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DE M. CHARPENTIER,

doyen de l'Académie française.

Pour être aimé (*) il faut qu'on soit aimable,
De corps gentil, et d'esprit agréable,
S'il est possible en la fleur de ses ans:
Jeunesse duct aux doux ébattemens,
Qui de l'amour font un jeu détestable.
Vieillesse, hélas ! maladie incurable,
Rend un amant aux nymphes méprisable,
Quand à leurs yeux il s'offre en cheveux blancs
Pour être aimé.

Moi qui me sens de ce crime coupable,
Des beaux esprits doyen peu mariable,
Cessez, Iris, de rire à mes dépens:
Quand me parlez de boire j'y consens,
Mais plus ne suis en âge convenable

Pour être aimé.

(*) Il y a un hiatus dans ce vers : il se trouve dans toutes

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RÉPONSE A M. CHARPENTIER.

Au dieu charmant vous pouvez bien encore
Offrir encens; point il ne déshonore

Gens comme vous, toujours sûrs d'un retour.
Oui, vous pouvez inspirer de l'amour;
Je le sens bien au feu qui me colore.
Sur votre teint on voit toujours éclore
Ces belles fleurs dont se pare l'Aurore,
Quand elle vient annoncer un beau jour

Au dieu charmant.

Les dieux sur vous, ainsi que sur Pandore,
Ont répandu chacun ce qui décore

Les favoris du céleste séjour.

Ne craignez point; aimez sans nul détour,
Et livrez-vous, comme l'amant de Laure,

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CONTRE UN MAUVAIS AUTEUR.

Au bas du céleste vallon

Où règne le docte Apollon,
Certain rimailleur de village
Fait le procès au badinage
D'un des successeurs de Villon.
Fait-il bien ou mal? C'est selon:
Mais ses vers, dignes du Billon,
Sont pires qu'un vin de lignage
Au bas.

Si l'on connaissait ce brouillon,
On pourrait lui mettre un bâillon,
Et corriger son bredouillage;

Mais pour un sot il est fort sage

De n'avoir

pas écrit son nom
Au bas.

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A IRIS.

CONTRE l'Amour voulez-vous vous défendre?
Empêchez-vous et de voir et d'entendre
Gens dont le cœur s'explique avec esprit.
Il en est peu de ce genre maudit,

Mais trop encor pour mettre un cœur en cendre.
Quand une fois il leur plaît de nous rendre
D'amoureux soins, qu'ils prennent un air tendre,
On lit en vain tout ce qu'Ovide écrit

Contre l'Amour.

De la raison il ne faut rien attendre;
Trop de malheurs n'ont su que trop apprendre
Qu'elle n'est rien dès que le cœur agit.
La seule fuite, Iris, nous garantit:
C'est le parti le plus utile à prendre

Contre l'Amour.

Mme DESHOULIÈRES.

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LA RAISON EN DÉFAUT.

TAISEZ-VOUS, tendrés mouvemens;
Laissez-moi pour quelques momens:
Tout mon cœur ne saurait suffire
Aux transports que l'amour m'inspire
Pour le plus parfait des amans.
A quoi servent ces sentimens?
Dans mes plus doux emportemens
Ma raison vient toujours me dire:
Taisez-vous.

La cruelle, depuis deux ans...
Mais, hélas! quels redoublemens
Sens-je à mon amoureux martyre?
Mon berger paraît; il soupire:
Le voici; vains raisonnemens,

Taisez-vous.

Mme DESHOulières.

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