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plier l'ennemi. Ce fut à la tête de cette brave cavalerie, que le comte de Maillid'Aucourt, renverfé d'un coup de fabre, fut fait prifonnier. Tant d'efforts & d'actions héroïques furent inutiles. Une feconde ligne de cavalerie pruffienne, qui n'avoit pas encore combattu, fe préfente & recueille les débris de la premiere. Alors tout marche à la fois; on enveloppe la cavalerie de l'Empire & celle des François qui ne céderent enfin que lorfqu'il ne fut plus poffible de demeurer fur le champ de bataille.

queurs ;

La déroute de la cavalerie entraîna celle de l'infanterie qui avoit été pendant toute l'action exposée au feu des batteries, & qui étoit alors attaquée en flanc par les efcadrons des vainil fallut néceffairement fe retirer. Le marquis de Crillon qui eut un cheval tué fous lui, le duc de Coffé qui fut bleffé & pris, le che valier de Nicolaï, combattirent encore pendant une heure à la tête de quelques bataillons. Le comte de Saint-Germain, dont la réferve n'avoit point donné, fe chargea de protéger la retraite, & fut bien fecondé par le régiment d'Apchon dragons, & par celui du

comte de Rougrave, lieutenant - général; ce
dernier fur-tout s'eft immortalifé à Rosbach.
La gendarmerie pruffienne & deux régimens
de dragons s'étant préfentés pour l'enlever, cet
intrépide officier, fans redouter la fupériorité
du nombre, donne fur les ennemis l'épée à la
main, & fait plier les trois corps qui l'avoient
attaqué; trois fois ils renouvellerent leur atta-
que avec auffi peu de fuccès, le comte de
Rougrave se défendit avec la même intrépidité,
jufqu'à ce qu'ayant donné le temps à quelques
corps d'infanterie de paffer le pont qu'il venoit
de garder, il fe retira lui-même en combat-
tant toujours. Cet excellent citoyen, trop peu
célébré par les hiftoriens de fa nation, conti-
nua avec les dragons d'Apchon & de Fitzja-
mes, à fe
porter par-tout où fa présence pou-
voit être néceffaire pour favorifer la retraite
& la jonction des troupes en déroute, pen-
dant que le marquis de Crillon d'un autre
côté faifoit la même manœuvre ; ils ne mirent
pied à terre qu'à trois heures après minuit.

Deux régimens Suiffes étoient demeurés fur le champ de bataille, & continuoient à braver feuls tout l'effort de la cavalerie Pruffienne

1757.

1757.

& le feu des batteries; les colonels de Dief-
bach & de Waldner ne pouvoient se réfoudre
à fuir. Le prince de Soubise, à travers les plus
grands dangers, retourne fur le champ de
bataille, pour obliger les deux régimens à se
retirer. Ce fut en ce moment que ce général,
paffant devant un chemin creux, fut couché
en joue par fix grenadiers Pruffiens. Le roi de
Pruffe qui heureusement étoit à côté d'eux, fit
baiffer les fufils. Cette journée fi malheureuse
pour les alliés, & fi intéreffante pour le roi
de Pruffe, coûta beaucoup de monde aux
vaincus; on y perdit malheureusement un
grand nombre d'officiers qui fe facrifierent
pour raffurer les troupes ébranlées. Les Fran-
çois regretterent fur-tout le comte de Revel
de la maison de Broglie, fi féconde en héros. -
Nous nous abftenons de faire aucune réflexion
fur cette fameufe bataille, dont on a fait dans
temps
des récits bien différens les uns des
autres. On dit que le roi de Pruffe, ayant
donné un affez mauvais fouper aux officiers
qui avoient été faits prifonniers, s'excufa de la
mauvaise chere qu'il leur faifoit faire, fur ce
qu'il ne s'attendoit pas ce jour-là à recevoir

le

fi nombreuse compagnie ; il loua d'ailleurs leur bravoure & leur dit des chofes obligeantes.

Immédiatement après cette victoire, le roi de Pruffe vola au fecours du prince de Bévern qui étoit toujours retranché auprès de Breslau. Le prince Charles, inftruit de la victoire du roi de Pruffe & de fa marche, attaqua les retranchemens du prince de Bévern, & les emporta, malgré toutes les difficultés de l'entreprife & la défense la plus opiniâtre. Le prince de Lobkovitz & le général Sprecher, à la tête des grenadiers autrichiens, firent des miracles de bravoure à l'attaque du village de Pilfnitz. Le général Beck, à la tête d'un corps de troupes légeres, poursuivoit les fuyards; ayant rencontré le lendemain pendant la nuit le prince de Bévern qui examinoit fon camp, il le fit prisonnier, le défarma, & le conduifit au prince Charles qui lui fit l'accueil le plus diftingué, & l'envoya fous bonne escorte en Moravie. Le même foir, la garnison de Breflau capitula; on lui accorda les honneurs de la guerre, mais la plus grande partie déserta, & s'enrôla dans les troupes d'Autriche.

Schveidnitz s'étoit rendue au général Na

1757.

1757.

dasti, dès le 12 novembre; Frédéric, malgré la victoire de Rofbach, voyoit la Siléfie prête à retourner à fes anciens maîtres. Il lui falloit une autre bataille & la victoire, pour rétablir fes affaires; il réfolut de fe battre, quoique la faifon fût fort avancée, & que ses troupes fuffent très-fatiguées des travaux de la campagne. Le 4 décembre il gagna fur le prince

Charles la bataille de Liffa où les Autrichiens, après s'être battus pendant cinq heures, firent leur retraite en bon ordre. Ils avoient perdu près de cinq mille hommes, tant tués que bleffés; la perte des Pruffiens étoit à-peuprès égale. Le prince Charles vouloit fauver Breflau; après y avoir jetté une forte garnison, une artillerie confidérable & des provifions de toute espèce, il regagna la Bohême. Le roi de Pruffe ne perdit point de temps; malgré la rigueur de la faifon, il affiégea Breflau, & pouffa les travaux avec tant de vigueur, que le 19 la place capitula. La garnifon qui montoit à dix-fept mille hommes, fut faite prifonniere de guerre. Ce fut pour les Autrichiens la perte la plus confidérable de toute la guerre. Frédéric termina cette

mémorable

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