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Le Palme eft plus eftimé pour l'union des couleurs, pour leur fonte & pour la grande patience à finir, que pour la fier. PALME té & la correction du deffein, il faifoit tout d'après nature, il peignoit jusqu'à la molleffe de la laine, & l'on s'apperçoit, quoique fon ouvrage soit très-fini, qu'il eft facile & fait au premier coup.

Ce peintre pofoit d'abord fa couleur fraîche, enfuite il retouchoit fon ouvrage, le chargeoit de couleurs & de glacis, de la même maniére que le Titien & le Corrége l'ont pratiquée, ce qui a rendu fa peinture très-moëlleufe. Ses chairs étoient fi fraîches, qu'un (a) poëte Vénitien dit qu'elles étoient vivantes & non peintes ; un autre faisant (6) allusion à fon nom de Palme dit que ce peintre après avoir long-temps par fon grand coloris défié la nature même, il en avoit glorieufement obtenu la palme, dont en figne de victoire, il avoit pris le nom.

étoient

LE VIEU X.

(a) Palma Vecdella natura. Rime di Bofchi(b) che sfidando certame la natura ftefa, ottenne glorofo di quella la

ni. P. 310.

a

gno

Le maraviglie

del'arte.

Ridolfi. p. 119.

Le Palme ne perdoit jamais fon fujet de vue, il le traitoit palma, onde fe ne avec le même feu jufqu'à ce qu'il l'eût fini, contre l'ordinaire fregiò il nome in fede la plupart des peintres qui en terminant leurs ouvrages, en 80 di vitoria. altérent l'efprit. Il faifoit fort bien le portrait & fes draperies & de bon goût. Si le Palme fût mort immédiavagues tement après deux ou trois celebres ouvrages qu'il a faits, il pafferoit pour le meilleur peintre que nous ayons eu. Son mérite inégal a toujours décliné depuis & a trompé tous les connoiffeurs, mais fes premiers tableaux fervent d'excufe à la foibleffe des derniers.

Dans la chambre où se raffemblent les confréres de l'école de faint Marc, laquelle eft ornée des ouvrages de Jean Bellin de Jean Manfucchi & d'autres peintres, le Palme a représenté un vaiffeau qui amene le corps de faint Marc à Venife, il a feint une horrible tempête avec des Aquilons qui foufflent le vent de tous côtés; plufieurs barques renversées & des gens qui fe fauvent à la nage rendent ce tableau excellent pour l'invention, pour le coloris, & pour la vérité. La fainte Barbe qu'il a placée dans l'Eglife de fanta Maria formofa n'eft pas moins belle. Le tableau, ou il s'eft peint regardant une Sphere, eft inimi

table: on

:on y voit un habit de peluche, des toupes de cheveux, un regard fi admirable, qu'on ne peut rien voir de plus parfait. Ce peintre étoit bien fait & poffédoit d'excellentes qualités, il mourut à Venise dans la force de fon âge en l'an.

PALME

née 1596. âgé de quarante-huit ans. On prétend que Zorenzo Lotti de Bergame qui a beaucoup peint en cette ville, à VeLEVIEUX. nife & à Lorette, étoit fon difciple.

Ses deffeins se trouvent rarement, & fe confondent souvent avec ceux du Titien dont il avoit pris la maniére. La plume du vieux Palme eft lourde & groffiére, reffentie en de certains endroits, & foutenuë d'un lavis de bistre ou d'encre de la Chine. Il ne faut y chercher ni correction, ni élégance, ni choix de plis. Un certain goût Vénitien qui approche du Titien & du Giorgion, mais infiniment moins bon, le fera reconnoître. On voit peu de tableaux du Palme dans les Eglifes de Venife, parce qu'il a peu vécu & que les tableaux de chevalet étoient plus de fon goût.

Il y a dans l'Eglife de la Madona del borto, un Ecce homo, faint Dominique, fainte Helene, faint Laurent, & le bienheureux Laurent Juftiniani tous ensemble; à fan-Mofé une Vierge & fon fils fur une nuée, à fes pieds faint Jean & faint Jérôme. Dans l'Eglife de fanta Maria formofa pour la compagnie des Bombardiers la figure de fainte Barbe dans le milieu, & dans les fix autres parties faint Sébastien, faint Antoine Abbé, la Vierge tenant fon fils mort, faint Jean-Baptifte & faint Dominique au-deffus. Aux peres de faint Etienne, une Vierge, saint Jofeph, fainte Catherine & la Madeleine qui répand le parfum fur N. S. Deux banquets de Jesus-Chrift avec ses apôtres l'un à faint Sylveftre, l'autre à fainte Marie mere de Dieu, il s'eft furpaffé dans les belles têtes. A fan - Caffiano faint Jean en pied avec faint Pierre, faint Paul, faint Marc & faint Jé

rôme.

Saint Jérôme & faint Charles dans la facriftie de S. Sébastien. A faint Antoine di Caftello le mariage de la Vierge avec faint Jofeph & autres figures.

A fainte Helene du Mont Olivet au maître Autel l'adoration des mages.

On voit chez les Théatins de Vicence une Vierge affife, d'un côté faint George & de l'autre fainte Lucie avec un ange à leurs pieds.

A Serinalta fa patrie au maître Autel de la paroiffe la purification de la Vierge & une réfurrection.

Dans l'Eglife de fan-Pietro famaldi à Lucques faint Antoine Abbé avec quatre autres faints.

A

A Duffeldorf chez l'Electeur Palatin, la Vierge avec le Jefus, faint Roch & la Madeleine dans un païfage.

PALME

Le Roy a de ce maître une fainte famille avec faint Fran- LE VIEUX. çois, Jefus-Chrift au tombeau, la Vierge le Jefus & fainte Elifabeth : la nativité de Jesus-Chrift au milieu des pafteurs :

la belle Joailliére, une Vierge, le Jesus, faint Joseph avec un jeune homme à genoux.

On voit au palais Royal une Vénus couchée, peinte fur toile grande comme nature, fainte Catherine demi-nature : une fainte famille peinte fur bois de demi-nature; Hérodias de grandeur naturelle; un Doge de Venife affis dans un fauteuil grand comme nature; le portrait d'une jeune fille.

Ceux qui ont gravé d'après Palme le vieux font Kilian, Troien, Brebiette, Boël, Danchers, Matham, les Sadeler, Goltius, Lafne, Van Keffel, Vofterman & autres : il y a douze planches dans la galerie de l'Archiduc, une fainte famille dans le cabinet du Roy, gravée par Picart le Romain, & plufieurs morceaux dans le cabinet de l'Empereur & dans les tableaux du Grand Duc.

Bb

PALME le JEUNE.

PALME. LE JEUN E.

Na appellé ce peintre Jacques Palme le jeune, parce qu'il avoit quatre ans moins que fon óncle; il a cependant vécu bien plus long-temps. Jacques Palme prit naiffance à Venise en 1544. d'Antoine Palma, & on le dit difciple du Tintoret dont il a affez fuivi le goût. Son pere le faifoit deffiner & peindre d'après les plus fameux tableaux. Pendant qu'il copioit dans l'Eglife des Jéfuites le faint Laurent du Titien, le Duc d'Urbin Guido Ubaldo prenoit fouvent plaifir à le voir peindre; un jour qu'il entendoit la Meffe, il fit le portrait du Duc fans être apperçû que de fes gens qui ne manquérent pas d'en informer leur maître à fon retour; le jeune peintre fut mandé & reçut le prix du portrait & de la copie qu'il avoit

faite du tableau du Titien: le Duc charmé de ce mérite naiffant, mena le Palme à Urbin & lui procura toutes les PALM E facilités néceffaires pour continuer fes études : il l'envoya en- LE JEUNE, fuite à Rome & le recommanda à son frere le cardinal qui le protégea toujours : ces nouveaux secours occafionnérent de nouveaux progrès, il étudia Raphaël, Michel-Ange & Polidor, fa réputation s'accrut, & le Pape lui donna à peindre une galerie & une falle du Vatican.

Après huit années paffées à Rome dans ces occupations il retourna à Urbin âgé pour lors de vingt-quatre ans, enfuite à Venife où ne trouvant point d'occupation par le grand nombre de bons peintres qui y floriffoient, la ville de Rome le poffeda encore. Comme il ne vouloit point travailler fous la direction d'un chef ainfi que cela fe pratique en ce pays, il refufa plufieurs ouvrages, & il revit de nouveau la ville de Venife où il demeura toujours depuis ce temps-là.

On eftimoit fon goût de peinture, & il fut préféré à son oncle pour le beau génie, la légèreté de la touche & les plis des draperies heureufement rompus. Il devint ami du sculpteur Vittoria qui conduifoit les plus grands ouvrages de Venise & qui le fit préférer au Tintoret, à Paul Veronefe & à plufieurs autres peintres fouvent le Vittoria le confeilloit, & lui faifoit retoucher fes tableaux. Le Palme fe trouva en concurrence avec le Tintoret dans le palais faint Marc & avec le Jofepin à l'Hospitaletto; piqué d'émulation, il fit des morceaux ad

mirables.

Après la mort du Tintoret & du Baffan il devint le plus fameux peintre de Venise : fa fortune & fa réputation augmentoient tous les jours. Le Duc de la Mirandole le manda & il peignit dans un plafond de fon palais l'hiftoire de Pfyché, dans un autre la création du monde, enfin l'âge de fer. Il envoya des tableaux à Rome, à Padoue, à Vicence, à Vérone, à Brefche, à Bergame & autres villes. Ce fut alors qu'il changea toute fa maniére de peindre pour en prendre une plus expéditive; il alloit auffi vite que le Tintoret & l'amour du gain prévalut fur celui de la gloire : il perdoit fi peu de temps, que le jour que l'on enterra fa femme, il s'occupa à peindre; les amis qu'il avoit invités à la cérémonie le trouvé, rent à leur retour dans la même occupation.

Le Palme étoit bien fait, d'une complexion propre au

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