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fe dédommagea bien lorfqu'elle fut rendue à elle-même, & fes yeux répandirent des larmes en abondance. Cette princeffe étoit enceinte, & c'eft dans un de ces moméns d'amertume profonde qu'elle écrivoit à la duchesse de Lorraine, fa belle mere: J'ignore encore s'il mé restera une ville pour y faire mes couches. Elle eut cependant la fatisfaction d'apprendre qu'a près bien des incertitudes, les ennemis abandonnoient Vienne & marchoient vers Prague.

Leur armée n'arriva devant cette ville qu'à la fin de novembre. La rigueur de la faifon & le défaut de vivres impofoient la néceffité de tenter tout pour s'en emparer au plus tôt. D'ailleurs le grand-duc venoit au fecours de cette place à la tête de l'armée de Siléfie dont le comte de Neuperg avoit quitté le comman dement. Le 25, ce prince arrive à cinq lieues de Prague, & le lendemain il apprend qu'elle a été prife d'affaut pendant la nuit. La gloire de ce deffein, les détails du plan & une bonne partie de l'exécution furent dus au comte de Saxe qui avoit toute la confiance de l'électeur de Baviere. Parmi les officiers des troupes de France, il avoit diftingué ce fameux Chevert,

1741.

1741.

alors lieutenant-colonel du régiment de Beauce, l'homme de toute l'armée le plus capable d'exécuter un coup de main; ce fut lui que le comte chargea de conduire les troupes. Écoute bien, dit Chevert à un fergent qu'il envoyoit tenter le premier l'escalade, tu monteras par-là, (l'angle rentrant d'un bastion); en approchant du haut du rempart, on criera, Qui vive? tu ne répondras rien. On criera la même chofe une feconde fois ; tu ne répondras rien encore, non plus qu'au troifieme cri. On tirera fur toi, on te manquera; tu égorgeras la fentinelle, & j'arrive là pour te fecourir. Tout fut ponctuellement exécuté, & la ville fut prife; il n'y eut ni pillage ni défordre ; à fix heures du matin tout étoit auffi tranquille qu'à l'ordinaire. La garnison, compofée de trois mille hommes, fut prifonniere de guerre. L'électeur de Baviere entra dans Prague le même jour, & s'y fit couronner roi de Bohême le 7 décembre. Le maréchal de Belle-Ifle fe rendit à Prague pour établir parmi les troupes de la garnison la difcipline néceffaire pour concilier au nouveau roi l'affection des vaincus,

Il ne manquoit plus aux défirs du duc de

Baviere

Baviere que la couronne impériale; tout étoit préparé pour la lui faire donner. Le maréchal 1741. de Belle-Ifle retourna à Francfort pour hâter la réuffite de fon grand projet. Le duc de Broglie à qui il avoit laiffé le commandement de l'armée, termina la campagne par la prise de Piffeck. Le grand-duc effaya de reprendre cette place, & n'y ayant point réussi, il prit la route de Vienne, & remit le commandement de fon armée au prince Charles, fon frere.

Après cette campagne malheureufe, tout paroiffoit défespéré pour la reine MarieThérèse. L'archiduché d'Autriche & presque toute la Bohême étoient au pouvoir des François, & la Siléfie étoit à la merci du roi de Pruffe qui pouvoit alors en faire la conquête fans obftacle; il profita bien des circonftances, & porta fes vues plus loin. Il fit attaquer le comté de Glatz par le prince Léopold d'Anhalt, & la Moravie par le maréchal de Schverin, tandis qu'il s'emparoit lui même de Neiff. Avant la fin de la campagne, il fut maître d'Olmultz, capitale de la Moravie, & de Glatz, capitale du duché de même nom.

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Ce ne font pas là les exploits qui font le plus d'honneur au roi de Pruffe; il n'étoit pas diffi cile de s'emparer d'un pays abandonné; la multiplicité des ennemis avoit obligé la reine de Hongrie de rappeller fes troupes dans l'Au triche qu'il falloit défendre contre l'armée combinée de France & de Baviere.

La couronne impériale, qui depuis tant 1742. d'années étoit l'appanage de la maison d'Autriche, s'en éloignoit; les deffeins du maréchal de Belle-Ifle s'accompliffoient; le 24 janvier, le duc de Baviere fut élu roi des Romains; il fit fon entrée à Francfort le 31, & il fut couronné empereur fous le nom de Charles VII, le 22 Février par l'électeur de Cologne, fon

frere.

Au milieu de tant de revers, Marie-Thérèse n'avoit plus pour elle que ses grands talens & fa fermeté; & avec cela, elle étoit encore plus redoutable que ne l'imaginoient fes ennemis triomphans. Cette princeffe avoit mérité l'attachement de les fujets de Hongrie, elle trouva chez eux des fecours prompts & inépuifables. Trois mille gentilshommes Hongrois qui avoient fervi en Siléfie fous le

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