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Hift. liv.

XXXII. n.

Mais à quoi bon citer Hefiode, quand nous avons l'autorité de Jesus-Chrift même, qui nous enfeigne que la vertu toute feule vaut mieux que la vertu avec les richeffes.

Dans cette confufion des deux puiffances, les feculiers empieterent auffi de leur côté. Souvent les Seigneurs, fans la participation des évêques mettoient des prêtres dans les églifes qui dépendoient de leurs terres ; & les rois dès la premiere race prétendoient difpofer des évêchez; quoiqu'en même-tems dans les conciles tenus avec leur permiffion, on recommandât la liberté des élections, dont la forme s'obfervoit toûjours. Le docte Frolus diacre de l'églife de Lion, remarque fort bien, que fous l'empire Romain ni les empereurs ni les Magiftrats, ne fe mêloient ordinairement de l'éLection des évêques, non plus que de l'ordination des prêtres: c'est que les évêques n'avoient point de puiffance temporelle, comme ils n'en ont jamais eu dans l'empire Grec. Mais dans Hift. liv. les royaumes formez du débris de l'empire t, VI. n. 47. d'Occident, les évêques étoient fi puiffans

444. n. 69.

Conc. Cla

rom. an.

535 c. I.

conc. Aurel.

III A. 3.
Poft Agob

tom. 2. P.
254.

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qu'il étoit de l'interêt des rois de s'en affurer: c'eft pourquoi dans les élections les plus canoniques, le confentement du prince étoit néceffaire. Il ne faut pas en cette matiere prétendre établir le droit fur les faits fouvent abufifs, mais fur les canons, les loix & les actes autentiques. Ce que j'ai dit des évéques doit s'entendre auffi des abbez à proportion. Quoiqu'ils fuffent titulaires & par confequent moines, ils fe trouverent feigneurs, à caufe des terres que poffedoient les monafteres, ils eurent des vaffaux & des troupes, qu'ils menoient à la guerre : ils étoient fouvent à la cour, & étoient appellez aux confeils des rois & aux parlemens. On peut juger dans cette vie fi diffi

pée, combien il étoit difficile à ces abbez d'obferver leur regle: & non-feulement à eux, mais aux moines, dont ils menoient toûjours quelques-uns à leur fuite. Combien leur abfence caufoit de relâchement au monaftere & leur retour de distraction. Ces abbez feigneurs ayant befoin d'être riches pour fournir à tant de voyages & d'autres dépenfes, fe fervoient de leur crédit pour le faire donner plufieurs abbayes & les gardoient fans fcrupule.

L'abus alla plus loin: on donna des monafteres à des évêques & à des clercs, quoique n'étant point moines ils fuffent incapables d'être abbez: car les commendes n'ont été introduites que dans les derniers fiécles. Enfin les rois donnerent des abbayes à des purs laïques, ou les prirent pour eux-mêmes; & cet abus dura publiquement depuis le huitiéme fiécle jusques au dixième. Les feigneurs, fans autre formalité que la conceffion du prince, alloient fe loger dans les monafteres, avec leurs femmes & leurs enfans, leurs vaffaux & leurs domeftiques, leurs chevaux & leurs chiens: confumant la plus grande partie du revenu, & laiffant le refte à quelque peu de moines qu'ils y fouffroient pour la forme, & qui fe relâchoient de plus en plus.

. 16.

Le même abus regnoit en Orient; mais l'o- Hift. liv, rigine en avoit été plus canonique. Les Icono- XLVI. claftes ennemis déclarez de la profeffion monaftique avoient ruiné la plupart des monasteres. Pour les rétablir, les empereurs & les patriarches de C. P. chargerent des évêques ou des laïques puiffans d'en prendre foin: de conferver les revenus, retirer les biens alienez réparer les bâtimens, raffembler les moines. On appella ces administrateurs Charifticaires. Mais de protecteurs charitables ils devinrent

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XI. Richeffes des églifes.

bientôt des maîtres intéreffez, qui traitoient les moines en efclaves, s'attribuant tous les revenus, & tranfportant même à d'autres le droit qu'ils avoient fur les monasteres.

Voilà l'effet de la richeffe des églifes. C'eft dans tous les tems une tentation continuelle pour l'ambition des clercs & l'avarice des laïques: principalement quand le clergé ne s'attire pas par fa conduite l'amour & le refpect du peuple, quand il paroît lui être à charge & ne lui pas rendre de fervice proportionné aux revenus dont il joüit. Il eft nécessaire qu'il y ait des fonds deftinez aux dépenfes communes de la religion chrétienne, comme de toute autre focieté, à la fubfiftance des clercs occupez à la fervir, à la construction & l'entretien des bâtimens, à la fourniture des ornemens & fur tout au foulagement des pauvres. Dès les premiers fiécles, fous les empereurs payens, l'églife poffedoit des immeubles : outre les contributions volontaires, qui avoient été fon premier fond. Mais il eut été à fouhaiter, que les évêques euffent toûjours compté ces biens Aug. ferm. pour un embarras, comme faint Chryfoftôme, 355 356. & euffent été auffi refervez que faint Auguftin Poffid. vita à en acquerir de nouveaux.

Chryf. bo

mil. 85. in Matth.

c. 24.

811. conc.

Cabil, ann.

Nos évêques du neuviéme fiécle n'étoient Hift. liv. XXII. n. 25. pas fi défintereffez, comme nous voyons par XXIV. n. 39. les plaintes que l'on faifoit du tems de Charle40. magne, qu'ils perfuadoient aux perfonnes fimCapit, 2. an ples de renoncer au monde, afin que l'églife profitât de leurs biens au préjudice des héritiers 813. c. 6. légitimes. Sans même employer de mauvais Hift. liv. moyens, je vois des évêques reconnus pour XLV. n. 51. faints trop occupez, ce me femble, d'augmenXLVI. n. 5. ter le temporel. La vie de faint Meinverc de Boll. 5. Paderborn, fous l'empereur faint Henri, eft Jan. to. 19. principalement remplie du dénombrement des terres qu'il acquit à fon églife.

Les tréfors des églifes, je veux dire l'argenterie, les reliquaires & les autres meubles précieux, étoient les appas qui attiroient les infideles à les piller: comme les Normands en France & les Sarrafins en Italie : les terres & les feigneuries excitoient la cupidité des mauvais Chrétiens, foit pour les envahir à force ouverte depuis la chute de l'autorité royale, foit pour les ufurper fous prétexte de fervir l'églife. Delà vint la brigue & la fimonie, pour tenir lieu de vocation aux dignitez ecclefiaftiques. Mais c'eft auffi ce qui doit nous raffurer contre les fcandales que nous voyons pendant le dixième fiécle, principalement à Rome. Le fils de Dieu promettant d'affifter fon églife jufques à la fin du monde, n'a point promis d'en défendre l'entrée aux méchans: au contraire, il a prédit, qu'elle en feroit toûjours mélée jufques à la derniere féparation. Il n'a pas promis la fainteté à tous les miniftres & à tous les pafteurs de fon églife, non pas même à leur chef; ila feulement promis des pouvoirs furnaturels à tous ceux qui entreroient dans le ministere facré fuivant les formes qu'il a prefcrites. Ainfi comme de tout tems il s'eft trouvé des méchans qui fans la converfion du cœur & les autres difpofitions néceffaires ont reçu le baptême & l'euchariftie, il s'en eft trouvé qui ont reçu fans vocation l'impofition des mains, & n'en ont pas moins été prêtres ou évêques, bien qu'ils l'ayent été pour leur perte & fouvent pour celle de leur troupeau. En un mot, Dieu ne s'eft point engagé à arrêter par des miracles les facrileges, Hif. Liv. non plus que les autres crimes. Il ne faut donc LIV. n. 42. point faire difficulté de connoître pour papes légitimes ni Sergius III. ni Jean X. & les autres, dont la vie fcandaleufe a deshonoré le faint fiége, pourvû qu'ils ayent été ordonnez

49.

XII. Corruption

des mœurs.

dans les formes par des évêques : mais il faut convenir qu'il eût été plus avantageux à l'églife d'être toûjours pauvre, que d'être exposé à de tels fcandales.

Ils furent auffi caufez en partie par l'ignorance, depuis qu'elle eût jetté de trop profondes racines. Après la chuté des études, les bonnes mœurs & les pratiques de vertu fubfifterent encore quelque tems,par la force de l'éducation. On vivoit ainfi à Rome, fous le pape Agathon, vers la fin du feptiéme fiécle. Mais l'ignorance croiffant toûjours, on fe relâcha de ces faintes pratiques, dont on ne connoiffoit plus les raifons: & la corruption vint au point où vous l'avez vûë vers la fin du neuvième fiécle, après Nicolas I. & Adrien II. enforte que pour relever l'églife Romaine, il fallut vers le milieu de l'onzième fiécle y appeller des Allemands mieux inftruits, comme Gregoire V. & Léon IX. L'ignorance n'eft bonne à rien, & je ne fçai où fe trouve cette prétendue fimplicité qui conferve la vertu. Ce que je fçai, c'eft que dans les fécles les plus tenebreux & chez les nations les plus groffieres, on voyoit regner les vices les plus abominables. J'en ai donné quelques preuves à l'occafion, mais je n'ai ofé les rapporter toutes, & je n'ofe même les marquer plus précifément. C'est que la concupifcence eft en tous les hommes, & ne manque point de produire fes funeftes effets, fi elle n'eft retenuë par la raifon aidée de la grace. Il y a un genre de crime, dont je ne trouve en ces fiécles des exemples que dans l'Orient. C'eft l'impieté, & le mépris manifefte de la religion. Vous avez vû, fans doute avec horreur, Hift. liv. les jeux facriléges du jeune empereur Michel XLIX. n. 17. fils de Theodora, qui fe promenoit par les rues de C. P. avec les compagnons de ses dé

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