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donne plus de fubftance aux alimens, & plus de malignité aux poifons. Les Grecs ont pouffé le vice & la vertu plus loin que les autres hommes.

La ville d'Anvers a été durant un tems l'Athenes des pays en deçà les Monts. Mais quand Rubens commença de rendre fon Ecole fameufe, les caufes morales n'y faifoient rien d'extraor dinaire en faveur des Arts. Si c'étoit l'état floriffant des Villes & des Royaumes, qui feul amenât la perfection des beaux Arts, la Peinture devoit être en fa fplendeur dans Anvers foixante ans plutôt. Quand Rubens parut, Anvers avoit déja perdu la moitié de fa fplendeur, parce que la République de Hollande nouvellement établie, avoit attiré chez elle la moitié du commerce d'Anvers. La guerre étoit aux environs de cette ville, fur laquelle fes ennemis faifoient tous les jours des entreprifes qui mettoient en danger l'état des Marchands, des Eccléfiaftiques & de tous les principaux Citoyens. Rubens laiffa des Eleves, comme Jordaens & Vandick, qui font honneur à fa réputation, mais ces Eleves font morts fans difciples qui les ayent rem

placés. L'Ecole de Rubens a eu le fort des autres Ecoles, je veux dire qu'elle eft tombée quand tout paroiffoit concourir à la foutenir. Il femble du moins que Quellins, qu'on peut regarder comme fon dernier Peintre, doive mourir fans Eleves dignes de lui. On n'en connoît pas encore, & il n'y a guéres d'apparence qu'il en fasse dans la retraite où il s'eft confiné.

Après tout ce que je viens d'expofer, il eft clair que les Arts & les Lettres arrivent au plus haut point de leur fplendeur par un progrès fubit, qu'on ne fçauroit attribuer aux caufes morales, & il paroît encore que les Arts & les Lettres retombent, quand ces caufes font les derniers efforts pour les foute

nir.

TROISIÈME RÉFLEXION.

Que les grands Peintres furent toujours les contemporains des grands Poëtes leurs compatriotes.

Enfin les grands Artisans d'un pays, ont prefque tous été contemporains. Non feulement les plus grands Peintres de toutes les Ecoles ont vécu dans

le même tems, mais ils ont été les con temporains des grands Poëtes leurs compatriotes. Les tems où les Arts ont fleuri, fe font encore trouvés féconds en grands fujets dans toutes les fciences, dans toutes les vertus & dans toutes les profeffions. Il femble qu'il arrive des tems où je ne fçai quel efprit de perfection fe répand fur tous les hommes d'un certain pays. Il femble que cet efprit s'en retire, après avoir rendu deux ou trois générations plus parfaites que les générations précédentes & que les générations fuivantes.

Dans le tems où la Grece étoit féconde en Appelles, elle étoit auffi fertile en Praxitelles & en Lyfippes. C'étoit alors que vivoient fes plus grands Poëtes, fes plus grands Orateurs & fes plus grands Philofophes. Socrate, Platon, Ariftote, Demofthene, Ifocrate, Thucydide, Xenophon, Efchile, Euripide, Sophocle, Ariftophane, Me. nandre & plufieurs autres, ont vécu dans le même fiécle. Quels hommes que les Généraux Grecs de ces temslà ! Quels grands exploits ne faifoientils pas avec de petites armées! Quels Princes que Philippe Roi de Macédoine

& fon fils! Qu'on ramaffe tout ce que la Grece a produit d'hommes illuftres dans les fiécles qui fe font écoulés depuis Perfée Roi de Macédoine, jufqu'à la prife deConftantinople par les Turcs, & l'on ne trouvera pas dans ces dixfept fiécles de quoi compofer un effain de grands hommes en toutes fortes de profeffions, qui foit auffi nombreux que celui qu'on peut ramaffer fans fortir du fiécle de Platon. Toutes les profeffions dégénererent en Grece en même tems que les Lettres & les Arts. Tite-Live appelle Philopemen, un des Préteurs des Achéens durant le regne de Perfée Roi de Macédoine, le dernier des Grecs.

Le fiécle d'Augufte eut la même deftinée qu'avoit eu le fiécle de Platon. Parmi les monumens de la Sculpture Romaine, nous n'avons rien de plus beau que les morceaux qui furent faits dans le tems d'Augufte. Tels font le Bufte d'Agrippa fon gendre, qui fe voit dans la gallerie du Grand Duc, le Ciceron de la Vigne Mathei, comme les chapiteaux des colonnes du Temple de Jules-Cefar qui font encore debout au milieu du Campo Vaccino, & que tous

les Sculpteurs de l'Europe font conve nus de prendre pour modeles, quand ils traitent l'ordre Corinthien. Ce fut fous Augufte que les médailles Romaines commencerent à devenir belles, & la Gravure eft un art qui fuit ordinairement la Sculpture dans toutes fes deftinées. Nous reconnoiffons le tems où plufieurs pierres gravées ont été faites, par les fujets & par les têtes qu'elles repréfentent. Les plus belles pierres Romaines font celles que nous reconnoiffons pour avoir été faites du tems d'Augufte. Tel eft le Ciceron fur une agathe qui étoit à Charles II Roi d'Angleterre, & la pierre du Cabinet du Roi qui repréfente Augufte & Livie. Telle eft la pierre donnée au feu Roi par M. Fefch de Bafle, où l'on voit Apollon jouant de la Lyre fur un rocher. C'est l'attitude qui caractérise l'Apollon Actiaque dans les médailles d'Augufte, fous qui cette nouvelle di-gnité parut au monde, après qu'il eut gagné la bataille d'Actium. On a même une autre raifon de croire que ces pierres ont été gravées du tems d'Augufte. C'est le nom des Graveurs qu'on y lit dans la place où le nom de l'Ou

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