SUR UN AUTEUR INÉPUISable.

IL veut nous empêcher de rire à ses dépens,
Et d'un livre nouveau chaque jour il accouche.
Hélas! qu'arrive-t-il? Il fait bâiller les gens.
Plaisant moyen, vraiment, de leur fermer la bouche!

Si vous prêtez un livre à la prude Célie,

Où des traits dangereux puissent nuire au lecteur,
Avec grand soin elle vous prie

De marquer les endroits qui blessent la pudeur.
Sa vertu, dites-vous, mérite qu'on l'admire.
Non, je sais le dessein qu'elle a :
Ce n'est point pour ne pas les lire;
C'est pour ne lire que ceux-là.

Mais puisque morte elle ressemble,
Monsieur, si pitié vous remord,
Ne les faites coucher ensemble,
De
peur qu'ils n'engendrent le mort.

Lebrun.

MAROT.

SUR L'AUTEUR D'UNE SATIRE,

à laquelle on me conseillait de répondre.

On dit que c'est un pauvre sire;
Mais je n'ose le répéter:

Pour s'en convaincre il faut le lire,

Et j'aime encor mieux en douter.

DAMON, qui, s'occupant de plaire,
N'a lu ni français, ni latin,
Est nommé bibliothécaire
Par le prince, son souverain.
Il court aussitôt en instruire

Un parent, homme d'un grand nom,

Qui lui dit : Belle occasion,

Mon cousin, pour apprendre à lire!

DE SAINT-MARC.

VEUT-ON savoir pourquoi, dans ses premiers écrits,
Philon charmait tous les esprits,

Et que depuis trois ans il ne fait plus de livre
Qui ne nous excite à bâiller?

C'est que jadis Philon vivait pour travailler,
Et que depuis trois ans il travaille pour

vivre.

COQUARD.

DIALOGUE.

ENTRE ses bras comme il me serre!
Arrêtez, C***; c'est trop fort.

-C'est que je t'aime comme un frère.

-Comme un frère!..... Ah! Dieu, je suis mort!

3000€

UN de ces médecins qui font tant de visites,
Au malade gisant disait toujours : Tant mieux.
Et le malade, fait à ce style ennuyeux,

Disait : Mes héritiers pensent comme vous dites.
BENSERADE.

3000€

DANS l'univers chaque chose a son tems:
Vous devriez chercher la solitude;

Car vous savez, Iris, qu'à cinquante ans
L'amour n'est plus qu'un péché d'habitude.

De poursuivre Damon la fortune se lasse:
Un emploi lucratif se présente; il l'obtien.
S'il ne remplit pas bien sa place,

Sa place le remplira bien.

Tome III.

M***.

6

A UN PIED-PLAT

qui faisait courir de faux bruits contre moi.

VIL imposteur! je vois ce qui te flatte:
Tu crois peut-être aigrir mon Apollon
Par tes discours; et, nouvel Erostrate,
A prix d'honneur tu veux te faire un nom.
Dans ce dessein tu sèmes, ce dit-on,
D'un faux récit la maligne imposture;
Mais dans mes vers, malgré ta conjecture,
Jamais ton nom ne sera proféré,

Et j'aime mieux endurer une injure
Que d'illustrer un faquin ignoré.

TON ouvrage se vend, nous dis-tu, chez Brocas:
Il s'y trouve, d'accord; mais il ne s'y vend pas.

GRACE aux soins d'un voleur sous son toit parvenu, Son or s'en est allé comme il était venu.

M000 €

A UN MAUVAIS DÉBITEUR.

Vous rendez fort soigneusement
Une visite, un compliment,
Une grâce qu'on vous a faite :
Vous rendez tout, maître Clément ..
Excepté l'argent qu'on vous prête.

Oui, lecteur, tout est pardonné,
Quoiqu'il m'ait fait mainte morsure.
Serait-il mort? Sa mort est sûre;

Je le tiens pour empoisonné.
Déjà l'église le harangue,

Le cabaret se fait payer,
Paris commence à s'égayer;

Le méchant s'est mordu la langue.

000€

Je vous proteste sur mon ame,
Disait Eglé, que je hais les procès.
Je le crois bien, répond Damis; madame
Accorde tout sans disputer jamais.