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les efforts que l'on fit, plufieurs ouvriers d'artillerie périrent dans le feu. C'est par de pa reilles actions que l'empereur fe rendoit cher aux Allemands, & méritoit le beau nom de pere de la patrie ( a ).

(a) L'empereur Jofeph II, digne fucceffeur de François I fon pere, vient de donner une nouvelle preuve de cette douce fenfibilité qui le rend fi cher à fes peuples. Cette belle action mérite bien d'être mise à côté du trait que nous venons de raconter de fon augufte pere. Dans le mois d'août (1774), deux ouvriers, en creufant un puits dans un des fauxbourgs de Vienne, furent couverts par l'écroulement des terres à environ fix toifes de profondeur. L'empereur informé de cet accident, fe transporte auffi tôt fur les lieux‚' donne des ordres pour qu'on travaille fans relâche à la délivrance de ces malheureux, s'arrête une heure entiere en cet endroit, encourageant les travailleurs par l'espoir d'une récompenfe, & confolant par fes lar geffes & par des expreffions pleines de bonté, les femmes défolées des deux manœuvres. Inquiet fur le fort de ces deux infortunés, l'empereur revient plufieurs fois exciter par fa préfence & par fes bienfaits, le zèle & l'activité des ouvriers. Il ordonne même qu'à quelle heure que ce fût, on vînt l'avertir lorfque ces deux hommes feroient déterrés. Après deux jours & deux nuits de travail, & à force de peines & de précautions,

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Tandis que l'Allemagne jouiffoit ainfi des douceurs de la paix, & que les états héréditaires de l'impératrice-reine goûtoient le bonheur de vivre fous fes lois, un nouveau bruit de guerre fe fait entendre & commence à allarmer les peuples. Depuis la paix d'Aix-laChapelle, fous l'apparence d'un calme profond, prefque toutes les cours de l'Europe avoient été dans une agitation continuelle. Les unes s'étoient disposées à attaquer, les autres à fe défendre. L'impératrice reine, inftruite par le paffé de ce qu'elle pouvoit avoir à craindre pour l'avenir, avoit profité des années de paix pour mettre la Bohême en état de défense. Voyant les armées d'un voifin entreprenant, cantonnées fur fes frontieres, & prêtes à fe raffembler au premier coup de tambour, elle n'avoit point licencié les fiennes, & s'étoit occupée à les tenir en haleine jufqu'au moment où elle en auroit befoin. Enfin la bombe éclata; la premiere étin

l'on parvint à les retirer. L'un d'eux n'avoit point été bleffé, l'autre l'avoit été légerement, mais il se trouva au fortir de terre dans un état d'étourdiffement, qui le privoit de l'ulage de la raison. L'empereur donna des ordres pour qu'on en prît le plus grand foin.

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celle de la guerre de 1741, s'étoit allumée en Allemagne, & avoit paffé les mers. Celle-ci allumée au-delà des mers, embrâfa bientôt toute l'Allemagne. Au mois de Juin, en pleine paix, les Anglois prirent des vaiffeaux françois. Louis XV par amour de la paix, tenta toutes les voies de la négociation; mais elles furent inutiles. L'Angleterre avoit réfolu de ruiner la marine françoife, & de s'emparer des colonies de cette nation; la guerre fut réfolue. Ce qui y fervit de prétexte, n'auroit pas fait entre deux particuliers le fujet d'un procès difficile à accommoder; un arbitre auroit écouté les raisons des deux contendans, auroit fixé les limites qui faifoient le sujet de la difpute, & elle eût été ainfi terminée. Les minif tres qui avoient rédigé le traité d'Utrecht, n'avoient pas déterminé les limites de l'Acadie, les Anglois formerent de nouvelles prétentions fur cette partie, & fans avoir fait aucune déclaration de guerre, ils s'emparerent des vaiffeaux françois.

Toutes les négociations étant inutiles, il fallut fe défendre. Le maréchal de Richelieu fut envoyé pour s'emparer de l'île Minorque

qui avoit été cédée aux Anglois par le traité d'Utrecht. Le fuccès fut complet. L'efcadre 1756. du comté de la Galiffonniere, qui avoit débarqué les troupes, battit le 20 avril 1756, la flotte de l'amiral Byng, huit jours après, Port-Mahon fut pris, & les François fe trou

verent maîtres de l'île entiere. Il en coûta la vie à l'amiral Anglois, que fes compatriotes facrifierent aux préjugés violens de la nation, qui ne pouvoit s'imaginer que, fans trahison, une flotte angloise eût pu être battue par une flotte françoise.

Le roi d'Angleterre, qui craignoit de voir les armées de France tomber fur fon électorat d'Hanovre, fit avec le roi de Pruffe une alliance défenfive par laquelle le monarque Pruffien s'engageoit à empêcher les troupes étrangeres d'entrer dans l'Empire. Ce traité donna lieu à un autre dont la maifon d'Autriche & la France ont tout lieu de s'applaudir aujourd'hui ; il fut conclu entre l'impératrice-reine & Louis XV. Marie-Thérèfe s'engageoit à ne se mêler ni directement ni indirectement de la querelle de l'Amérique; & au cas que les états d'une des deux puiffances fuffent attaqués, l'autre

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promettoit de lui fournir un fecours de vingtquatre mille hommes.

On dut ce traité, qui dans le tems étonna toute l'Europe, au cardinal de Bernis. Cet habile négociateur, dont la main fçut rapprocher les auguftes maifons de Bourbon & d'Autriche, dont les divifions, depuis trois fiécles, avoient inondé l'Europe de fang, mérite le tribut de notre reconnoiffance. Ce projet étoit d'autant plus hardi, qu'il heurtoit les anciens préjugés fondés fur les principes de la politique du cardinal de Richelieu. Le cardinal de Bernis fut peut-être le premier François qui vit que la gloire des deux maisons étoit indépendante l'une de l'autre. Cette premiere idée le conduifit à celle de les rendre amies par un traité folennel. Cette alliance fi mémorable a eu des fuites qui rendront la France heureuse, puifqu'elle a donné pour reine à cette partie de l'Europe l'augufte archiducheffe MARIE ANTOINETTE, la vivante image d'une mere dont on ne prononcera jamais le nom, fans avoir l'idée de la plus refpectable & de la plus grande des fouveraines.

L'alliance de la maifon d'Autriche & de

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