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c'est la flatterie qui vous encense parce que vous êtes puiffans; mais il viendra un tems où l'on ne vous craindra plus, alors la vérité parlera. Quand au contraire ils éprouvent le fentiment des ames bienfaifantes, cette fituation paisible du cœur, cette douce émotion au bruit des éloges qu'ils reçoivent, c'est-là fans contredit, le fouverain bonheur pour eux, la preuve la plus fatisfaifante qu'ils ont fait le bien, & que les louanges qu'on leur donne, ne font qu'un hommage que l'on rend à leurs vertus.

D'après ces réflexions, nous pouvons écrire la vie de Marie-Thérèse. Les actions de cette

princeffe, toutes admirables par elles-mêmes n'avoient befoin que d'être recueillies. Si la modeftie de cette illuftre impératrice n'eût pas dérobé à la connoiffance du public la plus grande partie des actions de fa vie privée, nous aurions pu préfenter à nos lecteurs un plus grand nombre de ces actes d'humanité & de bienfaisance qui rendent fon histoire fi intéressante. Un écrivain ne peut être foupçonné de flatterie, lorfque les actions de fon héros réuniffent tous les fuffrages, & qu'il n'a befoin que de les réciter.

717.

MARIE-THÉRESE-WALPURGE AMÉLIE CHRISTINE D'AUTRICHE naquit à Vienne le 13 Mai 1717. Charles VI, fon pere, feizieme empereur de la maison d'Autriche, fut un prince doux, humain, bienfaisant, équitable (a). Il travailloit à réparer les malheurs que les guerres qu'il avoit eues à foutenir, avoient caufés dans les états, lorfque la mort l'enleva. Depuis qu'il avoit perdu l'héritier de fon nom, l'archiduc Léopold fon fils, il avoit élevé fa fille aînée Marie Thérèse dans la perfpective d'être un jour l'héritiere des vaftes états de la maison d'Autriche. Cette jeune princeffe, instruite par la vertueuse impératrice Elizabeth de Brunswick fa mere, fit concevoir dès fon plus bas âge les plus grandes espérances. Prudente, affable, fon enfance même annonçoit en elle des qualités fupérieures à fon fexe, celles qui immortalisent les bons rois, & qui caractérifent les grands hommes. Un efprit juste & pé

(a) Voyez l'hiftoire de ce prince, dans l'hiftoire d'Allemagne qui fait partie du cours d'études des jeunes demoiselles, t. VIII.

nétrant, un cœur fenfible & généreux, une ame ferme & courageuse, des manieres nobles & engageantes, les grâces de la beauté & plus encore l'afcendant d'un caractere fait pour dominer les autres, furent les dons heureux qui firent adorer fa jeuneffe, & présagerent ce qu'elle feroit un jour. On remarquoit en elle, comme dans l'impératrice, un air de modeftie, de douceur & de majefté qui infpiroit autant de confiance que de respect. Elle voyoit fa mere s'employer avec empressement pour obtenir des grâces; c'étoit pour elle une félicité que de pouvoir en accorder ; & lorfqu'elle en faifoit, c'étoit d'une maniere à toucher sensiblement ceux fur qui elle les répandoit. Génereufe & magnifique, tout ce qu'elle faifoit, tenoit de l'éclat de fa dignité & de la bonté de fon ame. Telles furent les premieres leçons que reçut Marie-Thérefe..

1717.

Cette princeffe fut mariée en 1736 à Fran1736 çois-Etienne de Lorraine, depuis grand-duc de Toscane, & enfuite empereur fous le nom de François I. L'inclination qui ne préside pas toujours aux mariages des princes, prépara la félicité de celui-ci. François, élevé

1736.

la cour de Charles VI, eut une éducation prefque commune avec Marie-Thérèse; la conformité de caractère fit germer dans leurs cœurs le goût conftant & foutenu des mêmes vertus. Après de longs foucis, l'amour paternel de Charles VI fentit la joie la plus pure de cette union, qui alloit faire revivre fon nom prêt à s'éteindre, & préparer le bonheur du monde. Il vouloit encore affurer la tranquil. lité des peuples & celle de ses enfans; les précautions que prit ce prince pour assurer à sa fille aînée la fucceffion de tous les états par la garantie de la pragmatique fanction, feront à jamais honneur à fa prévoyance. Les événemens qui fuivirent la mort firent bientôt connoître combien le prince Eugêne avoit eu raifon de dire, qu'une armée de cent mille hommes la garantiroit mieux que cent mille traités. Mais ces événemens qui femblerent d'abord devoir anéantir, pour ainfi dire, l'hé ritiere de Charles VI, ne fervirent qu'à faire paroître dans le plus beau jour les grandes qualités & les vertus de Marie-Thérèse (a).

(4) Charles VI fe voyant fans enfant måle, prévit

Après la mort de fon pere, cette princeffe

les troubles que fa fucceffion ne manqueroit pas d'exciter. Pour les prévenir, ce prince avoit fait une difpo fition à laquelle il voulut donner un caractère facré, en la faisant garantir par toutes les puiffances de l'Europe, fous le nom de pragmatique sanction. Voici comment étoit conçu cet acte important. Après avoir rappellé les différens actes, les teftamens & les codiciles des empereurs, rois & archiducs fes prédéceffeurs, pour établir & fixer le droit d'indivibifilité des états de la maifon d'Autriche, Charles VI ajoute: » Nous avons, » par notre déclaration & difpofition, publiée le 19 avril » 1713, en présence d'un grand nombre de nos confeil»lers d'état, gouverneurs de nos provinces, & de nos » autres miniftres, renouvellé non-feulement le droit de » primogéniture, déjà fi fortement établi & enraciné » dans notre auguste maison; mais nous l'avons de plus, » en vertu de notre pleine puissance, & fuivant l'exigence de l'état de nos affaires, érigé en forme de pragmatique fanction, & d'édit perpétuel & irrévo» cable, expliquant ce droit de primogéniture & de >> fucceffion plus clairement établi par feu l'empereur » Léopold, entre les princes mâles de notre auguste » maison, & au défaut d'iceux, étendu en fa maniere » aux archiduchefses; nous avons déclaré en termes >> intelligibles & exprès, qu'au défaut des mâles, la fucceffion échoira, en premier lieu, aux archidu cheffes nos filles, en fecond lieu, aux archidu

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