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bauches revêtus des habits facrez, contrefaifant les proceffions & les autres cérémonies de l'églife, même le redoutable facrifice. Photius alors patriarche le voyoit & le fouffroit, comme il lui fut reproché au huitiéme concile : ce liv. 13. ma qui montre qu'il étoit encore plus impie que 43. l'empereur. Car ce prince étoit un jeune fou fouvent yvre, & toûjours emporté par fes paffions: mais Photius agiffoit de fang froid, & par de profondes réfléxions : c'étoit le plus grand efprit & le plus fçavant homme de fon hécle, c'étoit un parfait hypocrite, agiffant en fcélérat & parlant en faint. Il paroît l'auteur d'une autre espece d'impiété, c'eft d'avoir pouf 1111. n. 3. Hift. No. fé la flaterie, jufques à canonifer des princes, qui n'avoient rien fait pour le mériter: leur bâtir des églises, leur confacrer des fêtes, comme il fit à Conftantin, fils aîné de l'empereur Bafile Macedonien,pour le confoler de fa mort, Lx. imitant en ce point les auteurs de l'idolâtrie. Conftantin Monomaque en voulut faire autant à Zoé à qui il devoit l'empire.

Sep.xiv.15.

Hift. liv.

. 13.

XIII.

Les trois vices qui ravagerent le plus l'églife d'Occident dans ces malheureux tems, furent Incontinen l'incontinence des clercs, les pillages & les ce du clergé, violences des laïques, & la fimonie des uns & des autres, tous effets de l'ignorance. Les clercs avoient oublié la dignité de leur profeffion & les puiffantes raifons de cette difcipline de la continence. Ils ne fçavoient pas que dès l'origi- Justin, apol, ne du Christianisme, cette vertu angelique en p. 61. B. a fait la gloire ; & qu'on la montroit aux Payens, Apol. comme une des preuves des plus fenfibles de fon Atheon. p. excellence. L'églife ayant donc toûjours un Aug.dc veoa grand nombre de perfonnes de l'un & de l'autre rel t.3. n.5. fexe, qui fe confacroient à Dieu par la conti- Hift. liv. nence parfaite rien n'étoit plus raisonnable 111. . 38. que de choifir fes principaux miniftres dans 47.

6. C.

31.33.

cette partie la plus pure du troupeau. L'églife en étoit mieux fervie, par des hommes, qui dégagez des foins d'une famille, n'étoient point 1.Cor. VII. partagez, & ne penfoient, comme dit faint Paul, qu'à plaire à Dieu, s'appliquant entierement à la priere, à l'étude, à l'inftruction, aux œuvres de charité. Auffi avez-vous vû que cette fainte difcipline du célibat des clercs fuperieurs, s'eft toûjours obfervée dans l'églife: quoiqu'avec plus ou moins d'exactitude, felon les tems & les lieux.

Mais les clercs ignorans du neuviéme & du dixiéme fiécle regardoient cette loi comine un joug intolerable. Leurs fonctions étoient prefque réduites à chanter des pfeaumes qu'ils n'entendoient pas, & pratiquer des cérémonies exterieures. Vivant au refte comme le peuple ils fe perfuaderent aifément qu'ils devoient auffi avoir des femmes : & la multitude des mauvais exemples leur fit regarder le célibat.comHift. liv. me impoffible, & par conféquent la loi qui XL. . 49. l'impofoit comme une tyrannie infuportable. Les Grecs furent les premiers, qui dès la fin du feptiéme fiécle, fecouerent ce joug falutaire, par le canon du concile de Trulle, où ils permirent aux prêtres de garder leurs femmes, comme ils font encore, & ils prirent pour prétexte un canon de Carthage mal entendu, & les fcandales déja trop fréquens chez les LaHift, liv. tins. Mais le premier exemple formel en Oc11V. n. 40. cident, eft celui de ce curé du diocefe de Chaalons qui voulut fe marier publiquement, & contre lequel les gens de bien s'éleverent, comme on feroit aujourd'hui: tant on avoit d'horreur d'un mariage fi nouveau.

XIV.

Les pillages & les violences étoient un reste Hoftilitez de la barbarie des peuples du Nort. J'en ai aiverfelles. marqué l'origine dans le foible gouvernement

de Louis le débonnaire, & le progrès fous fes Hift. liv. fucceffeurs ; & certainement il eft étrange que LIX. n. 38. des Chrétiens ignoraffent à un tel point les premiers élemens de la religion & de la politique, qu'ils fe cruffent permis de fe faire juftice euxmêmes, & de prendre les armes contre leurs compatriotes, comme contre des étrangers. Le fondement de la focieté civile eft de renoncer à la force, pour fe foûmettre à des loix & à des juges, qui les faffent executer : & l'effence du Chriftianifme eft la charité, qui oblige nonfeulement à ne faire aucun mal au prochain, mais à lui faire tout le bien poffible. Qu'étoit ce donc, que des Chrétiens toûjours prêts à fe venger de leurs freres par les meurtres & les incendies, & ne cherchant la juftice qu'à la pointe de leur épée ?

Vous avez vu les plaintes & les remontrances inutiles que l'on faifoit contre cès défordres, dans les affemblées des évêques & des` feigneurs. Autre preuve de leur ignorance: car il falloit être bien fimple, pour s'imaginer que des exhortations par écrit, & des paffages de l'écriture & des peres, feroient tomber les armes des mains à des gens accoutumez au fang & au pillage. Le remede eût été d'établir des

loix tout de nouveau, telles qu'en avoient eu

:

les Grecs, les Romains, & les autres nations policées mais où trouver alors des législateurs affez fages pour dreffer de telles loix, affez éloquens, pour en perfuader l'execution?

Cependant la difcipline de l'églife périffoit, & les mœurs fe corrompoient de plus en plus. Les nobles cantonnez chacun dans fon château ne venoient plus aux églifes publiques recevoir les inftructions des évêques. Ils affistoient aux offices des monafteres voifins, ou fe contentoient des meffes de leurs chapelains, & des

XV.

18. &c.

curez de leurs ferfs; encore prétendoient-ils les établir & les deftituer comme il leur plaifoit ; & fouvent ils s'attribuoient les dîmes & les autres revenus des églifes. Les évêques ne pouvoient ni corriger ces prêtres, protegez par les feigneurs, beaucoup moins les feigneurs eux-mêmes : ni vifiter leurs diocefes, ni s'affembler pour tenir des conciles ; & quelquefois ils étoient réduits à prendre les armes, pour défendre contre les feigneurs les terres de leurs églifes.

Je regarde encore la fimonie, comme un Simonie. effet de l'ignorance. Un homme éclairé & perfuadé de la religion Chrétienne, ne s'avifera 48. v111. jamais d'en faire un moyen de s'enrichir. Il comprendra qu'elle eft d'un ordre plus élevé, & qu'elle nous propofe d'autres biens. Simon lui-même n'offroit de l'argent à faint Pierre, que parce qu'il n'entendoit rien à cette celefte doctrine ; & ne demandoit qu'à pouvoir communiquer aux autres le don des miracles, pour fe faire admirer & amaffer des tréfors. Plus les hommes font groffiers & ignorans, plus ils font touchez des biens temporels, & capables d'y tout rapporter. Les biens fpirituels & invifibles, leur paroiffent de belles chimeres : ils s'en mocquent & ne comptent pour les biens folides, que ce qu'ils tiennent entre leurs mains. Auffi ne vois-je point de tems où la fimonie ait regné dans l'églife fi ouvertement, que dans le dixiéme & l'onziéme fiécle. Les princes, qui depuis long-tems s'étoient rendus maîtres des élections, vendoient au plus offrant les évêchez & les abbayes, & les évêques fe récompenfoient en détail ce qu'ils avoient une fois donné, ordonnant des prêtres pour de Hift. liv. l'argent, & fe faifant payer les confécrations LVIII.1. d'églifes & les autres fonctions. Voyez les dif

ble

cours du pape Silveftre II. aux évêques. A des gens peu touchez des veritez de la foi, il fem- Dam. opufe. que c'eft faire de rien quelque chofe, que Mabill. d'amaffer des richeffes en prononçant des pa- Anal. 10. roles & faifant des ceremonies: ils fe croyent 2. p 130. plus fins que ceux qui le font gratuitement.

Or la fimonie a été dans tous les tems la ruine de la difcipline & de la morale Chrétienne : dont le premier pas eft le mépris des richeffes, & le renoncement, du moins d'affection aux biens même que l'on poffede. Car qui enseignera cette morale fi fublime, quand ceux qui devroient l'enfeigner l'ignorent eux-mêmes : quand le fel de la terre eft corrompu? Qui ne cherche au contraire à s'enrichir, quand il voit que ni la fcience, ni la vertu n'élevent perfonne aux premieres places; & qu'il n'y a que l'argent & la faveur? Ainfi par un malheureux cercle, l'ignorance & la corruption du cœur produit la fimonie, & la fimonie augmente l'ignorance & le mépris de la vertu.

XVI.

Ce fut auffi principalement ces trois défordres; la fimonie, les violences des feigneurs Pénitence & l'incontinence des clercs, que les faints de l'onziéme fiécle combattirent avec plus de zele: mais l'ignorance de l'ancienne difcipline, fit que l'on le méprit dans l'application des remedes. Ils étoient de deux fortes : les péniten

VII. C. IO.

ces, & les cenfures, contre ceux qui ne se foû- Alex. 11. mettoient pas à la pénitence. Les pénitences ca- epift. 29. 30. noniques étoient encore en vigueur à la fin de c. Pet. l'onziéme fiécle, j'en ai rapporté des exemples; Dam opufc. & loin de fe plaindre qu'elles fuffent exceflives, on fe plaignoit de certains nouveaux canons fans autorité, qui les avoient notablement diminuées. Mais on s'étoit imaginé, je ne fai fur quel fondement, que chaque peché de mê me efpece meritoit fa pénitence: que fi un ho

11.

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