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ral, après les avoir lues, lui dit, qu'il étoit
défolé de ne pouvoir lui être utile, qu'il y
avoit une impoffibilité absolue de faire ce qu'il
défiroit. Le jeune homme qui s'attendoit à
cette premiere réponse, ne se rebuta point;
il s'occupa pendant quelques jours à faire une
cour affidue au général, qui le recevoit bien,
mais dont il n'obtenoit toujours point de ré-
ponse favorable. Il retrouva enfin la lettre
qu'il avoit égarée, il la préfenta au général
dans la premiere vifite qu'il lui fit, en difant
qu'il l'avoit oubliée. Il lui fit même enten-
dre, en lui racontant la maniere dont il
l'avoit eue, qu'il n'y avoit
qu'il n'y avoit pas attaché beau-
coup d'importance, & qu'il comptoit plus
fur les bontés que fur la recommandation du
voyageur qui la lui avoit donnée. Le général
l'ouvrit, parut furpris, & après l'avoir lue:
Savez-vous, lui dit-il, quel eft celui qui vous a
donné cette lettre?-Non, dit le jeune Napoli-
tain. C'est l'empereur lui-même ; vous demandez
une fou-lieutenance, il m'ordonne de vous faire
lieutenant.

Pendant que l'empereur fe faifoit admirer en Hongrie par fon affiduité au travail, &

par fa bonté, Marie Thérèse faifoit de nou veaux établissemens dans fes états héréditaires,

Aucun fouverain n'a porté fur l'instruction publique des vues auffi fages, & n'a fait autant d'établissemens relatifs à cette partie à laquelle les rois ne fongent guères que lorsqu'ils font eux-mêmes très-inftruits. La fondation du collége théréfien, la chaire d'économie politique qu'elle a fondée à Milan, & dont elle a chargé M. le marquis de Beccaria, & beaucoup d'autres établissemens de cette nature, feront un éternel honneur à fes lumieres en fervant au bien de ses sujets. En voici deux autres également utiles; le premier & le plus important, eft une espèce de féminaire dans lequel ceux qui veulent devenir maîtres d'école dans les campagnes, font obligés d'aller apprendre eux mêmes ce qu'ils doivent enfei gner aux payfans, tant fur les connoiffances civiles & économiques, que morales & religieuses. On ne permet à qui que cc foit d'en. feigner dans les petites écoles à moins qu'il n'ait paffé dans ce féminaire le tems prefcrit, & qu'il n'ait obtenu des fupérieurs les attestations de capacité fuffifante; Marie-Thérèse a voulu que fon peuple fût bien inftruit, elle

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avoit vu que la plupart des maux qui affligent les fociétés, font des enfans de l'ignorance.

L'impératrice-reine avoit voulu faire l'effai d'une école pratique de commerce, & lorfqu'elle vit que cet effai répondoit partaitement à fes vues, elle confirma cet établiffement, & lui donna une forme ftable. Dans cette école, quatre profeffeurs enseignent à vingt-fix élèves, fils de marchands & d'artifans, l'écriture, l'arithmétique, le deffin, la géographie relative au commerce, le style mercantile, les langues principales, & y joignent un cours de morale dirigé vers le com. merce. Il n'y a pas une partie de cette fage inftitution, qui ne décèle les vues profondes de la légiflatrice. On voit qu'avant même de rien terminer fur un objet auffi important, elle avoit pefé tous les moyens d'en tirer tout l'avantage qu'on pouvoit en efpérer. C'est cette précaution fi néceffaire dans les nouveaux établissemens, qui fauve les erreurs, & T'on fait que les erreurs dans le gouvernement, font toujours ou très nuifibles à l'état, ou au moins très-coûteuses.

Cet établissement étoit le moyen le plus fûr de faire du commerce une fpéculation judi

cieuse, qui le conduisît en peu de temps
à de
venir une science fort étendue. L'impératrice-
reine avoit vu que cet objct fi important, fe-
roit bientôt dans fes états héréditaires une
balance admirable qui, dans fes mains, pour-
roit tenir dans un équilibre parfait, les richef-
fes du peuple & les titres des grands. Ceux-ci
qui en Allemagne, comme par-tout ailleurs,
font fi fiers du rang que leur donne leur naif-
fance, & des prérogatives qui y font atta-
chées, tiendront au moins par le lien des ri-
cheffes à cette partie des citoyens qui, par
ses talens & par fon industrie, fait le procurer
la fortune dont les autres ne favent le plus
fouvent que jouir & abuser.

Souvent malgré toute la vigilance du mo narque le plus attentif, il se gliffe des abus qu'il ne pouvoit prévoir, ou qui ont leur fource dans la cupidité de quelques particu liers, toujours prêts à profiter des circonftances pour leur bien perfonnel. Il n'eft pas toujours ailé de s'en appercevoir; ce font de ces manœuvres fourdes d'autant plus nuifibles aux peuples, qu'il leur eft plus difficile de faire entendre leur voix par deffus celle de leurs

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oppreffeurs (a). Tel étoit un impôt qui fe pera cevoit dans les états héréditaires, & qui étoit d'autant plus nuifible, que, par fa nature, il étoit imprévu. Il y a quelques années que dans de grands befoins du fifc, il avoit été établi dans les états de l'impératrice reine un impôt de dix pour cent fur les fucceffions collatérales. La fucceffion d'un abbé à un autre ayant été regardée comme comprise dans le cas, aux termés de l'édit, chaque nouvel abbé s'y trouvoit foumis. Les monafteres alors s'abonnerent avec le fifc pour une fomme une fois payée. Mais ils ne s'en crurent pas moins fondés à impofer un dixieme fur chacun de leurs vaffaux à chaque mutation d'abbé. Ils rejettoient ainfi fur les avances & les capitaux de leurs cultivateurs un impôt qui, dans fon origine, devoit être pris fur les épargnes du revenu net de l'abbé. Cette vexation portoit le beau nom de droit de mitre ; & en vertu de ce prétendu droit, les monafteres ont retiré plufieurs fois, & d'une maniere très-onéreuse à la culture, la fomme qu'ils avoient avancée au gouvernement. L'impératrice-reine, ayant (a) Ephémérides.

été

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