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felon eux le défabufer. Je ne difpute point contre ces politiques, il faudroit commencer par les inftruire & les convertir. Mais je crois devoir fatisfaire, s'il eft poffible, les gens de bien fcrupuleux, qui par un zéle peu éclairé tombent dans le même inconvénient de trembler lorfqu'il n'y a pas fujet de craindre. Que craignez-vous, leur dirois-je ? Eft-ce de connoître la verité? Vous aimez donc à demeurer dans l'erreur ou du moins dans l'ignorance ? Et demeurer en sûreté, y pouvez-vous vous qui devez inftruire les autres; car je parle aux eccléfiaftiques à qui il convient principalement de fçavoir l'histoire de la religion. Peut-on encore dans la lumiere de notre fiécle foûtenir la donation de Conftantin & les décrétales d'Ifidore ? Et fi ces piéces font infoûtenables, peut-on en approuver les conféquences?

GreReconnoiffons donc de bonne foi que goire VII. & Innocent III. trompez par ces piéces & par les mauvais raisonnemens des théologiens de leur tems, ont pouffé trop loin leur autorité & l'ont renduë odieuse à force de l'étendre ; & ne prétendons pas foûtenir des excès, dont nous voyons les caufes & les funeftes effets. Car enfin quoi qu'on puiffe dire, il est évident que les premiers fiécles nous fourniffent un plus grand nombre de faints papes que les derniers ; & que les mœurs & la difcipline de l'églife Romaine étoient bien plus pures. Or il n'eft pas croyable que les papes n'ayent commencé à connoître leurs droits & à exercer leur puiffance dans toute fon étendue, que depuis que leur vie a été moins édifiante & leur troupeau particulier moins reglé. Cette reflexion fournit un prejugé fâcheux contre les nouvelles maximes.

XIV.

contre les

De tous les changemens de difcipline, je Rigueur n'en vois point qui ait plus décrié l'église que la rigueur exercée contre les hérétiques & les Hift. liv. autres excommuniez. Vous avez vû comme XVII. 2. 58. Severe Sulpice blâme les deux évêques Idace Sulp. hift, I. & Ithace, de s'être adreffez aux juges féculiers

hérétiques.

32.

pour faire chaffer des villes les Prifcillianiftes, & traite de honteufes les pourfuites qu'ils firent contre eux auprès de l'empereur Gratien. On fut bien plus indigné quand on les vit fuivre les coupables à Treves en qualité d'accufateurs. S. Martin preffoit Ithace de fe défifter, & prioit l'empereur Maxime d'épargner le fang des hérétiques: mais quand ils eurent été executez à mort, S. Ambroife & Liv. xv111. S. Martin ne communiquerent plus avec Ithace, ni avec les évêques qui demeuroient dans fa communion, quoiqu'ils fuffent protegez par l'empereur : & l'évêque Theognofte rendit pu⚫bliquement une fentence contre eux. Enfin S. Martin fe reprocha toute fa vie d'avoir communiqué en paffant avec ces Ithaciens pour fauver la vie à des innocens. Tant il paroiffoit horrible que des évêques euffent trempé dans la mort de ces hérétiques: quoique leur fecte fût une branche de l'héréfie déteftable des Manichéens.

1. 29. 30.

n. 39.

Les donatiftes & particulierement leurs Circoncellions exerçoient contre les Catholiques des cruautez inouies; & toutefois voici comme S. Auguftin écrit à Donat proconful d'Afrique fon ami, chargé d'executer contre eux les loix imperiales: Quand vous jugez les caufes de l'églife, quelque atroces que foient les injures qu'elle a fouffertes, nous vous prions d'oublier que vous avez le pouvoir d'ôter la epift. 100. vie ; ne méprifez pas cette priere que nous vous faifons pour ceux dont nous demandons

al. 127.

à Dieu la converfion. Outre que nous ne de- Hift. liv, vons jamais nous écarter de notre réfolution, x11, n, 19. de vaincre le mal par le bien : confiderez qu'il n'y a que les eccléfiaftiques qui prennent foin de porter devant vous les caufes de l'église. De forte que fi vous puniffez de mort les coupables, vous nous ôterez la liberté de nous plaindre : & ils fe déchaîneront plus hardiment contre nous nous voyans réduits à la néceffité de nous laiffer ôter la vie plûtôt que de la leur faire perdre par vos jugemens. Il finit fa lettre par ces paroles remarquables : Quelque grand que foit le mal qu'on veut faire quitter & le bien qu'on veut faire embraffer, c'est un travail plus onereux qu'utile d'y contraindre au lieu d'inftruire.

Saint Augustin écrivit de même quelques ep. 133. al. années aprés au comte Marcellin en faveur 139. Hift. i. des Donatiftes, qui avoient tué un prêtre xx11 m. 47 d'Hippone & mutilé un autre. Il le conjure de ne les pas traiter comme ils avoient traité les Catholiques, & ajoûta: Nous pourrions diffimuler leur mort, puifque nous ne les avons ni accusez, ni amenez devant vous mais nous ferions fâchez que les fouffrances des ferviteurs de Dieu fuffent vengées par la loi du talion. Il en écrivit auffi au proconful Apringius, à qui il dit, 160. qu'on fera lire dans l'églife les actes du procès de ces hérétiques, pour ramener ceux qu'ils ont féduits. Voulez-vous, ajoûte-t'il, que nous n'ofions les faire lire jufques au bout, s'ils contiennent l'exécution fanglante de ces p. 139. al. malheureux ? Dans une autre lettre à Marcel- 150. lin, il dit, que les fouffrances des ferviteurs de Dieu feroient deshonorées par le fang de leurs ennemis, & cite l'exemple des Martyrs d'Anaune.

p. 134. al.

Hift. liv.

XX. n. 22.

C'étoit trois eccléfiaftiques qui furent tuez par les barbares du Trentin aufquels ils prêchoient l'évangile. Les meurtriers furent pris, mais on demanda leur grace à l'empereur, qui l'accorda facilement. Dix ou douze ans auparavant Marcel évêque d'Apamée en Syrie ayant été brûlé vif par des payens, dont il avoit abattu le temple, fes enfans vouloient venger fa Liv. Xv111. mort, mais le concile de la province s'y oppoSozom. VII. fa, jugeant qu'il n'étoit pas juste de pourfuivre la punition d'une mort, dont il falloit plûtôt rendre graces à Dieu. Entre plufieurs autres exemples femblables, je m'arrête à celui-ci, parce que rien ne fait mieux voir quel étoit fur ce point l'efprit de l'églife que la décifion d'un concile entier.

Hift. livre

21.

Mais cette fainte difcipline étoit oubliée dès XLIII. n. 21. le huitiéme fiécle. La mort de S. Boniface de Liv. Lv. n. Mayence fut vengée par les Chrétiens du pays, & plufieurs payens tuez à cette occafion. Saint Liv. LXII. Venceslas duc de Bohême ayant été tué en haine de la religion par fon frere Boleflas: Otton I. roi d'Allemagne fit la guerre à celui

#. 62.

Ltv. LXXII.

ci

pour venger la mort du martyr. Boleflas le cruel, roi de Pologne ayant tué S. Staniflas évêque de Cracovie, fut privé de la dignité royale par le pape Gregoire VII. fuivant les hiftoriens Polonois. Si-tôt que S. Thomas de Cantorberi eut été tué, le roi de France & 54. 37. l'archevêque de Sens fon beaufrere envoyerent au pape demander juftice de la mort du faint prélat, qu'ils traitoient toutefois de martyr; & le pape ne fe laiffa fléchir qu'à de preffantes follicitations, pour ne pas excommunier le roi d'Angleterre & mettre le royaume en interdit ce qui fuivant les maximes du tems tendoit à le détroner. Auffi ce prince en eut une telle allarme, qu'il fe retira en Irlande *

jufques à ce qu'il fût affuré de fon abfolution. Liv. LXXVY. Le pape Innocent III. décerna les plus gran-,11 11.20, des peines contre le comte de Toulouse, que l'on croyoit auteur du meurtre du bienheureux Pierre de Caftelnau. Il ordonna de le dénoncer excommunié : il déclara tous ceux qui lui avoient fait ferment difpenfez de l'obferver, & permit à tout Catholique de pourfuivre fa perfonne & s'emparer de fes terres. Enfin rien n'eft plus éloigné de l'ancienne douceur eccléfiaftique que la conduite de Henri archevê que de Cologne pour venger la mort de faint gelo. Sur 72 Engelbert fon prédéceffeur. Si-tôt qu'il est élu Nov. archevêque il fait ferment de poursuivre cette vengeance toute fa vie. Il fait porter avec lui

le

Vita S. Ex

corps à la diete & le prefente au roi & aux feigneurs: il fait mettre au ban de l'empire le comte Frideric auteur du meurtre : il promet mille marcs d'argent à quiconque le lui livrera, il le paye au double ; & l'ayant pris, le fait mourir cruellement par la main du boureau, quoiqu'il témoignât tout le répentir pof- Liv. LV1117

fible.

3. 53.

Liv. LXVI

n. 10.

A l'égard des hérétiques, ceux qui furent découverts à Orleans & convaincus en préfence du roi Robert, furent brûlez auffi-tôt ; & fi les évêques ne poursuivirent pas leur mort, du moins il ne paroît pas qu'ils s'y oppofaf fent. Mais les Bogomiles Manichéens comme ceux-ci, que l'empereur Alexis Comnene découvrit à C. P. furent condamnez au feu par le clergé & le patriarche même. Ce fut la peine ordinaire de ces hérétiques nommez Cathares, Patarins, Albigeois & de plufieurs au-9. C. Thi tres noms fuivans les pays, mais tous Mani- de bor. 1.12, chéens. Ils avoient été condamnez à mort dès le quatriéme fiècle par l'empereur Theodofe enfuite par l'empereur Justin, & leurs abom

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