même, Voilà l'amour; mais il n'est qu'en mon cœur.
Tous les matins vous êtes mon Aurore; Le soleil ne me luit que lorsque je vous vois; Vous êtes au printems ma véritable Flore; Celle de nos jardins près de nous perd ses droits; Pour conduire mes pas dans le chemin du sage Vous êtes ma Minerve, et je suis bien guidé; Vous êtes mon Iris dans le tems de l'orage; Souvent dans un repas vous êtes mon Hébé. Si vous aviez l'ame assez bonne
Pour être ma Vénus sous un ombrage frais, Je serais content, et j'aurais
Tout l'Olympe en votre personne.
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