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rable, enfin il mourut en cette ville en 1626 à l'âge de foixante & dix-huit ans.

- Son neveu Ercole Juniore fut fon éleve ainfi que plufieurs au

tres.

JULES

sau- CESAR PROCACCINI

CARLO

Carlo Antonio Procaccini fut le moindre des trois freres, il s'étoit appliqué d'abord à la mufique qu'il quitta pour la peinture. Il faifoit bien le païfage, les fleurs & les fruits. Il s'a- ANTONIO quit en ce genre tant de réputation qu'il n'y avoit aucun cabi- PROCACCINI net en Italie qui ne poffedât de fes ouvrages.

Son fils Ercole Juniore peignit d'abord des fleurs dans le goût ERCOLE de fon pere, mais étant devenu éléve de Jules Céfar fon on- JUNIORE cle, il fit plufieurs tableaux d'Eglife, & foutint l'Académie PROCACCINI long-temps. Il travailla beaucoup pour la ville de Turin, &

fon mérite lui valut une chaîne d'or. Il mourut en 1676. à l'âge de quatre-vingts ans.

Les deffeins du Procaccini font terminés avec un trait de plume lavés au biftre & relevés de blanc au pinceau, ils font affez corrects & bien compofés. Les attitudes forcées, les contours extraordinaires, les yeux pochés, des figures trop fveltes, font des marques effentielles qui caractérisfent la main de Jules Céfar Procaccini.

Ses ouvrages font répandus dans toutes les Eglifes de Milan. On voit au Dôme plufieurs miracles de faint Charles entr'autres le faint qui tire de l'eau un enfant qui fe noyoit. A fanFedele maifon profeffe des Jefuites un crucifiement avec faint François Xavier qui embraffe la croix. Dans l'Eglife de faint Antoine Abbé une annonciation, les tableaux des côtés & le plafond font des traits de la vie de la Vierge, tout eft de sa main. A fan-Celfo une transfiguration & dans l'Eglife de la Madona preffo fan-Celfo on voit un Chrift mort & un faint Sebastien; dans le cloître du couvent de fan - Angelo un Chrift mort que pleurent plufieurs anges. Dans la Chiefa del Giardino dei Zoccolanti une adoration des mages & les ftigmates de faint François ; à fan Carlo dei Scalzi la Vierge qui met une couronne de perles à fainte Therefe accompagnée de faint Jofeph & de plufieurs autres faints; aux Capucins de fainte Praffede une flagellation du Sauveur; dans la chapelle du collège des Magiftrats de la ville faint Barnabé & faint Sébastien avec quelques fujets de l'hiftoire de Conftantin. Dans la galerie de l'Archevêché les époufailles de fainte Catherine, une Madeleine,

un faint Jérôme, une tête de faint Jean tenant un agneau. JULES A Genes au-deffus de la porte du réfectoire de l'AnnonciaCESAR ta del Guaftato on voit une belle céne; une circoncifion dans PROCACCINI l'Eglife de faint Dominique; à l'Oratoire de faint Barthelemi fon martyre très-beau tableau; dans l'Eglife de faint François d'Albaro le tableau de faint Charles; à fainte Marie de Carignan, la Vierge avec le Jefus, faint François & faint Charles.

A Parme à la Madona della fteccata les époufailles de fainte Catherine.

Il y a quelques titres de livres pour des théses gravés par Villamene,

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:

LOUIS CARRACHE.

E nom de Louis Carrache est un éloge. Il fut éléve de Profpero Fontana, & il eut l'avantage d'être le chef de l'école des Carraches qui a produit tant de grands hommes. Sa naiffance eft marquée en 1555. dans la ville de Bologne, fon pere s'appelloit Vincent Carrache & étoit boucher. Louis fut maître & coufin d'Augustin & d'Annibal Carrache qui étoient freres, & dont les noms feuls fuffiroient pour l'immortalífer, fi fon mérite personnel n'eût pris les devans.

L'excellence de Louis Carrache rend peu croyable ce que l'on en rapporte; fon maître Profpero Fontana & le Tintoret pendant fon féjour à Venise voyant la peine avec laquelle

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LOUIS CARRACHE.

il travailloit, lui confeillérent d'abandonner la peinture & LOUIS de prendre une autre profeffion. Ses camarades à caufe de fa CARRACHE. lenteur l'appelloient entr'eux la jument. Louis, dont le génie n'étoit pas encore formé, a fait voir dans la fuite combien on s'étoit trompé sur son sujet, il a montré que la grande application dans un art qui dépend de l'efprit, vaut mieux qu'une pratique prématurée.

Louis fut étudier à Florence chez Dominique Paffignani alors en grande réputation & chef d'une fameufe Académie : il y copia les ouvrages d'André del Sarto; de là paffant à Parme, à Mantouë & à Venife, le Corrége, le Titien, le Parmefan, Jules Romain le perfectionnérent au point qu'à son retour à Bologne, fans avoir été à Rome, il furpassa fon maître & tous les peintres du pays.

Il avoit pris pour modele Bagna Cavallo imitateur de Raphaël & Pelegrino Tibaldi qui étoit celui de Michel-Ange; Tibaldi avoit fçû modérer la fierté du deffein de ce grand maître, & Louis l'appelloit en plaisantant fon Michel-Ange réformé.

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Ce fut en ce temps-là qu'il prit en grande amitié ses deux coufins Augustin & Annibal; leur penchant naturel pour les arts se manifeftoit par tout, en allant à l'école, ils deffinoient fur les murs & fur leurs livres des chofes furprenantes. Louis mit Augustin chez fon maître Profpero Fontana, & fe fit un plaifir de montrer lui-même à Annibal qu'il reçut dans sa maifon. Il auroit bien voulu prendre les deux freres, & oppofer la prudence d'Auguftin à la vivacité d'Annibal; leurs caractéres différens lui faifoient craindre de ne les pouvoir accorder. Ces deux freres marchoient à pas de géans dans le fentier de la gloire, rien ne leur refiftoit, ils venoient à bout de toutes les difficultés, & la facilité avec laquelle ils furpafloient leurs camarades furprenoit tout le monde.

Louis entreprit alors de réformer dans la Lombardie le goût de la peinture. Il voulut venger la nature du tort que fui faifoit le goût maniéré de l'école de Sabbatini à Rome, de celle de Paffignani à Florence, des Procaccini à Milan, du Fontana & du Passerotti à Bologne. La maniére de ces peintres étoit auffi libre & expéditive qu'elle s'éloignoit du vrai. Louis pour y réüffir n'y fit qu'oppofer la vérité de la nature, & les beautés de l'antique. On eft redevable à ce

grand homme d'avoir tiré la peinture de cet état de langueur
qui pouvoit faire craindre fon entier anéantissement. On peut
dire
que Louis lui a rendu fon premier luftre.

Tous les peintres du pays fe liguérent contre le nouveau goût des Carraches, ils critiquoient hautement leurs ouvrages. Louis au défespoir que fa maniére de peindre d'après nature ne plût point, qu'on lui préférât un mauvais goût maniéré, qu'on ne donnât aucun ouvrage à fes coufins, quoiqu'il eût promis de les conduire & de les retoucher, leur confeilla de s'abfenter pour quelque temps de Bologne, & d'aller étu dier le Corrége & les Vénitiens; ce qui lui avoit fi bien réüssi. Les deux freres en effet partirent; Augustin devint trèshabile graveur, & Annibal revint avec un goût décidé & excellent. Louis réfolut avec eux, pour se mettre en crédit, de donner gratis quelques grands ouvrages pour être placés dans les Eglifes à côté des autres peintures. Ce projet leur réüffit, la comparaison fut heureuse pour eux, & leur acquit une gloire immortelle. Ils entreprirent plufieurs ouvrages dans les Eglifes, dans les palais, & ils s'entendoient fi parfaitement que tout paroiffoit peint de la même main. Après avoir formé le plan d'une Académie, où l'on enfeigneroit toutes les parties qui concernent la peinture, on fit venir de Rome des bas-reliefs & des buftes antiques & l'on y établit un professeur d'anatomie.

Cette Académie devint très-fameufe, & elle forma dans la fuite de très-habiles gens : fon nom vola jufqu'à Rome, le cardinal Farnése manda Louis pour peindre la galerie de fon palais. Le grand crédit qu'il s'étoit acquis à Bologne, fa place de chef d'Académie l'empêcha d'accepter le parti, il envoya à fa place Annibal qu'il avoit féparé il y avoit quelque temps de fon frere Augustin qui étoit à Rome.

Louis qui fe trouva éloigné de fes deux cousins fit bien voir qu'il fe fuffifoit à lui-même dans les tableaux qu'il peignit, au lieu que les deux autres ont toujours eu befoin de fes confeils & de fes corrections.

Lorsqu'Annibal eut fini la galerie du palais Farnéfe, il voulut la montrer à fon maître Louis & il l'en follicita fi vivement, qu'il ne put lui refufer cette marque d'amitié. Louis, qui avoit près de foixante ans, fit le voyage de Rome pour la premiére fois, il fut très content de l'ouvrage d'Annibal, il le

LOUIS CARRACHE.

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