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pucins on voit le bienheureux Félix qui tient le Jefus dans fes bras.

ALEXANDRE

A Vérone dans la facriftie de fanta Maria in organo il a VERONESE. peint un faint Antoine qui eft fort estimé.

Le Roy poffede deux tableaux de ce maître, le mariage de fainte Catherine & le déluge.

Il Y en a auffi deux au palais Royal, l'un la chafteté de Jofeph peint fur une pierre de touche, l'autre eft l'apparition des anges à Abraham peint fur toile & les figures de gran

deur naturelle.

On voit à l'Hôtel de Toulouse Rachel qui donne à boire au ferviteur d'Abraham, & dans la galerie la mort de Marc Antoine & de Cléopâtre, grand tableau.

Nous avons deux morceaux dans le cabinet du Roy, l'un le déluge gravé par Edelinck, l'autre eft le mariage de fainte Catherine par J. Scotin, il y a encore un morceau dans la fuite de Louifa.

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SEBASTIEN RICCI

SEBASTIEN
RICCI.

'AI connu Sébastien Ricci à Venife, & il y a peu d'années que nous l'avons perdu. Belluno dans les états de Venife, lui donna naiffance en l'année 1659.

A l'âge de douze ans fes parens l'envoyérent à Venise chez Frédéric Corvelli peintre médiocre où il resta jufqu'à vingt ans. L'envie de fe perfectionner le conduisit å Bologne, & la vûë des beaux tableaux qui y font répandus produifit cet effet. Le Duc Ranuccio de Parmé ayant entendu parler de Ricci, le fit travailler à Plaisance, & l'envoya à Rome dans le palais Farnése, avec tous les fecours néceffaires pour les études.

La mort de ce Prince fit retirer Ricci de la ville de Rome,

& la perte d'un fi grand protecteur lui fut extrêmement fenfible. Tout ce qu'avoient de beau Florence, Bologne, Mo- SEBASTIEN déne & Parme l'occupa tour à tour. Il vint demeurer à Mi- RICCI. lan où il ne fut pas long-temps fans fe faire connoître. Venife lui parut mériter fon attention, & il y travailla affidument pendant trois années. Toutes fes études, tous les ouvrages furent approuvés & lui méritérent l'estime des connoiffeurs.

Le Roy des Romains le manda à Vienne pour peindre un grand falon & plufieurs appartemens. Les récompenfes qu'il en reçut égalérent les applaudiffemens de toute fa Cour. A peine fut-il de retour à Venife, que le grand Duc de Tofcane le fit venir à Florence pour exécuter quelques peintures dans fon appartement. Il y réüffit, & ce Prince lui en témoigna beaucoup de fatisfaction. Ricci accoutumé à travailler pour les Princes, n'envifageoit point de bonheur plus grand que celui d'être attaché à quelque Monarque. La Reine d'Angleterre ayant donc fouhaité qu'il vînt à Londres, il mit ordre à fes affaires prit congé de fes protecteurs & paffa par Paris où il fut reçu à l'Académie de peinture. Il fe rendit enfuite à Londres, où la Reine lui donna beaucoup d'ouvrages ainfi que toute la cour. On y voit entr'autres un tableau pour l'Hôpital de Chelfey & une demi-coupole au deffus de l'Autel où il a peint l'afcenfion de Notre Seigneur. L'Escalier du Duc de Montaigu que j'ai vu avec plaifir, eft un témoignage public que le Ricci étoit né pour les grandes machines,

Après un long féjour en Angleterre, il retourna à Venise où il fut chargé de faire quantité de tableaux pour la France, pour l'Espagne, pour le Portugal & pour le Roy de Sardaigne. Le récit des avantures de fes voyages amusoit fes amis & auroit pu fournir la matière d'un roman.

Les fréquens voyages de Ricci ne l'ont point empêché d'enrichir Venise d'un grand nombre de tableaux & l'on peut dire de lui qu'il a foutenu l'honneur de la peinture pendant tout le cours de fa vie. On voyoit avec plaifir dans fa personne, la vertu triomphante & le mérite arriver aux honneurs.

Le Ricci étoit grand dans fes pensées; il avoit un génie fertile, une grande exécution, une touche légére, de belles ordonnances, de l'harmonie, beaucoup de franchise & un grand coloris, quoiqu'un peu noir. Né pour le travail, il

RICCI.

entreprenoit plufieurs ouvrages à la fois, ce qui l'avoit obligé SEBASTIEN de peindre tout de pratique & de fuivre fon caprice. Pour faire fortir davantage fes figures & leur donner plus de relief, il mettoit des touches brunes à côté des contours, & foüilloit extrêmement ses draperies ce qui rendoit fouvent fa peinture un peu dure. S'il avoit voulu confulter la nature, fes figures feroient plus correctes.

Ce peintre étoit naturellement porté à la joye & d'un bon naturel; il fe trouva fort incommodé de la pierre dans ses dernières années & fe fit tailler, il mourut peu de temps après à Venise en 1734. dans fa foixante & quinzième année. Il ne laiffa point d'enfans, mais des biens affez confidérables qui restérent à sa femme. Son neveu Marco Ricci habile païsagiste étoit mort cinq ans avant lui.

Les deffeins de ce maître font fpirituels & touchés avec beaucoup de feu. Un trait de plume très heurté en défigne la pensée avec un petit lavis de biftre & d'encre de la Chine. Quoiqu'il n'y ait aucune forme arrêtée, que tout foit efquiffé légérement, qu'à peine les têtes foient marquées, & que les pieds & les mains n'ayent que la place, fes deffeins ne laiffent pas de faire leur effet. Souvent il commençoit à jetter fa pensée fur le papier au crayon rouge, enfuite il revenoit à la plume fur l'ouvrage en y faifant des hachures négligées & prefque paralleles pour en foutenir l'effet. On en voit à la pierre noire maniée finguliérement en différens fens avec un peu de blanc. Ses caractéres de têtes, fes contours foüillés & reffentis en divers endroits, une touche qui eft particulière au Ricci ne peuvent tromper l'amateur fur fon compte.

Ses ouvrages à Venise font une afcenfion du Sauveur dans le plafond de l'Eglife de ce nom. A fan-Baffo le faint conduit au feu & au martyre. Dans l'Eglife du Corpus Domini faint Dominique qui brûle des livres, & une céne d'une élégante compofition. La Vierge avec faint Pierre, faint Paul & autres faints, à faint George majeur. A la fcola della Carità le maffacre des Innocens. Dans l'Eglife de faint Vital une conception. Aux Jéfuites faint Pie V. faint Thomas d'Aquin & faint Pierre martyr accompagnés de plufieurs figures. A fan-Angelo Abraham avec plufieurs figures. La Vierge tenant le Jefus avec des anges dans l'école dei fanti Apoftoli; une ascenfion de Notre Seigneur avec les apôtres dans la même Eglife.

A faint Côme & faint Damien Moïse qui fait fortir l'eau de la

roche dans le défert avec un beau païfage de fon neveu Mar. SEBASTIEN co Ricci. Dans la même Eglife on voit le triomphe de l'Ar- RICCI. che, & Salomon qui parle au peuple lors de la dédicace du Temple. A faint Roch faint François de Paule & fainte He-. lene. Aux Capucins di Caftello le baptême du Sauveur, une céne & une annonciation. Dans le palais faint Marc au-deffus du Collège des vingt, la juftice avec plufieurs figures.

A Rome une grande vifitation, Romulus affis fur fon trône célébrant les fêtes de Neptune pendant lefquelles, le signal donné, les Romains fe jettent fur les Sabines.

A Vienne plufieurs plafonds chez l'Empereur, & une af fomption de la Vierge pour l'Eglife de faint Charles.

On voit à Florence quelques ouvrages dans le palais du Grand Duc.

A Duffeldorf chez l'Electeur Palatin, faint Jérôme grand

comme nature.

A Paris fon tableau de réception à l'Académie de peinture. A Londres le tableau de la chapelle de Chelsey, l'efcalier du Duc de Montaigu & plufieurs autres ouvrages.

On ne connoît de graveurs qui ayent travaillé d'après le Ricci que le Faldoni & le fieur Liotart qui vient de finir plu fieurs grands fujets de l'écriture fainte.

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