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Sivre XXXI.

ห. 59.

Hift. liv. nations le méritoient bien : mais ce n'étoit pas . . 9. aux eccléfiaftiques à en poursuivre l'exécution. Auffi voyons-nous que le concile de Latran fous Alexandre III. reconnoît que l'églife Can. 27 rejette les exécutions fanglantes, quoiqu'elle Hift. liv. fouffre d'être aidée par les loix des princes Chrétiens pour réprimer les hérétiques, la maxime a toûjours été conftante.

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22.

ap. Rain.

1204 n. 65.

LXXVI. B.

47.

Mais dans la pratique on ne l'a pas toujours fuivie. Quand le pape Innocent III. écrivoit au roi Philippe Augufte d'employer fes armes contre les Albigeois, & quand il faifoit prêcher en France la croifade contre eux, étoit-ce rejetter les exécutions fanglantes? Je parlerai Hift. livre des croifades en général dans un autre difcours je ne parle ici que de la poursuite des hérétiques, & j'avoue que je ne puis accorder la conduite des eccléfiaftiques du treiziéme fiécle avec celle des faints du quatriéme. Quand je vois les évêques & les abbez de Cifteaux à la Hift. Albig. tête de ces armées qui faifoient un fi grand carnage des hérétiques, comme à la prife de Beziers. Quand je vois l'abbé de Cifteaux defirer la mort des hérétiques de Minerbe, quoiqu'il n'ofat les y condamner ouvertement parce qu'il étoit moine & prêtre ; & les croifez brûler ces malheureux avec grande joye, comme dit le moine de Vaux Sernai en plufieurs endroits de fon hiftoire, en tout cela je ne reconnois plus l'efprit de l'églife.

6. 16. c. 37.

Si l'on n'épargnoit pas la vie des hérétiques, il ne faut pas s'étonner qu'on leur ôtât leurs biens. Auffi avez-vous vû que Gregoire VII. offroit à Suenon roi de Danemarc une provinHift. liv. ce très-riche occupée par des hérétiques pour LX11. n. 19. être le partage d'un de fes fils: comme fi l'héréfie étoit un titre légitime de conquête. Depuis les canoniftes ont établi en maxime que les

111. ep. 51.

Jo tract 6.

hérétiques n'ont droit de poffeder: fe fondant Dift. 8. c. 1. fur quelques paffages de S. Auguftin rapportez 23. q. 7. par Gratien. Mais ils ont étendu à tous les hé- Aug. in rétiques & à tous leurs biens ce que S. Auguftin in fine ad ne dit que des Donatiftes, des amendes pécu- Vincent. cp. niaires décernées contre eux & des biens d'é- 93. al. 48. glifes qu'on les avoit obligez à rendre. Laiffez ad Bonif. cp. les réfléxions de Gratien, les fommaires & les 185. al. 50. gloses modernes & lifez les textes originaux: vous verrez qu'ils ne refpirent que douceur & charité, & qu'il ne s'agit que de restitutions juftes & de peines médicinales pour la converfion des hérétiques.

Hift. liv.

XX111. 29.

Hift. 1. 18. n. 50. 62,

Quand S. Gregoire de Nazianze fut appellé à C.P. quoiqu'il pût fe prévaloir de toute la puiffance de l'empereur Theodofe, il ne s'appuya que fur la patience chrétienne; il ne follicita point les magiftrats pour faire exécuter contre les hérétiques les loix qu'ils méprifoient.. Loin de faire confifquer leurs biens, il ne voulut pas faire la moindre démarche pour les obliger à la reftitution des revenus immenses de fon églife, qu'ils pilloient depuis quarante ans. Il pardonna généreufement à un affaffin venu jufques dans fa chambre pour le tuer. Il Epift. 81, fouffrit d'être pourfuivi à coup de pierres jufques dans l'églife; & répondit à un ami quí en étoit indigné : il eft bon de faire punir les coupables pour la correction des autres, mais il eft meilleur & plus divin de fouffrir. Ces nobles fentimens étoient oubliez au douzième fiécle, où Pierre de Celles écrivant à S. Thomas de Cantorberi, difoit que la patience feule éoit le partage de la primitive église perfécutée par les ennemis du dehors. Mais à préfent, ajoûte-t'il, qu'elle eft venuë en âge mûr, elle doit corriger fes enfans. Comme fi l'églile n'avoit pas été dans fa force fous le grand

lib 1. epift.

10.

XV.

Theodofe, ou n'avoit fouffert que par foibleffe les perfécutions des payens & des hérétiques.

Je finis ces triftes réfléxions par le changeChange- ment introduit dans les pénitences. On tourmens dans la na les pénitences publiques en fupplices & en pénitence peines temporelles. J'appelle fupplices ces fpec

liv.

LXXIII.

#. IX. LXXV.
#. 56.
Hift. liv.

2XXVI. n.

47.

tacles affreux que l'on donnoit au public, fai fant paroître le pénitent nud jufques à la ceinture, avec la corde au col & des verges à la main, dont il fe faifoit fuftiger par le clergé, comme on fit entr'autres à Raimond le vieux comte de Toulouse. Je ne doutej point que ce ne foit l'origine des amendes honorables rcçûes depuis plufieurs fiécles dans les tribunaux féculiers, mais inconnues à toute l'anHift. Alb. tiquité; & c'eft auffi la fource de ces confrairies de pénitens établis en quelques provinces: pénitens feulement de nom pour la plûpart. Ces pénitences étoient plus fpecieuses que férieufes; ce n'étoit pas des preuves de la converfion fincere du pécheur, ce n'étoit fouvent des effets de la crainte de perque

$9.40.

dre fes biens temporels. Le comte de TouHift. livre loufe craignoit la croifade que le pape faifoit 1x11. 7. 37. prêcher contre lui; & pour remonter plus haut, quand l'empereur Henri IV. demanda fi humblement au pape Gregoire VII. l'absolution des cenfures, jufques à demeurer trois jours à fa porte nuds pieds & jeûnant jusques au foir: c'eft qu'il craignoit de perdre fa couronne s'il demeuroit excommunié pendant l'année entiere. Auffi l'un & l'autre de ces princes ne fut pas meilleur après l'absolution que devant. Ces pénitences forcées n'étoient pas durables: la honte que l'on y joignoit loin de produire une confufion falutaire, ne faifoit qu'aigrir le pécheur, & lui faire cher

cher la vengeance de l'affront qu'il avoit reçu. Hom, 2. iu Car comme dit S. Chryfoftôme, celui qui eft Tit. 1. 7. infulté en devient plus audacieux, il perd le refpect & méprise celui qui l'infulte.

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LXXVI. #,

44.

Pour rendre les penitences plus fenfibles, on y joignoit des amendes pécuniaires, que l'on exigeoit avant que de donner l'abfolution; & pourvû qu'elles fuffent payées on paffoit facilement le refte de la pénitence. Vous Hift. liøs avez vû comme S. Hugues de Lincolne ré- LXXIV. 8. prima cet abus. Ainfi les pénitences & les ab- 46. folutions devinrent des affaires temporelles à l'égard des particuliers auffi bien que des princes. Il ne fut plus queftion de s'affurer par de longues épreuves de la converfion du cœur qui étoit le but des pénitences canoniques, mais de prendre des sûretez pour la reftitution des biens ufurpez & des dommages caufez, ou pour le payement de l'amende ; & comme le pénitent, principalement fi c'étoit un prince, étoit preffé de faire ceffer les effets de l'excommunication ou de l'interdit, il commençoit par le faire abfoudre, en promettant par ferment de fatisfaire à l'églife dans un certain terme, fous peine d'être excommunié de nouveau. L'éxécution manquoit fouvent, & alors c'étoit à recommencer : car de pécheur non converti, ne fe mettoit pas en peine de fatisfaire, quand il avoit obtenu par l'abfolution ce qu'il défiroit, qui étoit de rentrer dans fes droits, ou d'être délivré de la crainte de les perdre ; vous en avez déja vû des Morin. pæð exemples & vous en verrez beaucoup dans la nit, . K. 64 fuite. En même tems s'introduifit l'ufage de 24. ". 8. donner l'abfolution même dans la pénitence fecrette auffi-tôt après la confeffion & la fatisfaction impofée & acceptée : au lieu que dans l'antiquité on ne la donnoit qu'à la fin, ou du

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Ibid. c. 25. th. 7.8.&c.

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moins après qu'une grande partie de la pénitence étoit accomplie. Ce changement fut fondé fur les raifonnemens des docteurs fcolaftiques : que l'on ne devoit pas refuser l'abfolution exterieure à celui que l'on devoit croire l'avoir déja reçuë de Dieu intérieurement en vertu de la contrition qu'il paroifsoit avoir dans le cœur ; & qu'étant en état de grace, il feroit plus utilement les œuvres fatisfactoires. Mais il falloit confiderer, qu'un homme eft bien plus excité à agir par l'efperance d'obtenir ce qu'il défire que par la reconnoiffance de l'avoir reçû, ou par la fidélité à la promeffe qu'il a faite pour l'obtenir. Le malade obferve mieux le régime qui lui eft prefcrit pour recouvrer la fanté, que pour la conferver quand il croit être guéri. On voit peu de créanciers, qui vouluffent donner quittance par avance, fur la promefe que feroit le débiteur, même avec ferment de payer à certain terme.

D'ailleurs les pénitences, c'est-à-dire, les œuvres fatisfactoires, s'éloignoient de plus en plus de la féverité des anciens canons que l'on ne propofoit plus aux confeffeurs que comme des exemples pour les diriger, & non des regles pour les obliger: fuppofant fauffement que la nature étoit affoiblie & que les corps n'avoient plus la même force pour fupporter les jeûnes & les autres aufteritez. Quelques docteurs alloient jufques à dire que c'étoit judaïfer que s'attacher à la lettre des anciens canons. On étendit à tous les prêtres le droit qu'avoient toûjours eu les évêques de mitiger Gaill.Parif. les pénitences, foit en adouciffant les œuvres de panit. c. pénales, foit en abrogeant le tems: enfin on 17. top. établit la maxime générale que les pénitences 192.6. étoient arbitraires. Et comme dès-lors le nom

bre

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