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11. n. 36.

Hincmar.

truit que les autres de l'ancienne difcipline Hift. livre s'oppola vigoureufement à cette nouveauté foûtenant que ce remede ne devoit être accorOp. 47. to. dé tout au plus qu'aux évêques, mais non aux 2. q. 768. prêtres. Vous avez vû enfuite les plaintes d'YIvo, ep. 180. ves de Chartres & de S. Bernard contre cet abus, qui de leur tems étoit déja monté au comble. Ils montrerent que cette liberté d'apHift. livre peller au pape en toutes matieres & en tout LXVV. m. 33. état de caufe, énervoit entierement la difciXIX, 2.58 pline: que les mauvais prêtres & les autres

210.

Bern. Confid.

III. c. 2.

pécheurs indociles avoient par-là un moyen für pour éluder la correction, ou du moins pour la differer: que le pape étoit fouvent mal informé & obligé à retracter les jugemens qu'il avoit donnez, par furprise: enfin que les évêques rebutez de la longueur des procedures, de la dépense & de la fatigue des voyages & de tant d'autres difficultez, perdoient courage & fouffroient les défordres qu'ils ne pouvorent empêcher. Les papes fe trouverent euxmêmes incommodez de cette liberté d'appeller en toute occafion, qui retardoit fouvent l'exécution de leurs ordres; & de-là vint la clause: Nonobftant l'appel, qui paffa en stile dans leurs bulles.

Si faint Bernard s'élevoit avec tant de vigueur contre cet abus, en fuppofant la néceffité des appellations: que n'eût-il point dit, s'il eût fçu que l'ufage en étoit nouveau & fondé fur des pieces fauffes? Combien auroitil parlé plus fortement contre la multitude d'affaires dont le pape étoit accablé ? il fçavoit que felon les maximes de l'évangile, un évêque & un fucceffeur des apôtres devoit être degagé des affaires temporelles, pour vacquer à la priere & à l'inftruction des peuples: mais l'autorité de la coûtume les retenoit; & faute

de connoître affez l'antiquité & de fçavoir comment les papes étoient tombez dans cet embarras d'affaires, il n'ofoit trancher le mot & confeiller à Eugene de revenir à la fimplicité des premiers ficcles.

Cependant la defcription que ce S. docteur nous a laiffé de la cour de Rome, nous fait voir combien ce nouveau droit des fauffes décretales, avoit nui au S. fiége fous prétexte d'étendre fon autorité. Car S. Bernard nous réprefente le confiftoire des cardinaux comme un parlement ou un tribunal fouverain, occupez à juger des procès depuis le matin juf ques au foir, & le pape qui y préfidoit, tellement accablé d'affaires qu'à peine avoit-il un moment pour refpirer. La cour de Rome pleine d'avocats, de folliciteurs, de plaideurs paffionnez, artificieux, intéreffez, ne cherchant qu'à fe furprendre l'un l'autre & s'enrichir aux dépens d'autrui. Nous en prenons la même idée par l'hiftoire des papes du douzième & du treiziéme fiécle & par leurs lettres, particulierement celles d'Innocent III. où nous voyons un fi prodigieux détail des affaires de toute la Chrétienté. Ces lettres seules étoient une terrible occupation car encore que le pape ne les compofat pas lui même, il falloit au moins qu'il s'en fit rendre compte & qu'il prit connoiffance des affaires les plus importantes. Et comment un pape fi occupé pouvoit-il trouver du tems pour la priere, pour l'étude des faintes écritures, pour la prédication & les autres devoirs effentiels de l'épifcopat? Je ne parle point encore des foins que lui donnoit fon état comme prince temporel : j'y viendrai enfuite.

VI.

Extention

Je vois bien qu'en étendant à l'infini l'auforité du pape, on croyoit lui procurer un de l'autorité Nij

du pape

grand avantage, & faire valoir fa primauté. Il falloit donc ignorer abfolument l'hiftoire de l'églife, ou fuppofer que les plus grands papes comme S. Leon & S. Gregoire avoient négligé leurs droits & laiffé avilir leur dignité. Car il eft bien certain dans le fait, qu'ils n'ont jamais exercé cette autorité marquée dans les décretales d'Ifidore. Mais approfondiffons un peu. Ces faints papes n'avoient-ils point de bonnes raifons pour en ufer ainfi ? N'avoientils point des pensées plus hautes & une connoiffance plus parfaite de la religion que Gregoire VII. & Innocent III ? Les hommes vulgaires ne cherchent que leur intérêt particuHier les philofophes qui portent plus loin leurs penfees, voyent par la feule raifon naturelle, qu'en toute focieté l'intérêt de chaque particulier, même de celui qui gouverne, doit ceder à l'intérêt de la focieté entiere. Or il n'eft pas permis de penser que Jesus-Christ ait établi fon églife fur des maximes moins pures que celles de philofophes payens: auffi n'a-t-il propofé à ceux qui gouvernoient fidellement fon troupeau aucun avantage en cette vie, mais feulement la récompenfe éternelle proportionnée à leur charité.

Avouons donc de bonne foi que les papes des cinq ou fix premiers fiécles, avoient raifon de confidérer l'utilité de l'églife univerfelle, préferablement à ce qui pouvoit paroître avantageux à leur perfonne ou leur fiége. Ayouons encore que l'utilité de l'églife, demandoit que toutes les affaires fuffent jugées fur les lieux, par ceux qui le pouvoient avec plus de connoiffance & de facilité; que les évêques, fur tout leur chef, fuffent détournez le moins qu'il étoit poffible de leurs fonctions fpirituelLes & effentielles, & que chacun d'eux demen

rât fixe dans l'église oû Dieu l'avoit mis, appliqué continuellement à inftruire & à fanctifier fon peuple. Peut-on comparer à des biens fi folides le trifte avantage de rendre le pape terrible par toute la terre; & de faire venir à Rome de tous côtez, les évêques & les clercs, foit par la crainte des cenfures, foit par l'efpérance des graces?

pe

pour

l'enrichir

Je fçai que cette foule de prélats & d'autres étrangers que divers intérêts attiroient à Ro¬ me, y apportoit de grandes richeffes, & que fon peuple s'engraiffoit aux dépens de tous les autres: mais j'ai honte de faire mention d'un tel avantage lorfqu'il s'agit de la religion. Le paétoit-il donc établi à Rome ou pour la fanctifier ? & S. Gregoire ne faifoitHift. iv. il pas mieux le devoir de pere commun lorf- xxxv. n. 9, qu'il répandoit fi abondamment par ses aumônes dans toutes les provinces les revenus immenfes de l'églife Romaine? Or ces papes qui enrichiffoient Rome, ne la fanctifioient pas :il semble même qu'ils défefperoient de le pouvoir faire, fuivant l'affreufe peinture que nous a fait S. Bernard du peuple Romain de fon tems. C'é- Iv. Confid. toit pourtant le premier devoir d'un pape, comme leur évêque, de travailler à leur converfion; & il y étoit plus obligé qu'à juger tant de procès entre des étrangers.

par

c. 2. &c.

Le décret de Gratien acheva d'affermir & d'étendre l'autorité des fauffes décretales que l'on hift. liv, y trouve femées tout: car pendant plus de trois fiécles on ne connoiffoit point d'autres LXX. n. 28, canons que ceux de ce recueil, on n'en fuivoit point d'autres dans les écoles & dans les tribunaux.Gratien avoit même лencheri fur ces décretales pour étendre l'autorité du pape, 16. foutenant qu'il n'étoit point foumis aux canons, ce qu'il dit de fon chef & fans en ap

II. q. n. Cr

XII.

11.4.1.3.5.

37.

Hift. liv.

XLVI. n. 8.

pape

porter aucune preuve d'autorité. Ainfi fe forma dans l'églife Latine une idée confuse que la puiffance du étoit fans bornes; ce principe une fois pofe on en atiré plufieurs conféquences au-de-là des articles exprimez formellement dans les fauffes décretales; & les nouveaux théologiens n'ont pas affez diftingué ces opinions d'avec l'effentiel de la foi catholique touchant la primauté du pape & les regles de l'ancienne difcipline.

Outre ce qui regarde le pape, Gratien a mis Immunitez dans fon décret de nouvelles maximes toudes Clercs. chant l'immunité des clercs, qu'il foûtient ne pouvoir être jugez par les laïques en aucun cas; & pour le prouver, il rapporte plufieurs articles des fauffes décretales, & la prétendue loi de Théodofe adoptée par Charlemagne pour étendre exceffivement la jurifdiction des évêques. Il joint un article tronqué d'une Novelle de Juftinien, qui dans fon entier dit tout le 1. c. 45. §. contraire. Cependant cette conftitution ainfi alterée, fut le principal fondement de S. ThoNov. 83. mas de Cantorberi, pour réfifter au roi d'AnHift. liv. gleterre avec cette fermeté qui lui attira la perfécution & enfin le martyre. La maxime étoit fauffe dans le fonds, mais elle paffoit pour vraye chez les plus habiles canoniftes.

Capitul. VI. *. 366. al.

281. 11.9.

2.

6.3.

XXXI. n. 6.

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Ces exemples montrent bien fenfiblement l'importance de la critique, que les fcholaftiques fpéculatifs & pareffeux méprifent comme un amufement pueril & une vaine curiofité. Apprendre diverfes langues jufqu'à les fçavoir exactement: pefer chaque mot pour en fçavoir la fignification propre & même l'étimologie: obferver la différence des ftiles en chaque langue felon les tems & les lieux: chercher les hiftoires de chaque nation & ne s'arrêter qu'aux originales: les lire avec réflexion

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