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gauche pour s'emparer du pont de Neiff, fur la riviere de même nom, & s'arrêta à Otmachau dans le duché de Grotkau. Le duc de Holstein & le prince d'Anhalt- Deffau fuivirent fa majefté avec un corps féparé.

part

La Siléfie étoit dégarnie de troupes, le roi de Pruffe n'eut qu'à fe préfenter devant la plû des places pour s'en faire ouvrir les portes. Les habitans de Breslau, capitale du pays, n'attendirent pas qu'on tirât un coup de canon pour fe rendre. L'aîle droite de l'armée qui dès le commencement de cette expédition s'é toit portée fur les frontieres de Bohême, y avoit eu autant de fuccès, quoique l'on y eût un peu plus difputé le terrein

Au milieu de fes conquêtes, le roi qui craignoit que les plaintes que Marie-Thérèse avoit faites à la diete de l'Empire, ne lui fufcitaffent des ennemis, fit paroître à Berlin un mémoire intitulé: Expofition des droits de la maison élec torale de Brandebourg, fur les duchés & princi pautés de Jagendorff, de Lignitz, de Brieg & de Wolhau. Dans cet écrit qui paroît avoir été rédigé par Frédéric lui-même, ce prince appuyoit de fon mieux les raisons qu'il préten

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doit avoir de profiter des circonftances pour s'emparer de la Siléfie. En un mot, je demande par force & les armes à la main, ce que la force & la fupériorité des armes m'a ravi & me re tient. Tel étoit le texte & le précis du mémoire de fa majefté Pruffienne. La reine de Hongrie répondit à ce mémoire en rappellant les tranfactions authentiques des ayeux du roi de Pruffe. On pouvoit y ajouter une réflexion affez naturelle & qui eût tranché la difficulté. En fuppofant que le manifefte pruffien eût pour base la plus exacte vérité, il ne préfente que des titres aux duchés de Jagendorff, de Lignitz, de Brieg & de Wolhau; ce qui ne forme tout au plus que la moitié de la Siléfie. A quel titre s'emparoit-il donc de la Siléfie entiere, & jouit-il aujourd'hui de cette province & du comté de Glatz?

Le comte de Brown qui commandoit en Siléfie les troupes de Marie-Thérèse, voyoit les progrès du roi de Pruffe fans pouvoir y mettre obstacle. A la premiere nouvelle de cette invasion inattendue, la cour de Vienne avoit envoyé des troupes; mais la rigueur de la faifon, la difficulté des routes, les pluies

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continuelles & le débordement des rivieres 1740. retarderent leur marche, & elles ne purent

arriver que pour la campagne fuivante. Cependant le comte de Brown réfolut de faire un effort & de couvrir au moins les frontieres de Bohême. A la tête d'un corps de troupes légeres, il s'avance jufqu'à Neuftat, jette quelques troupes dans Neiff, & y laiffe le colonel Roth pour la défendre. Le roi informé de cette marche, fait passer la riviere de Neiff au comte de Schverin, & lui ordonne d'attaquer les Autrichiens. Le roi fe rend luimême devant Neiff & l'inveftit.

Le comte de Brown, s'étoit retiré au bourg de Gratz fur la riviere de Mora, & s'étoit déterminé à défendre la tête du pont. Le comte de Schverin marche droit aux ennemis, renverse un détachement de dragons, lui fait repaffer la riviere & charge les Autrichiens. L'attaque fut terrible, mais Brown y étoit; ses troupes foutiennent le choc, font un feu violent, repouffent les Pruffiens & les mettent en déroute. Schverin les rappelle au combat; au premier coup de tambour, les rangs font repris, & la charge recommence;

les Autrichiens font repouffés & le comte de Brown, entraîné par les fuyards, ne peut plus fe faire entendre. Il paffe le pont & attend les Pruffiens qui le pourfuivent. Les Autrichiens raffemblés à quelque distance, comptoient tomber fur des détachemens débandés; mais ils virent des bataillons épais & ferrés qui s'avançoient au fon des inftrumens de guerre. Ce coup d'œil impofant ne les ébranle point, ils attendent de fang froid, fe défendent & foutiennent cinq décharges; enfin la fupériorité de la moufqueterie pruffienne leur fait abandonner une feconde fois le champ de bataille; ils fe jettent fans ordre dans les fauxbourgs de Gratz, y mettent le feu, & à la faveur des flammes fe retirent en Moravie. Le comte de Schverin triomphant retourne trouver fon roi, & lui fait le détail de l'action avec cette modeftie qui embellit la victoire.

Le roi de Pruffe étoit toujours devant la petite ville de Neiff. Après avoir fait les difpofitions d'un fiége & établi plufieurs-batteries, il avoit envoyé le colonel de Borck fommer le commandant de fe rendre. A peine

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le trompette qui annonçoit l'officier Pruffien $740, eut-il commencé à fonner, qu'on fit feu fur lui. Le colonel ordonne au trompette de faire

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quelques pas en avant, & de fonner de nouveau; il apperçoit tout-à-coup une troupe cavaliers qui cherchoient à les envelopper. De Borck fe retire & va rendre compte de fa commiffion au roi. Le récit du colonel enflamma Frédéric d'une colere extrême; il fit dreffer auffitôt une batterie de mortiers pour écrafer la ville; mais l'horrible fracas qu'il fit ne put ébranler ni la garnison ni l'intrépide colonel qui la commandoit.

Le lendemain Frédéric fit fçavoir au brave Roth qu'en faifant battre ainsi la ville, il prétendoit fe venger de l'audace qu'on avoit eue de tirer fur un officier qu'il avoit envoyé la veille. Le colonel de Roth fit répondre à fa majefté qu'il n'avoit aucune connoiffance du fait dont elle se plaignoit ; qu'il s'en feroit in former & puniroit les coupables; qu'au furplus, elle étoit maîtreffe d'attaquer la ville, comme bon lui fembleroit; qu'il s'efforceroit de la défendre de maniere à mériter fon eftime, & à témoigner fa fidélité à fa fouveraine; mais

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