PLACÉE SUR LE BUSTE D'UN AMANT APRÈS SA MORT Je fus en mon vivant fort aimé d'Uranie; Mais comme en ce bas monde on n'aime pas toujours, Crainte de voir finir de si tendres amours, J'ai voulu sortir de la vie. Apprenez, bienheureux amans, Qu'il n'est point d'amour éternelle! Quand on ne veut point voir sa maîtresse infidelle, Il ne faut pas vivre long-tems. Du cercueil où repose Héloïse fidelle Que ce monument vous rappelle O vous, tristes amans, dont la mélancolie Plaignez, plaignez les maux que nous cause l'amour, DUAULT. FIN DES INSCRIPTIONS. La pensée en vers n'est qu'une moralité courte et précise. Les vers qui commen- A vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Celui qui met un frein à la fureur des flots La sentence, d'ailleurs, fait partie d'un ou- * vrage, tel qu'un poème ou une tragédie. On en a souvent reproché l'abus aux auteurs dramatiques. La pensée est ordinairement détachée: paraissant seule, sans être entourée de rien qui la prépare ou l'appuie, elle doit être écrite avec beaucoup de pureté et d'élégance, et présenter, en peu de vers, une idée juste et frappante. Nous citerons pour exemple celle de madame Deshoulières sur le jeu: CETTE ardeur de jouer, qui nuit et jour occupe, Souvent, quoique le cœur, quoique l'esprit soit bon, La pensée renferme quelquefois un sentiment, mais le plus souvent une vérité morale ou philosophique; ce qui n'est pas synonyme, ajouteront quelques-uns de nos lecteurs. |