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feul, empêchoit plufieurs péchez, & le refpect humain venoit au fecours de la foi.On recouvre Aug. ferm. peu à peu, dit S. Auguftin, ce que l'on a perdu 278. n. 38. tout à la fois. Car fi l'homme revenoit prompal. 34. de tement à fon premier bonheur, il regarderoit diverf. c. 3. comme un jeu la chûte mortelle du péché.

Que fi nous en jugeons par les effets, nous verrons encore combien cette rigueur étoit falutaire. Jamais les péchez n'ont été plus rares parmi les Chrétiens, & à proportion que la difcipline s'eft relâchée, les mœurs fe font corrompues. Jamais il ne s'eft converti plus d'infidéles, que quand l'examen des catécuménes étoit le plus rigoureux, & les pénitences des baptifez les plus féveres. Les œuvres de Dieu ne fe menent pas par une politique humaine. Nous le voyons en petit dans les communautez religieufes. Celles qui ont relâché leur obfervance, diminuent de jour en jour, quoique le prétexte du relâchement foit d'attirer plus de fujets, en s'accommodant à la foibleffe humaine. Les maifons les plus régulieres & les plus aufteres, font celles où l'on s'empreffe le plus de trouver place.

Auffi faudroit-il bien être téméraire pour accufer de dureté ou d'indifcrétion, je ne dis pas les apôtres infpirez de Dieu, mais faint Cyprien, S. Grégoire Thaumaturge, faint Bafile & les autres, qui nous ont laiffé ces regles de pénitence. A ne regarder que les difpofitions naturelles, nous ne connoiffons point d'hommes plus fages, plus doux, plus polis: la grace venant par-deffus, ne les avoit pas gâtez. Ils fe propofoient toujours pour modéle, celui qui eft venu fauver les ames, & non pas les perdre, qui eft doux & humble de cœur. Les peuples qu'ils avoient à gouverner,n'étoient pas non plus des nations dures & fauvag

8. 24. 25.

c'étoient des Grecs & des Romains, dont les mœurs dans la décadence de l'empire, n'étoient que trop amolies par le luxe & la fauffe politeffe.

D'où venoit donc cette rigueur des pénitences? de l'ardente charité de ces faints pafteurs, accompagnée de prudence & de fermeté. Ils vouloient férieufement la converfion des pécheurs, & n'épargnoient rien pour y parvenir. Un Médecin flateur, intéreffé, ou pareffeux, fe contente de donner des remedes palliatifs, qui appaifent la douleur dans le moment, fans fatiguer le malade. Il ne fe met pas en peine s'il retombe fréquemment, & s'il mene une vie languiffante & méprifable: pourvû qu'il foit bien payé, fans fe donner beaucoup de peine, & qu'il contente les malades dans le moment qu'il les voit. Un vrai médecin aime mieux n'en traiter qu'un petit nombre & les guérir. Il examine tous les accidens de la maladie, en approfondit les causes & les effets, & ne craint point de prefcrire au malade le régime le plus exact & les remedes les plus douloureux, quand il les juge propres à tarir la fource du mal. Il abandonne le malade indocile, qui ne veut pas fe foumettre à ce qui eft néceffaire pour le guérir.

Ainfi nos faints évêques n'accordoient la pénitence, qu'à ceux qui la demandoient, & qui témoignoient vouloir fincérement le converMaurs Chr. tir. On n'y forçoit perfonne, mais ceux qui ne s'y foumettoient pas, étant convaincus de quelque péché fcandaleux, étoient exclus de la communion des fidéles. Quant à ceux qui embraffoient la pénitence, les pafteurs les conduifoient, fuivant les regles qu'ils avoient reçues de leurs peres, & qu'ils appliquoient avec un grand foin & une grande difcrétion

felon les befoins de chacun: excitant la tiédeur des uns, retenant le zéle indifcret des autres : les faifant avancer ou reculer, felon leurs progrès effectifs: enfin prenant toutes les précautions poffibles, pour s'affurer de leur converfion, & les préferver des rechûtes. Que tout homme véritablement Chrétien juge en fa confcience, fi cette conduite étoit cruelle, ou charitable. Auffi ne s'en plaignoit-on point, & vous n'avez vû jufques ici aucune plainte dans les conciles, finon qu'en quelques églifes, la pénitence commençoit à fe relâcher, ce que l'on regarde toujours comme un abus. Vous verrez dans la fuite qu'il s'eft toujours augmenté, d'un côté par la dureté & l'indocilité des peuples barbares, & de l'autre par l'ignorance & la foibleffe des pafteurs.

IX.

n. 22.

Au refte l'efprit de l'églife étoit tellement l'efprit de douceur & de charité, qu'elle em- Douceur de pêchoit, autant qu'il étoit poffible, la mort l'églife. des criminels, & même de fes plus cruels ennemis. Vous avez vu comme on fauva la vie Hift. 1. x aux meurtriers des martyrs d'Anaune, & quels efforts fit faint Auguftin, pour garantir de la Liv. XXII. rigueur des loix les Donatiftes qui avoient". 47. exercé tant de cruautez contre les Catholiques. Vous avez vu combien l'église détefta le zéle indifcret de ces évêques, qui avoient poursuivi la mort de l'héréfiarque Prifcillien. En géné- Liv. 111. ral l'églife fauvoit la vie à tous les criminels, autant qu'il étoit poffible, pour procurer leur converfion, & les amener au baptême ou à la pénitence. Saint Auguftin rend raison de cette conduite dans la lettre à Macédonius, où l'on Liv. xx11. voit que l'église defiroit qu'il n'y eût en cette ». 52. epift. vie que des peines médicinales, pour détruire, 153. al. 5th non l'homme, mais le péché, & préferver le pécheur du fupplice éternel,qui eft fans remede.

n. 2.1.59.

Cette conduite rendoit l'église aimable, même aux payens.

V Inftitut. Les faints évêques qui ufoient envers les parau droit ec- ticuliers, de la févérité qui a été marquée elef. 3. p. c. n'employoient aucune peine contre la multi

20, 21,

cont, Parm.

C. 14. 15.

tude, ou contre les particuliers affez puiffans, pour former un parti. C'eft qu'ils ne vouloient employer les cenfures, que quand elles pouvoient avoir leur effet, pour la correction des pécheurs; non quand il étoit vraisemblable, qu'elles feroient méprifées, qu'elles aigriroient Hift. 1. xx. le mal, & porteroient les pécheurs à la révolte . 46. 3. & au fchifme. Vous l'avez pû apprendre de S. Auguftin, particuliérement quand il combat les Donatiftes. Et à une autre occafion, il dit qu'avec la multitude il faut user d'instructions, Ep. 22. al. plutôt que de commandemens ; d'avertiffemens plutôt que de menaces & employer la févérité contre les péchez des particuliers. Nous avons vu que ni l'empereur ConftanHift. 1. xvI. tius, ni l'empereur Valens, quoique perfécu. 48. teurs des Catholiques, n'ont jamais été excommuniez, ni exclus de l'églife: au contraire, Liv XIX. S. Bafile a reçu l'offrande de Valens. Il eft vrai que faint Ambroise a refusé l'entrée de l'église à Theodofe; mais connoiffant fa docilité & fa religion, il voyoit combien cette peine lui feroit falutaire, & fon exemple utile à toute l'églife.

64.

n.

B. 21.

Ces faints évêques évitoient d'irriter inutilement les princes & les magiftrats; mais ils ne les flatoient point, & ne croyoient pas que la religion eût befoin d'être appuyée par la puiffance temporelle. Je ne vous citerai pas là-deffus Lucifer de Caillari, Vous diriez Hilar. cont. être que c'étoit un homme exceffif: mais je vous renvoyerai à ce que difoit faint Hilaire, contre la lâcheté des évêques de fon tems

Hift 1. XIV. 1.28. 1. XVI.

ซ. 3.

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Prafcript

ข. 41.

C'étoit les hérétiques & les fchifmatiques, qui fentant leur foibleffe, & n'agiffant que par paffion, s'appuyoient du bras de la chair, & ufoient de toute forte d'indulgence, pour retenir leurs fectateurs, comme leur reproche Tertullien. Ce peu que j'ai relevé de l'ancienne difcipli- X. ne eft pour vous ouvrir le chemin, & vous in- Discipline viter à confidérer attentivement tout le refte. en général, J'efpere que vous y verrez par tout l'efprit de Dieu, & que vous conviendrez que dès-lors il ne manquoit rien au bon gouvernement de l'églife. Non, fans doute, les apôtres en la fondant, n'ont pas omis de lui donner des regles de pratique, autant pour la conduite de tout le corps, que pour les mœurs des particuliers, & ces regles n'étoient ni imparfaites, ni impratiquables, mais telles précisément, qu'il falloit, pour amener les hommes à la perfection de l'évangile, les uns plus, les autres moins, felon les diverfes mefures de grace. Ces regles n'étoient pas imparfaites, puifque la religion Chrétienne étant l'ouvrage de Dieu, a eu d'abord toute fa perfection. Ce n'est pas comme les inventions humaines, qui ont leurs commencemens,leurs progrès, leur décadence: Dieu n'acquiert ni connoiffance, ni puiffance par le tems. Je vous ai fait connoître, dit le Jo. xv. 25. Sauveur, tout ce que j'ai appris de mon Pere. xv1. 13. Et parlant du Saint-Efprit: Il vous enfeignera toute vérité. Et pour montrer qu'il ne s'agit pas feulement des dogmes, il dit encore: Allez, Matth. inftruifez toutes les nations, leur enfeignant xxvIII. 10 d'obferver tout ce que je vous ai ordonné. Tout eft donc également établi d'abord, tout ce qui étoit utile aux hommes pour la pratique aussibien que pour la créance.

Il eft vrai que la difcipline n'a pas été fi-tôt écrite, excepté le peu qui en eft marqué dans

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