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Greg. v. hift. c. 14. Hift. liv.

XXXIV. n.31.

7. 22.

moyen âge en attira de plus manifeftes. Comme cette divination nommée les forts des faints dont Grégoire de Tours rapporte tant d'exemHift. L.XLVI. ples, & avec un férieux à perfuader qu'il y 2. 48 1. L. croyoit. Comme ces preuves nommées le jugement de Dieu, foit par l'eau, foit par le feu, foit par le combat fingulier, qu'Agobard condamnoit fi fortement, mais qu'Hincmar foutenoit, & qui furent en ufage fi longtems. Comme l'aftrologie, à laquelle on voit qu'ils croyoient, principalement aux effets des éclipfes & des cométes. Ces fuperftitions dans le fonds étoient des reftes de pagnanifme; comme d'autres plus manifeftement criminelles condamnées dans les conciles du même tems. En

VII.

ient,

général le plus mauvais effet des mauvaises études eft de croire fçavoir ce que l'on ne fçait point. C'eft pis que la pure ignorance, puifque c'eft y ajouter l'erreur & fouvent la préfomption.

Je n'ai parlé jufques ici que de l'Occident, Etat de l'O- mais l'églife orientale eut auffi fes tentations. L'empire Grec ne fut pas entiérement détruit, mais il fut réduit à des bornes bien étroites : d'un côté par les conquêtes des Arabes Mufulmans: de l'autre par celles de divers Scythes, entre autres des Bulgares & des Ruffes. Ces deux derniers peuples fe firent Chrétiens, & leur domination produifit à peu près les mêmes effets que celle des autres barbares Septentrionaux; mais les Mufulmans prétendoient convertir les autres, & prenoient pour prétexte de leurs conquêtes le zéle d'établir leur religion par toute la terre. Ils fouffroient à la vérité les Chrétiens: mais ils employoient pour les pervertir tous les moyens poffibles, excepté la perfécution ouverte, en cela même plus dangéreux que les payens. D'ailleurs leur religion

a quelque chofe de fpécieux. Ils ne prêchent que l'unité de Dieu & l'horreur de l'idolâtrie; & ils ont imité plufieurs pratiques du Chriftianifme, la priere à certaines heures reglées, le jeûne d'un mois, les pélerinages. Enfin leur indulgence pour la pluralité des femmes & des concubines attire les hommes fenfuels. Ils employerent entre autres un artifice extrêmement pernicieux au Chriftianifme. La Syrie étoit pleine de Neftoriens, l'Egypte d'Eutychiens, les uns & les autres ennemis des Patriarches de C. P. & des empereurs, qu'ils regardoient comme leurs perfécuteurs. Les Mufulmans profiterent de cette divifion, protégeant les hérétiques, & abaiffant les catholiques, qui leur étoient fufpects, par leur attachement à l'empereur de C. P. d'où leur vint le nom de Melquites, c'eft-à-dire en Arabe, royaux ou impériaux. C'est par-là que ces héréfies fi anciennes subsistent encore, & que les Chrétiens d'Orient ont des évêques & des patriarches de ces différentes fe&tes Melquites, Neftoriens, Jacobites, qui font les Eutychiens.

Par ces divers moyens les Mufulmans, fans exterminer abfolument le Christianisme, diminuerent extrêmement le nombre des vrais Chrétiens, & les réduifirent à une grande ignorance, par la fervitude, qui leur otoit le courage & les commoditez d'étudier. Le changement de langue y contribuoit. L'Arabe étant la langue des maitres, devint celle de tout l'Orient, comme elle eft encore: le Grec ne fut confervé que par la religion & chez les Melquites feulement : car les Neftoriens faifoient leur fervice en Syriaque, & les Jacobites en Copthe ou ancien Egyptien. Ainfi comme tous les livres eccléfiaftiques ou profanes étoient en Grec, il fallut les traduire, ou apprendre cette

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langue, ce qui rendit les études bien plus difficiles. De-là vient qu'incontinent après la conquête des Mufulmans nous perdons de vûe ces anciennes églifes d'Egypte, de Palestine, de Syrie autrefois fi floriffantes; & que faute d'écrivains, je n'ai pû vous en marquer la fuite comme dans les fiécles précédens. L'hiftoire d'Eutyquius patriarche d'Alexandrie, eft une preuve de ce que j'avance. Il l'a écrite en Arabe, quoiqu'il fût Melquite; & on y voit tant de fables & fi peu d'exactitude, même dans les faits de fon tems, qu'elle marque affez l'imperfection des études de ces pauvres Chrétiens. Elles s'affoiblirent notablement même chez les Grecs, foit par le commerce avec les barbares leurs voifins, foit par la domination des empereurs ignorans & brutaux, comme les peuples dont ils étoient fortis : Leon l'Ifaurien, fon fils Hift. 1.XL11. Copronyme, Leon Armenien. L'héréfie des n. 28. XLVI. Iconoclaftes, que ces princes foutinrent avec 1. /.XLIV. tant de fureur, venoit dans le fonds d'une igno

n

1. 39.

rance groffiere, qui leur faifoit prendre pour idolâtrie le culte des faintes images, & céder aux reproches des Juifs & des Mufulmans. Ils ne confidéroient pas que ce culte étoit reçu dans l'églife par une tradition immémoriale, & que l'églife ne peut errer, qui eft la grande preuve des peres du feptiéme fiécle.

Mais les actes de ce même concile font une preuve de la décadence des études, par le grand nombre d'hiftoires douteuses, pour ne pas dire fabuleufes, & d'écrits fufpects qui y font citez, & qui montrent que les Grecs n'étoient pas meilleurs critiques que les Latins. Ce qui toutefois ne fait rien pour le fonds de la question, puifqu'ils rapportent affez de preuves autentiques du culte des images, & fondent leur déeifion fur l'infaillibilité de l'églife. Un autre

exemple illuftre de la mauvaife critique des Grecs, eft la facilité avec laquelle ils reçurent les écrits attribuez à faint Denis l'Aréopagite. On les rejettoit du tems de Juftinien, & cent Hift. 1.xxx1. ans après on ne les conteftoit pas aux Mono- . 31. livre thelites, qui faifoient un fi grand fonds fur l'opération théandrique mentionnée dans cet

auteur.

XXXVIII.

50.

La perfécution des Iconoclaftes avoit prefque éteint les études dans l'empire Grec; mais elles fe réveillerent fous Bafile Macédonien par les foins du fçavant Photius, & continuerent fous Leon le Philofophe & fes fucceffeurs. Toutefois les écrivains de ce tems-là font bien au-deffous de ceux de l'ancienne Gréce. Leur langage eft affez pur, mais leur ftile est affecté & façonné : ce ne font que lieux communs vaines déclamations, oftentations de leur fçavoir, réflexions inutiles. Le plus illuftre exem- Hift. 1. xv. ple de ce mauvais ftile & le plus de mon sujet " 31. eft celui de Métaphrafte, qui nous a tant gâté de vies des faints, prétendant les rendre plus agréables, fuivant le témoignage de Pfellus fon admirateur.

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On voit chez les Grecs, pour le moins autant que chez les Latins, l'amour des fables & la fuperftition: l'un & l'autre enfans de l'ignorance. Pour les fables, je me contenterai de citer l'image miraculeufe d'Edeffe dont l'empereur Conftantin Porphyrogenete a fait une Hift. I. 17. longue hiftoire, que j'ai rapportée exprès. Pour ". 30. les fuperftitions, l'hiftoire Byzantine en fournit des exemples à chaque page. Il n'y a point d'empereur qui monte fur le thrône, ou qui en defcende, fans préfages ou prédictions. Il y a toujours quelque caloyer dans une ifle; fameux par l'austérité de fa vie, qui promet l'empire à un grand capitaine, & le nouvel empereur le

VIII.

fait évêque d'un grand fiége. Mais ces préten dus prophétes étoient fouvent des impofteurs Je viens maintenant à l'Occident.

Un autre effet de la domination des barbares, Clercs chaf c'eft que les évêques & les clers devinrent feurs & guer- chaffeurs & guerriers comme les laïques : ce

riers.

qui toutefois n'arriva pas fi-tôt. Car dans les commencemens, les barbares, quoique Chrétiens, n'étoient pas admis dans le clergé. Outre l'ignorance, leur férocité & leur légereté naturelle empêchoit de leur confier l'administration des facremens & la conduite des ames. Ce ne fut guéres qu'au feptiéme fiécle qu'ils entrerent indifféremment dans les ordres : autant que je puis juger par les noms des évêques & des clercs, qui jusques-là sont presque tous RoConc. Epaon, mains. Auffi ne voyons-nous que depuis ce tems des défenses aux clercs de porter les arCabil n. 1. mes, de chaffer & de nourrir des chiens & des oifeaux pour le plaifir. Or l'exercice violent de la chaffe, l'attirail & la dépense qui en font les fuites, ne s'accordent pas avec la modeftie cléricale, avec l'étude, la priere, le foin des pauvres, l'inftruction des peuples, une vie reglée & mortifiée.

c. 4.

e. 9.

L'exercice des armes en eft encore plus éloigné: cependant il devint en quelque façon néceffaire aux évêques à caufe des biens eccléfiaftiques car ce fut en ce tems-là que s'établit le droit des fiefs. Sous les deux premieres races de nos rois, & bien avant dans la troifiéme, la guerre ne fe faifoit point par des troupes enrolées & foudoyées, mais par ceux à qui les princes & les feigneurs avoient donné des terres, à la charge du fervice. Ghacun fçavoit ce qu'il devoit fournir d'hommes, de chevaux & d'armes ; & il devoit les mener lorsqu'il étoit commandé. Or comme les églifes poffédoieme

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