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septembre 1745. La reine avoit eu foin de raffembler toutes les troupes qu'elle avoit dans cette partie de l'Allemagne, & les différentes tentatives du prince de Conti qui commandoit l'armée françoise ne purent empêcher cette jonction.

Marie-Thérèse fe rendit à Franfort pour y jouir de fon triomphe & du fpectacle du couronnement de fon époux. Elle vit du haut d'un balcon la cérémonie de l'entrée; elle fut la premiere à crier Vivat, & tout le peuple lui répondit par des acclamations de joie & des transports d'allégreffe. Ce grand jour étoit pour elle la récompenfe de tant d'inquiétudes & de tant de travaux, il fut le plus beau de fa vie. Elle alla voir enfuite fon armée rangée en bataille auprès de Hidelberg, au inombre de foixante mille hommes. L'enspereur, fon époux, la reçut l'épée à la main, à la tête de l'armée. Elle paffa entre les lignes, faluant avec bonté, dîna fous une tente, & pour que tout le monde prît part à fa joie, eller fit dife tribuer un florin à chaque foldat.

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C'étoit, dit M. de Voltaire, la destinée de cette princeffe, & de toutes les affaires qui

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troubloient fon regne, que les événemens 11745. heureux fuffent balancés de tous côtés par des difgraces. L'empereur Charles VII avoit perdu la Baviere pendant qu'on le couronnoit empereur, & la reine de Hongrie perdit une bataille pendant qu'elle préparoit le couronnement de fon époux, François I. Le roi de Pruffe étoit encore vainqueur le 29 feptembre aux environs de Prandnitz, ville de Bohême, fur les confins de la Siléfie.

Pendant que Frédéric remportoit cette victoire fur le prince Charles, un gros détachement de Pruffiens, fous les ordres du prince Léopold d'Anhalt, entroit dans l'électorat de Saxe. Le roi de Pruffe, piqué du traité que le roi de Pologne avoit conclu avec Marie-Thérèfe, lui avoit déclaré la guerre au mois d'août. Tous ceux qui fe liguent avec les puiffances que je combats font mes ennemis ; le roi de Pologne, électeur de Saxe, al conclu un traité défenfif avec Marie-Thérèfe; il est mon ennemi, & je lui déclare que je marche contre lui. Telle étoit la substance du manifefte que le roi publia en entrant dans la Saxe. Le 15 décembre, le prince Léopold ayant battu, à la vue de Drefde, les

Autrichiens & les Saxons, le roi de Pruffe s'y rendit, entra dans cette capitale, fuivi de dix bataillons & de dix efcadrons; il fe rendit maître de la garnison, & alla au palais voir les enfans du roi de Pologne qui y étoient demeurés; il les embrassa & eut pour eux toutes les attentions qu'on devoit attendre de l'homme le plus poli de fon fiecle. Il fit ouvrir les boutiques qu'on avoit fermées, donna à dîner à tous les ministres étrangers, fit jouer un opéra italien: on ne s'apperçut pas que la ville étoit au pouvoir du vainqueur, & la prise de Dresdė ne fut signalée que par les fêtes qu'il y donna.

Le roi d'Angleterre voyoit avec peine que les victoires du roi de Pruffe favorifoient les entreprises des François & des Espagnols; il engagea ce prince à faire fa paix avec l'Autriche. Frédéric qui n'avoit pris les armes que dans la crainte que Marie-Thérèse ne vînt lui redemander la Siléfie qu'elle ne lui avoit cédée que malgré elle, n'ayant plus rien à craindre de ce côté, confentit à la paix & laissa le fardeau de la guerre au roi de France. Le 25 décembre on conclut à Dresde deux traités,

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l'un entre le roi de Pruffe & le roi de Polo

gne, par lequel le monarque Polonois cédoit à Frédéric ce qui étoit en contestation entre eux, & s'obligeoit à payer un million d'écus d'Allemagne ; l'autre traité étoit entre l'impératrice-reine & le roi de Pruffe, Marie-Thérèse cédoit de nouveau à sa majesté Prussienne, & lui affuroit la Siléfie & le comté de Glatz. Le roi garantiffoit à l'impératrice-reine fes états d'Allemagne, & donnoit fa voix à l'élection du grand-duc en qualité d'empereur. L'électeur Palatin & le prince de Heffe furent compris dans ce traité, dont le roi d'Angleterre fe rendit garant.

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Frédéric après une fi heureuse campagne, dans laquelle il avoit défendu la Siléfie, péné tré en Bohême, & conquis la Saxe, retourna à Berlin jouir paisiblement du fruit de fes victoires. Son peuple le reçut fous des arcs de triomphe, en criant: Vive Frédéric le Grand. Ce prince ami des lettres, les cultiva avec autant de fuccès qu'il en avoit eus dans la guerre, & ne s'occupa que du foin de faire fleurir les lois & les arts dans les états.

Les entreprises du roi de Pruffe fur la

Bohême avoient obligé l'impératrice-reine à lui opposer fes principales forces. Les François & les Espagnols avoient profité de cette puif fante diversion pour faire des progrès en Italie. Au mois de Juin, l'Infant & le maréchal de Maillebois après s'être rendus maîtres de la vallée d'Oneille, étoient entrés dans l'état de Gênes, du confentement de la république, qui se vengeoit ainfi de ce que l'impératrice-reine avoit cédé au roi de Sardaigne le marquifat dé Final, fur lequel elle avoit des prétentions. Gênes avoit donné aux ennemis d'Autriche dix mille hommes & une artillerie confidérable. Les alliés s'emparerent de Tortone, de Plaisance, chafferent les Autrichiens de Parme, & entrerent dans Pavie. Les Autrichiens & les Piémontois effrayés de la rapidité de ces conquêtes, qui sembloient annoncer l'invasion prochaine de la Lombardie, fe hâterent de marcher vers le Tanaro pour en défendre le paffage; mais ils furent vaincus à Baffignana. Pendant que cette bataille fe donnoit, une escadre angloise compofée de treize vaisseaux bombardoit Final fans beaucoup d'avantage. La prise d'Alexandrie, de Valence, du châ

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