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cour', & d'avoir été défintéreffés fur tout, hors fur les louanges.

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Graiis ingenium, Grails dedit ore rotondo.
Muja loqui, præter laudem nullius avaris. (a)

Si l'on confidere quelle étoit la fituation de Rome, quand Virgile, Pollion, Varius, Horace, Tibulle & leurs contemporains firent tant d'honneur à la Poëlie, on verra que de leur tems cette zville étoit la capitale floriffante du plus grand & du plus heureux Empire qui fut jamais.. Rome tranquille goûtoit, aprèsplufieurs années de troubles & de guerres civiles, les douceurs d'un re-pos inconnu depuis longtems, & cela fous le gouvernement d'un Prince qui aimoit véritablement le mérite parce que lui-même il en avoit beaucoup. D'ailleurs, Augufte étoit tenu de faire ain bon ufage de fon autorité naiffante pour la mieux établir,& par conféquent dene la confier qu'à des Miniftres amis de da juftice, & qui fe ferviffent de leur pouvoir avec pudeur. Ainfi les richeffes, les honneurs & les diftinctions couroient au-devant du mérite. Comme une Cour étoità Rome une chofe nou, (a) Horat. de Arte.

velle & odieuse, Augufte vouloit du moins qu'on ne pût pas reprocher à la fienne rien de plus, que d'être une Cour.

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Si nous defcendons au fiécle de Leon -X, où les lettres & les arts qui avoient été enfevelis durant dix fiécles, forti-rent du tombeau, nous verrons que fous fon Pontificat, l'Italie étoit dans la plus grande opulence où elle ait été depuis l'Empire des Céfars. Ces petits tyrans, niches avec leurs Satellites dans une infinité de fortereffes, & dont la bonne intelligence & les querelles étoient également une fleau terrible pour la fociété, venoient d'être exterminés par la prudence & par le courage du Pape Alexandre VI. Les féditions venoient d'être bannies des vil des, qui généralement parlant, avoient enfin fçu fe former à la fin du fiécle précédent un gouvernement ftable & réglé. On peut dire que les guerres étrangeres qui commencerent alors en Italie par l'expédition de Charles VIII à Naples, ne tourmenterent pas la fociété autantique la crainte perpétuelle d'être enlevé, quand on alloit à la cam+ pagne, par les bandits du scélérat qui

s'étoit établi, & comme on le difoit alors, qui s'étoit fait fort dans un Château, ou l'appréhenfion de voir le feu mis à fa maifon dans une émeute popu-.. laire. Les guerres qui fe faifoient alors, femblables à la grêle, ne venoient que par bouffées; & comme ce fleau, elles ne ravageoient qu'une langue de pays. › L'art d'épuifer les Provinces pour faire fubfifter les armées fur une frontiere; cet art pernicieux qui éternife les que-.relles des Souverains, & qui fait du-.. rer les calamités de la guerre longtems encore après les Traités, de maniere que la paix ne peut recommencer que plufieurs années après que la guerre eft finie, n'étoit pas encore inventé. On vit fucceffivement fur le trône deux Papes, defireux de laiffer des Monumens illuftres de leur Pontificat, & conféquemment obligés à rechercher P'attachement de tous les Artifans & de tous les gens de lettres qui pouvoient les immortalifer, en s'immortalifant eux-mêmes.François I. Charles Quint, & Henri VIII devinrent rivaux de réputation, & ils favoriferent à l'envi les Lettres & les Sciences. Les Lettres & les Arts firent donc des progrès mer

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veilleux. La Peinture fe perfectionna dans peu d'années. Cum expeteretur à Regibus populifque, illos nobilitante quos dignata effet pofteris tradere (a).

Le regne du feu Roi fut un tems de profpérité pour les Arts & pour les Let tres. Dès que ce Prince eut commencé de régner par lui même, il fit des établiffemens les plus favorables aux perfonnes de génie, qui jamais ayent été faits par aucun Souverain. Le Miniftre qu'il employa pour ces détails étoit capable de le fervir, La protection de M. Colbert ne fut jamais le prix d'une affiduité fervile à lui faire la cour, ni d'un dévouement feint ou véritable pour fes volontés. Il n'avoit d'autre volonté, que de faire fervir fon Prince par les perfonnes les plus capables.Seul auteur de fes décifions & maître de fa faveur, il alloit chercher ceux qui avoient cette capacité, & il leur offroit fa protection & fon amitié, quand ils n'ofoient encore la demander. Par la magnificen ce du Prince & par la conduite du Mi miftre, le mérite devint alors un patri moine.

(a) Plin. lib. 3's.

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SECTION XIII.

Qu'il eft probable que les caufes phyfiques ont auffi leur part aux progrès furprenans des Arts & des Lettres.

ENFIN on ne fçauroit douter que

les causes morales ne contribuent aux progrès furprenans que la Poëfie & la Peinture font en certains fiécles. Mais les caufes phyfiques n'auroient-elles pas auffi leur influence dans ces progrès? Ne contribuent-elles pas à la différence prodigieufe qui fe remarque entre l'état des Arts & des Lettres dans deux fiécles voifins? Ne font-ce pas les caufes phyfiques qui mettent les caufes morales en mouvement? Sont-ce les libéralités des Souverains & les applau diffemens des contemporains qui forment des Peintres & des Poëtes illuftres? Ne font-ce pas plutôt les grands Artifans qui provoquent ces libéralités, & qui, par les merveilles qu'ils enfan tent, attirent fur leurs arts une attention que le monde n'y faifoit pas, quand ces arts étoient encore groffiers.Tacite remarque que les tems féconds en hom.

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