페이지 이미지
PDF
ePub

mémorable campagne par la prise de Lignitz.

Sufpendons un moment le récit de ces combats pour admirer la générofité de l'impératrice-reine, dans un moment où le roi de Pruffe exigeoit avec la plus grande rigueur que les officiers qu'il avoit faits prifonniers de guerre fe rendiffent dans fes états. Le prince de Brunswick-Bévern qui avoit été fait prifonnier par le général Beck, avoit demandé la permiffion d'écrire au roi de Pruffe, & elle lui avoit été accordée. Il avoit écrit plufieurs fois & n'avoit point reçu de réponse. Ce prince fit alors demander à l'impératrice-reine, comme une grâce particuliere, de pouvoir se racheter lui-même & de payer fa rançon. La réponse de Marie Thérèse fut qu'elle n'en vouloit recevoir aucune, & qu'elle lui accordoit néanmoins fa liberté, mais gratuitement. Pé nétré d'une bonté fi rare, ce prince fe rendit à la cour de Vienne pour épancher aux pieds de l'impératrice-reine les fentimens de fa vive reconnoiffance. Marie-Thérèse lui fit l'ac cueil le plus diftingué, & le prince de Bévern remporta en Pruffe le plus haute idée de cette fouveraine,

L

1757.

$758. Au commencement de cette année, l'impératrice-reine reçut un témoignage bien flatteur de l'amour de fes fidèles Hongrois. Les magnats ou les grands de Hongrie se rendirent à Vienne pour annoncer à leur augufte fouveraine, que les états de ce royaume alloient mettre fur pied, à leurs propres dépens, au moins trente mille hommes auxquels ils fourniroient armes, chevaux, équipages de guerre, &c. Ainfi ces Hongrois, qui ne prenoient autrefois les armes que pour se foulcver contre leurs rois, volent aujourd'hui au-devant des besoins d'une reine qui ne s'occupe qu'à les rendre heureux. Telle fut dans tous les temps & parmi tous les peuples la différence entre un gouvernement fage & modéré, & un gouvernement dur qui ne laiffe entrevoir aux fujets qu'un joug accablant fous lequel il faut baiffer la tête en filence. Dans cette même année, quarante mille Croates prirent les armes; elle eut vingt mille hommes de la Servie; la Bofnie & les environs de la Save lui fournirent plus de dix mille hommes. Enfin tous les fujets de Marie-Thérèse devenoient foldats pour la défendre en temps de guerre,

parce qu'elle avoit été la mere de fes peuples pendant la paix.

Malgré la rigueur de la faifon, les Ruffes étoient reftés fous les armes. La czarine, indignée de la conduite du général Apraxin qui, après la victoire de Volhau, avoit abandonné la Pruffe l'année précédente, le rappella & donna le commandement de fes troupes au général Fermer. Celui-ci s'étant mis en marche dès le mois de janvier, s'empara de Kenisberg & de toute la Pruffe royale qui étoit fans défense; il paffa la Viftule, & s'approcha des confins de la Siléfie & de la Poméranie. Le roi de Pruffe vit les progrès des Ruffes sans inquiétude. Son premier foin fut d'engager les Anglois à rompre le traité honteux de Clofter. Seven, & de former ainfi une barriere entre les armées de France & les fiennes. Ayant réussi dans ce projet, il reprit dès le commencement de la campagne, Schveidnitz, la feule place de Siléfie qui fût reftée aux Autrichiens.

A peine étoit-il maître de Schveidnitz, qu'il fongea à s'emparer d'Olmutz, capitale de la Moravie, afin de porter fur les terres de l'im

1758.

1758. pératride - reine le théâtre de la guerre qui avoit ravagé les fiennes pendant l'année précédente. D'ailleurs la prise de cette ville lui auroit ouvert l'entrée de la Bohême que le maréchal Daun auroit fûrement abandonnée pour couvrir Vienne & l'Autriche. La forte garnison de cette place, la valeur & l'intelligence du commandant, des fortifications en bon état, étoient des obftacles trop foibles pour arrêter Frédéric. Avant de partir, il laiffe une armée confidérable en Saxe fous les ordres du prince Henri fon frere, pour observer celle que le maréchal Daun avoit laiffée fur les frontieres de cet électorat, aux ordres du maréchal comte de Serbelloni, & l'armée de l'Empire commandée par le prince Frédéric de Deux-Ponts qui s'avançoit vers la Bohême. Il donne ordre au général Fouquet retranché - dans le comté de Glatz, de faire différens mouvemens pour masquer fes deffeins fur Ol, multz.

Après plufieurs marches & contremarches, Frédéric arrive devant Olmutz & en forme le fiége, malgré les fréquentes forties de la garnifon. Le maréchal Daun s'étoit déjà apperçu

que le roi de Pruffe étoit forti de la Siléfie ;
il le fuit, arrive à la vue d'Olmutz, voit
l'impoffibilité de faire lever promptement ce
fiége, il fe contente de refferrer le camp enne-
mi,
& d'empêcher l'arrivée des convois.
Loudhon, le brave Loudhon, qui de bon
foldat étoit devenu excellent général, com-
mandoit les troupes légeres. Sous fes ordres,
elles eurent toujours l'avantage cn différens
petits combats qui fe donnerent. Vers le mi-
lieu de juin, Daun apprend qu'un convoi
confidérable arrive de la Siléfie; il fait partir
Loudhon & Siskovitz chacun avec un corps
de fix mille hommes pour l'enlever. Au mo-
ment où le convoi alloit entrer dans les lignes.
des Pruffiens, les deux généraux Autrichiens
tombent fur quatorze mille hommes qui lui
fervoient d'escorte, renversent & culbutent:
tout ce qui résiste, tuent près de trois mille
hommes, font quatre cens prifonniers, s'em-.
parent de douze pièces de canon & de tout le
convoi. Une perte auffi confidérable pour le
roi de Pruffe, le détermina à lever le fiége
d'Olmutz; il prit tant de précautions qu'il fit
fa retraite fans que le maréchal Daun pût l'in
quiéter
Lij

1758.

« 이전계속 »