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mécontens de voir les Impériaux enlever leur principale artillerie, & outrés des traitemens qu'ils effuyoient pour le troifieme payement, se révoltent, & fécondés par les habitans de la campagne, font main-baffe fur les Autrichiens, & recouvrent leur liberté.

Legros de l'armée impériale qui poursuivoit les François, & les Espagnols, avoit paffé le Var au mois de Novembre, & étoit entré en Provence. Les partis autrichiens défoloient le Dauphiné; prefque toute la Provence étoit en proie à l'armée victorieufe; Vence & Graffe furent abandonnés au pillage. Le marquis de Mirepoix, trop foible pour attaquer les Impériaux, prit le parti de les harceler, & d'arrêter leur marche en attendant le maréchal de Belle-Ifle qui voloit à fon fecours. C'étoit à lui à réparer les maux d'une guerre univerfelle que lui feul avoit allumée. Il arriva en Provence fans argent & fans armée; il emprunta en fon nom cinquante mille écus pour fubvenir aux befoins les plus preffans. Il reçut quelques bataillons avec lefquels il arrêta les Autrichiens qui furent obligés au commencement de Janvier (1747) d'abandonner les

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poftes qu'ils avoient pris, faute de pouvoir y subsister: l'armée du maréchal les poursuivit & les pouffa hors des terres de France.

Les François rentrerent encore en Italie, Louis XV envoya quinze mille hommes aux Génois & le duc de Boufflers qui arriva à Gênes fur une fimple barque, malgré les escadres angloifes qui veilloient fur la côte. Ce fecours arrivoit à propos, Schullembourg après avoir forcé le paffage de la Bocchetta, avoit ravagé le territoire de Gênes & bloquoit la ville. Le duc de Boufflers repouffa les Impériaux, & les obligea d'abandonner la côte de la Rivarola.

Le maréchal de Belle-Ifle marchoit auffi au fecours de Gênes ; fon armée divifée en cinq colonnes, passa le Var au mois de Juin, s'empara de Montalban, de Villefranche, du château de Vintimille. Les Piémontois réunis aux Autrichiens, laiffoient prendre leur pays & continuoient à preffer Gênes; enfin, le roi de Sardaigne abandonna ce fiége pour défendre fes provinces. Les Autrichiens, trop foibles pour le continuer feuls, l'abandonnerent auffi, & la flotte qui bloquoit le port,

-prit le parti de se retirer. Le duc de Boufflers étoit mort avant la délivrance de Gênes, ce fut le duc de Richelieu qui y mit la derniere main, & qui, fuivant le plan de fon prédéceffeur, envoya des détachemens qui enleverent tous les poftes qui tenoient pour les Impé

riaux.

Le chevalier de Belle-Ifle, réfolu de pénétrer en Italie, marchoit du côté de Nice qu'il vouloit prendre d'affaut. Etant parvenu au col de l'Affiette, fur le chemin d'Exiles, il trouva vingt-un bataillons Piémontois qui l'at tendoient derriere des retranchemens profonds, paliffadés & garnis d'artillerie. C'étoit précifément ce qu'il falloit pour irriter le courage d'un homme tel que le comte de Belle Ifle. Il n'avoit que vingt-huit bataillons & fept pièces de campagne ; il ne prit pas même le tems de délibérer. Le 29 juin, les bataillons françois, à travers un feu plongeant de mousqueterie & de canon, & une grêle de groffes pierres lancées du haut des retranchemens, montent aux Piémontois, arrivent aux paliffades, & font repouffés avec une perte très-confidérable; cependant les troupes graviffent de nouveau

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& dans un moment, le devant des retranchemens eft couvert de morts. Le carnage continue pendant deux heures entieres, & les François retournent à la charge avec la même ardeur. Le marquis de Brienne; colonel d'Artois, ayant eu un bras emporté, retourne aux retranchemens, en difant: Il m'en reste un autre pour le fervice du roi: il fut frappé à mort en achevant ces paroles.

Le chevalier de Belle-Ifle, frémiffant du peu de fuccès des attaques, s'élance lui-même aux paliffades, affomme tout ce qui se préfente avec celles qu'il arrache, reçoit plufieurs coups de bayonnette qui l'empêchent de fe fervir de fes mains, il arrache avec les dents les paliffades qui l'arrêtent, & tombe percéde vingt blessures, à côté de quatre mille autres morts & de deux mille bleffés. La valeur qui n'a point de bornes, ceffe d'être vraie valeur, ce n'eft plus qu'une aveugle témérité, qualité daugereufe dans un général. Les bleffés furent menés à Briançon où l'on ne s'étoit pas attendu au défastre de cette journée. M. d'Audifret, lieutenant de roi, vendit sa vaiffelle d'argent pour fecourir les malades; fa femme,

prête d'accoucher, prit elle-même le foin des hôpitaux, panfa de fes mains les bleffés, & mourut en s'acquittant de ce pieux office; exemple auffi trifte que noble, dit M. de Voltaire, & qui mérite d'être confacré dans l'hiftoire.

Les François, toujours victorieux en Flandres, alloient pouffer leurs conquêtes & atta¬ quer la Hollande. La prife des forts de l'Eclufe, de ceux de la Perle, du fas de Gand, & du fort Philippine, effrayerent ces républi cains; ils créerent un ftathouder. Ce fut le prince de Nassau qu'ils déclarerent amiral & capitaine général des troupes de terre. Leurs mouvemens n'empêcherent point la marche du maréchal de Saxe. Sous les yeux de l'armée des alliés, il prit Hulft & Axel, & le 2 Juillet il gagna la fameuse bataille de Laufeldt qui coûta bien du fang aux vainqueurs & aux vaincus. Neuf jours après, le comte de Lowendal entreprit le fiége de Berg-op-Zoom qu'il prit d'affaut, après foixante-cinq jours de tranchée ouverte, au moment où les affiégés regardoient encore cette entreprise comme une témérité.

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