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I.

Changemens

dans la difci

pline.

Hift. liv. XLIV. 2. 22.

QUATRIE ME DISCOURS fur l'Hiftoire Eccléfiaftique.

Eux qui ont lû avec quelque attention ce

que j'ai donné de cette hiftoire, ont remarqué fans doute une grande difference entre la discipline des dix premiers fiécles & celle des trois fuivans. Elle étoit véritablement trèsaffoiblie dès le dixième fiécle: mais ce n'étoit gueres que par ignorace, & par des tranfgreffions de fait, que l'on condamnoit auffi-tốt qu'on ouvroit les yeux pour les reconnoître. On convenoit toûjours qu'il falloit fuivre les canons & l'ancienne tradition. Ce n'eft que depuis le douzième fiécle, que l'on a bâti fur de nouveaux fondemens & fuivi des maximes inconnues à l'antiquité. Encore croyoit-on la fuivre lorfqu'on s'en éloignoit : le mal eft venu d'une erreur de fait, & d'avoir pris pour ancien ce qui ne l'étoit pas. Car en général on a toujours enfeigné dans l'églife, qu'il falloit s'en tenir à la tradition des premiers fiécles, pour la difcipline auffi bien que pour la doctrine.

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J'ai parlé des fauffes décretales attribuées aux papes des trois premiers fiécles, qui fe trouvent dans le recueil d'Ifidore le Marchand, & qui parurent fur la fin du huitiéme fiécle & j'ai marqué les preuves qui en démontrent la fauffeté. Voilà la fource du mal : l'ignorance de l'hiftoire & la critique a fait recevoir ces décretales, & prendre les nouvelles maximes qu'elles contiennent, pour la doctrine de la plus pure antiquité. Bernard prêtre de Conftance écrivant fur la fin de l'onzième siècle, dit fur la foi de ces décretales, que fuivant

la difcipline des apôtres & de leurs fucceffeurs, les évêques ne doivent jamais être accusez ou très-difficilement : reconnoiffant toutefois que cette difcipline ne s'accorde pas avec le corcile de Nicée. Et avouant que ce concile a défendu les translations d'évêques, il lui oppose Can. 15. Ñ. les papes Evarifte, Callifte & Anteros plus anciens, qui les ont permises.

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Après que l'églife Romaine eut gémi cent cinquante ans fous plufieurs indignes papes qui profanerent le faint fiége: Dieu jettant un regard favorable fur cette premiere églife, lui donna Leon IX. que fa vertu a fait mettre au nombre des faints, & qui fut fuivi dans le reste de l'onziéme fiécle & dans tout le fuivant de plufieurs autres papes vertueux & zélez pour le rétabliffement de la difcipline, comme Gregoire VII. Urbain II. Pafchal II. Eugene III. Alexandre III. Mais les meilleurs intentions deftituées de lumiere font faire de grandes fautes; & plus on court vîte dans un chemin ténébreux, plus les chûtes font frequentes & dangéreuses. Ces grands papes trouvant l'autorité des fauffes décrétales tellement établie, que perfonne ne penfoit plus à la contefter, fe crurent obligez en confcience à foûtenir les maximes qu'ils y lifoient, perfuadez que c'étoit la plus pure difcipline des tems apoftoliques & de l'âge d'or du Chriftianisme. Mais il ne s'apperçurent pas qu'elles contiennent plufieurs maximes contraires à celles de la véritable antiquité.

Vous

Hift. liv. XLIII.2.53.

II.

Conciles.

Dift. 17.

Il eft dit dans les fauffes décrétales, qu'il n'eft pas permis de tenir de concile fans l'ordre ou du moins la permiffion du pape. qui avez lû cette histoire, y avez-vous rien vû de femblable, je ne dis pas dans les trois pre- Hift. Epit. miers fiécles, mais jusqu'au neuviéme? Jesçai ad Max.

que l'autorité du pape a toûjours été néceffaire pour les conciles généraux; & c'est ainfi que Epift Julii fe doit entendre ce que dit l'hiftorien Socrate, ad Orient. qu'il y a un canon qui défend aux églifes de 6. 2. to. 2. faire aucune regle fans le confentement de l'éconc. p. 475. vêque de Rome. Et Sozomene dit, que le foin Socr. 1. 1. de toutes les églifes lui appartient, à cause ibid. Valef de la dignité de fon fiége. Mais quant aux Sozom. lib. conciles provinciaux & ordinaires, les correcIII. c. 8. teurs Romains du décret de Gratien ont reconnu que l'autorité du pape n'y est pas né

• 8.15. &

ceffaire. En effet y a-t'il la moindre trace de Hift. liv. permiffion ou de confentement du pape dans 11. 8. 10. tous ces conciles dont Tertullien, faint Cyprien & Eusebe font mention: foit au fujet de la

22. 21.

pâque, de la reconciliation des pénitens, ou du baptême des hérétiques? Fut-il mention Hift. liv. du pape dans ces trois grands conciles d'AleIV. . 43. xandrie, qui furent tenus fur l'affaire d'Arius *. 45. VII. avant le concile de Nicée ? En fut-il mention n. 7. 27. au concile de C. P. convoqué par l'empereur Theodofe en 381 ? & toutefois le pape faint Damafe & tout l'Occident confentit à fes décifions, en forte qu'il eft compté pour le fecond concile ecumenique. Et je ne parle point de tant de conciles nationaux tenus en France, principalement fous les rois de la feconde race, & en Efpagne fous les rois Goths. Conc. Nic. Quand le concile de Nicée ordonnoit de tenir deux conciles par an en chaque province, fuppofoit-il qu'on envoyeroit à Rome en demander la permiffion? Et comment auroit-on pû y envoyer fi fréquemment des extrémitez de l'Afie ou de l'Afrique ? La tenue des conciles provinciaux étoit comptée entre les pratiques ordinaires de la religion, à proporrion comme la célébration du S. Sacrifice tous les dimanches: il n'y avoit que la violence des per

Liv. XVIII.

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Can. n. S.

fi-tôt

fécutions qui en interrompit le cours
que les évêques fe trouvoient en liberté, ils y
revenoient comme au moyen le plus efficace
d'entretenir la difcipline. Cependant en con-
féquence de cette nouvelle maxime, il ne s'eft
prefque plus tenu de conciles depuis le dou-
ziéme fiècle, où n'ayent préfidé des légats du
pape, & on s'eft infenfiblement défaccoutumé
de tenir des conciles.

Jugemens

Il eft dit dans les fauffes décretales, que les III. évêques ne peuvent être jugez définitivement que par le pape feul, & cette maxime y eft des évêques, fouvent répétée. Toutefois vous avez vû cent exemples du contraire, & pour m'arrêter à un des plus illuftres, Paul de Samofate évêque d'Antioche, le premier fiége de S. Pierre & la troifiéme ville de l'empire Romain, fut jugé & déposé par les évêques d'Orient & des pro- ther. c. 2 3. Epid. Elesvinces voifines, fans la participation du pape, q 6. à qui ils fe contenterent d'en donner avis après Quamvis la chofe faite, comme il fe voit par leur lettre Victor ep. fynodale; & le pape ne s'en plaignit point. Jul. 2. c. Rien n'eft plus fréquent dans les neufs premiers 1. Hift. liv. fiécles, que les accufations & les dépofitions v11. d'evêques mais leurs procès fe faifoient dans Enfeb. vii. les conciles provinciaux, qui étoient le tribunal ordinaire pour toutes les caufes eccléfiaftiques. Il faut ignorer abfolument l'hiftoire de l'églife, pour s'imaginer qu'en aucun tems ni en aucnn pais on n'ait jamais pû juger un évêque fans l'envoyer à Rome ou faire venir une commiffion du pape.

:

Sans même fçavoir les faits, il ne faut qu'un peu de bon fens pour voir que la chofe étoit impoffible. Dès le quatriéme fiécle il y avoit un nombre prodigieux d'églifes en Grece, en Afie, en Syrie, en Egypte & en Afrique, fans parler du refte de l'Occident, & la

I. c. 3.

30. to

4.

I.

conc. p. 896,

plupart des évêques étoient pauvres & hors d'état de faire de grands voyages: auffi les empereurs les défrayoient pour les conciles généraux. Comment auroit-on pû les faire venir à Rome & non-feulement eux, mais leur accufateurs & les témoins encore plus pauvres. pour la plupart? C'eft toutefois ce qu'a dû fuppofer l'auteur des fauffes décretales; & l'abfurdité de fa fuppofition a paru évidemment quand les papes ont voulu la réduire en pratique. Gregoire VII. par exemple persuadé de bonne foi, que lui feul étoit le juge compétent de tous les évêques, les faifoit venir tous les jours du fond de l'Allemagne, de la France ou de l'Angleterre. Il falloit quitter leurs églifes pendant des années entieres pour aller à Rome à grands frais, fe deffendre contre des accufateurs qui fouvent ne s'y trouvoient pas : on obtenoit délais fur délais : le pape donnoit des commiffions pour informer fur les lieux & après plufieurs voyages & de longues procédures il donnoit fon jugement définitif, contre lequel on revenoit fous un autre pontificat. Souvent auffi l'évêque cité à Rome n'obéiffoit pas, foit par l'impoffibilité de faire le voyage par maladie, pauvreté ou autre empêchement, foit parce qu'il fe fentoit coupable: il méprifoit les cenfures prononcées contre lui, & fi le pape vouloit lui donner un fucceffeur, il s'endeffendoit à main armée. Vous en avez vû des exemples ; & voilà les inconvéniens de vouloir réduire en pratique ce qui n'a jamais été pratiqué ni pratiquable.

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Il eft vrai qu'en des occafions rares d'une oppreffion manifefte & d'une injustice criante les évêques condamnez par leurs conciles pouvoient avoir recours au pape comme fupérieur de tous les évêques & confervateurs

des

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