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1757.

jufqu'auprès de l'armée hanovrienne qué le duc de Cumberland commandoit au-delà du Wefer.

Vers le milieu d'avril, le maréchal d'Eftrées arriva à Wefel & prit le commandement de l'armée. Ce général, digne élève du comte de Saxe, & l'un des officiers en qui le héros de la France avoit eu le plus de confiance, avoit étudié fous un fi grand maître, l'art difficile des campemens & de la conduite d'une armée. Après deux mois de marches favantes & de manœuvres habiles, il mit le duc de Cumberland dans la néceffité d'accepter la bataille. Ce prince voyant qu'elle étoit inévitable, eut recours à tout ce que l'art de la guerre a pu inventer pour affurer le gain d'une bataille. Il couvrit le front de fon armée d'un marais impraticable, appuya fa droite vers Hamelen, & fa gauche à des montagnes très-hautes, couvertes de bois épais, & défendues par des ravins de vingt pieds de profondeur garnis de batteries de canon.

Le maréchal d'Eftrées ayant reconnu cette pofition, fit fon plan d'attaque. On ne pouvoit marcher aux ennemis que par leur gauche

& en les tournant par les montagnes. Quatre brigades d'infanterie partirent à minuit pour fe trouver le matin à portée de combattre. Il falloit pour conduire ces troupes, des officiers très-intelligens & d'une valeur à toute épreuve; meffieurs de Chevert & d'Armentieres furent choifis. Tout fut ponctuellement exécuté, à quatre heures du matin les troupes furent en état de donner.

A fix heures, le canon des Hanovriens commença à tirer, l'artillerie françoise y répondit, & à huit heures, les batteries des ennemis étoient fort endommagées; alors la grande attaque commença. Chevert, fur le point de donner, entend un de fes domeftiques qui le prie de prendre une cuiraffe: Ces braves en ont-ils ? répond Chevert en montrant fes grenadiers. Ce mot qui vaut la plus belle harangue, eft le fignal du combat. M. d'Armentieres & l'intrépide Chevert s'élancent dans le bois, tombent fur les Hanovriens, & après un combat opiniâtre, & la plus vigoureuse défense, la montagne eft nettoyée. Les deux corps d'armée fe battoient avec un acharnement épouvantable; enfin, le duc de Cumber

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land voyant tous fes retranchemens occupés par les François, & par les Autrichiens qui combattoient fous les ordres du baron de Dombafle, & ayant déjà perdu trois mille hommes, se retira aux gorges qui conduisent à Hanovre. Un accident qui arriva au moment où les Hanovriens fuyoient, empêcha qu'on ne les poursuivît auffi vivement qu'on l'auroit pu. Quelques bataillons qui fuivoient l'ennemi à travers le bois, ayant rencontré la troupe de Chevert, la prirent pour un corps d'ennemis & firent feu; celle-ci y répondit, & dans un moment, il y eut quinze cents hommes bleffés & victimes d'une méprise qui flétrit la joie que devoit caufer la nouvelle d'une victoire qui n'avoit pas coûté fix cents hommes. La reddition d'Hanovre fut le fruit de cette grande journée. Le maréchal d'Eftrées eut la fatisfaction d'en recevoir les clés avant que le maréchal de Richelieu, plus ancien que lui dans le grade de général, vînt prendre le commandement de l'armée victorieufe, pour achever l'ouvrage qui avoit été fi bien ébauché. M. de Richelieu trouva l'électorat d'Hanovre tout ouvert, & le duc de Cumberland, déjà pouffé

jufqu'à Stade, n'avoit plus de reffource; il falloit qu'il fe déterminât à combattre contre des troupes déjà victorieufes, ou à mettre bas les armes. Ce fecond parti lui parut le plus fûr.

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Il étoit bien naturel d'agir en cette occafion comme le roi de Pruffe l'avoit fait à l'égard des Saxons enfermés dans le camp de Pirna mais au lieu de faire ces troupes prifonnieres de guerre, le dix septembre les deux généraux drefferent au camp de Clofter-Seven un traité de neutralité de la part des Hanovriens. Cette convention portoit que le duc de Cumberland renverroit les troupes auxiliaires de Heffe, de Brunswick, de SaxeGotha & du comte de la Lippe qui fervoient dans fon armée; que ces différens corps retourneroient dans leur pays avec des paffeports du maréchal de Richelieu; qu'on délivreroit de pareils paffeports aux troupes angloifes pour paffer l'Elbe; que celles qui demeureroient à Stade ne pourroient être augmentées; qu'elles ne pourroient paffer les limites qui feroient réglées & marquées par des poteaux de distance en distance, & qu'en attendant la conciliation définitive des deux

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puiffances, les François demeureroient en poffeffion des duchés de Brémen & de Verden, conquis par la force des armes. On ne pouvoit gueres s'attendre à voir un pareil trai té suivi bien exactement dans tous les points; auffi les entremis ne tarderent-ils pas à manquer à leur parole, & l'on eut tout lieu de fe repentir de n'avoir pas pris de meilleures pré

cautions.

Le roi de Pruffe embarrassé par les fuites de la capitulation de Clofter-Seven, l'eût été bien davantage, fi le maréchal de Richelieu le prenant pour modele, eut fait prifonniere de guerre l'armée Hanovrienne, au lieu de la munir de fes paffeports. Ce prince fe trouvoit dans une fituation fort critique: le prince de Saxe-Hildbourghaufen & le prince de Soubife marchoient vers le duché de Magdebourg; les Suédois & les Ruffes entroient dans la haute Siléfie, & les Autrichiens fe préparoient à entrer dans la baffe, tandis qu'un détachement confidérable alloit mettre Berlin à contribution. Tant d'ennemis à combattre n'effrayerent point Frédéric ; il prit la réfolution de les attaquer en détail & de triompher fucceffivement

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