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SUPERBES

UPERBES monumens de l'orgueil des humains, Pyramides, tombeaux, dont la vaste structure A témoigné que l'art, par l'adresse des mains Et l'assidu travail, peut vaincre la nature;

Vieux palais ruinés, chefs-d'œuvres des Romains,
Et les derniers efforts de leur architecture,
Colysée où souvent ces peuples inhumains
De s'entr'assassiner se donnaient tablature,

Par l'injure des tems vous êtes abolis,

Ou du moins la plupart vous êtes démolis.

Il n'est point de ciment que le tems ne dissoude.

Si vos marbres si durs ont senti son pouvoir,

Dois-je trouver mauvais qu'un méchant pourpoint noir, Qui m'a duré deux ans,

soit percé par le coude?

SCARON.

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L'AVORTON.

Toi qui meurs avant que de naître, Assemblage confus de l'être et du néant, Triste avorton, informe enfant, Rebut du néant et de l'être;

Toi que l'amour fit par un crime, (1)
Et que l'honneur défait par un crime à son tour,
Funeste ouvrage de l'amour,

De l'honneur funeste victime,

Laisse-moi calmer mon ennui;

Et, du fond du néant où tu rentre (2) aujourd'hui, N'entretiens point l'horreur dont ma faute est punie.

Deux tyrans opposés ont décidé ton sort:

L'amour, malgré l'honneur, te fit donner la vie; L'honneur, malgré l'Amour, te fait donner la mort.

HENAULT.

(1) ÊTRE et CRIME, deux rimes féminines de suite.

(2) Il faudrait RENTRE avec un s: cette omission n'est pas seulement une licence, c'est une faute.

UN

SUR PARIS.

Namas confus de maisons,
Des crottes dans toutes les rues,

Ponts, églises, palais, prisons,
Boutiques, bien ou mal pourvues;

Force gens noirs, blancs, roux, grisons, Des prudes, des filles perdues,

Des meurtres et des trahisons,

Des gens de plume aux mains crochues;

Maint poudré qui n'a point d'argent,
Maint homme qui craint le sergent,
Maint fanfaron qui toujours tremble;

Pages, laquais, voleurs de nuit,
Carrosses, chevaux et grand bruit,
C'est là Paris. Que vous en semble?

SCARON.

LES DOUCEURS DE LA VIE PRIVÉE.

S'ÉLÈVE qui voudra, par force ou par adresse, Jusqu'au sommet glissant des grandeurs de la cour; Moi je veux, sans quitter mon aimable séjour, Loin du monde et du bruit rechercher la sagesse.

Là, sans crainte des grands, sans faste et sans tristesse,
Mes yeux après la nuit verront naître le jour;
Je verrai les saisons se suivre tour à tour;
Et dans un doux repos j'attendrai la vieillesse.

Ainsi, lorsque la mort viendra rompre le cours
Des bienheureux momens qui composent mes jours,
Je mourrai chargé d'ans, inconnu, solitaire.

Qu'un homme est misérable à l'heure du trépas
Lorsqu'ayant négligé le seul point nécessaire,
Il meurt connu de tous, et ne se connaît pas !
HENAULT.

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APOLLON ET DAPHNÉ.

Je suis (criait jadis Apollon à Daphné, Lorsque, tout hors d'haleine, il courait après elle, Et lui contait pourtant la longue kyrielle

Des rares qualités dont il était orné)

« Je suis le dieu des vers, je suis bel esprit né...;» Mais les vers n'étaient point le charme de la belle. « Je sais jouer du luth. Arrêtez.....» Bagatelle; Le luth ne pouvait rien sur ce cœur obstiné.

« Je connais la vertu de la moindre racine;
<< Je suis par mon savoir dieu de la médecine. »
Daphné fuyait encor plus vîte que jamais.

Mais s'il eût dit : « Voyez quelle est votre conquête! << Je suis un jeune dieu, toujours beau, toujours frais » Daphné, sur ma parole, aurait tourné la tête.

FONTENELLE.

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