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XXII. 1. 23.

Innoc. 1. ep.

I.

13. 44.

al. 118.

Hift. 1. xx.

1.45.

pour

Hift. liv. le nouveau teftament. C'étoit une des regles de la difcipline, de ne la pas écrire, & de la ad De- garder par une tradition fecrette entre les évêcent. e. 2. ques & les prêtre's: principalement ce qui reCypr. ep.29 gardoit l'administration des facremens. Et Hift. l. v. c'eft mieux conferver ce fecret, que les Aug. epift. évêques ne confioient qu'à des clercs leurs let54. ad Jan. tres eccléfiaftiques. Auffi quand les anciens parlent d'obferver les canons, il ne faut pas nous imaginer qu'ils ne parlent que de ceux qui étoient écrits: ils parlent de tout ce qui fe pratiquoit, par une tradition conftante. Car on doit croire, fuivant la maxime de faint Auguftin, que ce que l'église a observé de tout tems & en tous lieux, eft de tradition apoftolique. En effet de quelle autre fource feroient venues ces pratiques universelles, comme la vénération des reliques, la priere pour les morts, l'obfervation du carême? Comment tant de nations fi éloignées en feroient-elles convenues, fi elles ne les avoient reçues des apôtres inftruits par le même maître? Auffi voyons-nous que les plus anciens conciles ne parlent point de regler de nouveau, ce qui ne P'eft pas encore, mais feulement de conferver les anciennes regles. Ils ne fe plaignent jamais de l'imperfection de la difcipline, mais de ce qu'elle n'eft pas obfervée.

Oui, direz-vous, elle étoit parfaite, mais elle l'étoit trop l'humanité n'a pû porter longtems une fi haute perfection, il a fallu fe réduire à une difcipline moins belle en spéculation, mais plus proportionnée à notre foibleffe. Je réponds premiérement en historien, par les faits. Je vous ai fait voir cette difcipline déja pratiquée pendant plufieurs fiécles, & vous la verrez durer encore plufieurs autres. Ce qui fe pratique pendant un fi longtems

en tant de divers pays, doit affurément paffer pour pratiquable. Vous verrez dans la fuite de l'hiftoire, comment cette difcipline a changé, fi c'eft de propos délibéré, par bon confeil, après avoir bien péfé toutes les raisons de part & d'autre, par des loix nouvelles, des abrogations expreffes, ou par un ufage infenfible, par ignorance, par négligence, par foibleffe, par une corruption générale, à laquelle les fupérieurs mêmes ont cru devoir céder pour un tems. En attendant, je vous prie de péser les conféquences de votre diftinction, entre ce qui eft beau dans la spéculation, & ce qui eft poffible dans la pratique. Le faux n'eft jamais beau, or les regles de morale font fauffes, fi elles ne font pratiquables. Car toute la morale eft de pratique, puifque ce n'eft que la science de ce que nous devons faire. Donc on ne peut faire une plus grande injure à un législateur, que de traiter fes loix de belles, mais impratiquables: puifque c'eft l'accufer d'ignorance, d'impru dence, de vanité. Non, mon cher lecteur, commandemens de Jefus-Chrift ne font pas impoffibles: ils ne font pas même pefans, comme dit fon apôtre bien-aimé. Et en promet- 1. Jo. v. Sá tant d'affifter fon église jusques à la fin des fiécles, il nous a promis les graces néceffaires, pour nous élever au-deffus de notre foibleffse. Après la difcipline confidérons auffi la doctrine des anciens, & pour le fonds & pour la Doctrine, maniere d'enseigner. La doctrine, dans le Trinité, fonds, eft la méme que nous croyons & que nous enfeignons encore: vous l'avez pû voir par les extraits des peres, que j'ai rapportez, & vous le verrez encore mieux dans les fources. Ils ont premiérement établi la monarchie, c'eft-à-dire, l'unité de principe: tant contre ces payens, accoutumez à imaginer plufieurs

les

XI.

. 3. VII. n. 19.4.45.

dieux que contre certains hérétiques, qui embarraffez à trouver la cause du mal, mettoient deux principes indépendans, l'un bon, l'autre mauvais, comme les Marcionites & les Manichéens.

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La Trinité eft prouvée contre les Sabelliens, les Ariens & les Macédoniens. Non que l'on explique ce myftere, incompréhensible à notre foible raifon : mais on montre la néceffité de Hift. 1. 111. le croire. Il eft certain que Jesus-Chrift a été toujours adoré par les Chrétiens comme étant leur Dieu. On le voit par les apologies & les actes des martyrs, par les témoignages des payens mêmes: la lettre de Pline à Trajan, les objections de Celfe & de Julien l'apoftat. Il est certain d'ailleurs que les Chrétiens n'ont jamais adoré qu'un feul Dieu : donc Jesus-Christ eft le même Dieu que le Pere créateur de l'univers. Mais il est encore certain que JesusChrist eft le fils de Dieu, & que le même ne peut être pere & fils à l'égard de foi-même. C'eft ce que Tertullien montre fi bien contre Praxeas. Les difcours de Jefus-Chrift feroient abfurdes & infenfez, lorfqu'il dit, qu'il procéde du pere, que le pere l'a envoyé, que le pere & lui ne font qu'un. Ce feroit dire: Je procéde de moi je me suis envoyé moi-même : moi & moi nous fommes un. Il ne peut y avoir de fens à ces paroles, qu'en difant que Jesus-Chrift eft une autre perfonne que le pere, quoiqu'il foit le même Dieu.Son autorité fuffit pour nous faire croire qu'il eft ainfi, quoique nous ne comprenions pas comment il eft.

:

Le Fils étant Dieu, doit être parfaitement égal & parfaitement semblable au Pere: c'est ce qui a été prouvé contre les Ariens. Autrement auroit deux dieux, un grand & petit; & ce petit ne feroit en effet qu'une créature,

il

Y

Liv, XIV.

Il ne feroit donc pas permís de l'adorer. Joint que l'idée de créature, quelque parfaite qu'on la fuppofe,ne remplit point celle que l'écriture nous donne du fils de Dieu: contre les Macédoniens, qui admettoient la divinité du Fils, & rejettoient celle du Saint-Efprit, on a montré que le Saint-Efprit procéde du Pere, & est n. 31. envoyé par le Pere, auffi-bien que le Fils: mais Athan, ad qu'il eft autre que le Fils, puifqu'il n'eft dit Serap. nulle part qu'il foit fils ni engendré. Il est nommé également en la forme du baptême. Allez, baptifez au nom du Pere, & du Fils, & du Saint-Efprit: donc c'eft une troifiéme perfonne, mais le même Dieu.

Voilà comment les peres ont prouvé le myftere de la Trinité. Non par des raifonnemens philofophiques: mais par l'autorité de l'écriture & de la tradition. Non fur des principes de métaphyfique, d'où l'on conclut que la chofe doive être ainfi : mais fur les paroles expreffes de Jefus-Chrift, & fur la pratique conftante de l'adorer avec le Pere, & de glorifier le Saint-Efprit avec l'un & l'autre. Il est vrai toutefois qu'ils ont beaucoup raisonné fur ce myftere: mais feulement, autant qu'ils y ont été forcez par les hérétiques, qui employoient toute la fubtilité du raifonnement humain pour le renverfer. De-là vient que les peres fe font expliquez diverfement, felon les différentes objections, qu'ils vouloient résoudre. Il falloit parler autrement aux payens, autrement aux hérétiques & différement à chaque hérétique en particulier; & c'eft cette diverfité d'expreffions, felon les tems & les occafions, qui a donné fujet à quelques modernes, d'abandonner trop légérement fur cette matiere de la Trinité les peres plus anciens que le concile de Nicée. Mais je pense avoir

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XII.

race.

rapporté dans mes dix premiers livres, de quoi juftifier fuffifamment ces anciens.

La Trinité bien prouvée, emporte la preuve Incarnation. de l'Incarnation contre Ebion; Paul de Samofate & les autres qui ne reconnoiffoient en Jefus-Chrift qu'un pur homme. Car il n'étoit pas fi difficile de prouver, qu'il eût eu une véritable chair, contre les Docites & les Manichéens, qui difoient, qu'il n'avoit été homme, qu'en apparence. Pour ceux qui le reconnoiffoient homme, étant certain, par la doctrine de la Trinité, qu'il eft Dieu, il n'y avoit qu'à montrer, que pour être Dieu, il n'en étoit pas moins homme; & c'eft ce que les peres ont prouvé contre Apollinaire, qui vouloit que le Verbe divin lui tînt lieu d'ame raifonnable. En combattant cette héréfie, Neftorius & fes auteurs avoient donné dans l'excès oppofé: divifant le Dieu d'avec l'homme, & foutenant que le fils de Marie n'étoit que le temple de la divinité, & un pur homme, ce qui revenoit à l'erreur de Paul de Samofate. On a donc montré contre Neftorius, que le même est Dieu & homme,& que Jefus-Chrift eft une feule perfonne en deux natures, fans qu'elles foient confuses, comme prétendoit Eutychés. Voilà les deux myfteres, fans la foi defquels on ne peut être Chrétien, puifque tout Chrétien fait profeffion d'adorer Jefus-Chrift, & qu'il n'eft permis d'adorer ni une créature, ni un autre dieu que le feul tout-puiffant. C'eft donc une calomnie trop groffiere, quand les Mahometans, les Juifs & les Sociniens nous accufent de propofer dans nos catéchifmes des fubtilitez de théologie, & d'en embarraffer les fimples. Il faut renoncer à l'adoration de Jefus-Chrift, & par conféquent au nom de Chrétien, ou sçavoir qui eft J. C. & à quel titre on l'adore.

La

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