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corrigea en plufieurs endroits & voulut peindre une des figuLOUIS res nues qui foutiennent le médaillon de Sirinx, il refta feuleCARRACHE. ment treize jours à Rome.

Après la mort de fes coufins, Louis foutint l'honneur de la peinture à Bologne, il tira de fon propre fond une quantité d'ouvrages dont les derniers furent auffi eftimés que les autres. Ce fut après fon retour de Rome qu'il entreprit de repréfenter l'hiftoire de faint Benoît & celle de fainte Cécile dans le cloître de faint Michel in Bofco; il employa deux années de fuite à ce grand ouvrage qui peut aller de pair avec la galerie Farnése, non feulement il y peignit fept tableaux de fa main, mais il conduifit le reste qui a été exécuté par fes éléves. Louis fut quatre ans à Plaifance à peindre au Dôdes prophétes, l'histoire de faint Martin, & des apôtres qui portent fur leurs épaules le corps de la Vierge dans le

me,

tombeau.

Il étoit fi abondant dans fes penfées, qu'il retournoit un fujet de vingt maniéres différentes; habile à faire du païfage, plus gracieux qu'Annibal, auffi correct que lui, il a de toutes les écoles formé une maniére fçavante & aimable qui a toujours été fuivie par les habiles gens.

Louis étoit honnête, fpirituel, fe faifant respecter par tout, il enfeignoit avec amour, il reprenoit avec douceur, fon affiduité au travail étoit un grand exemple pour fes difciples, il les aidoit volontiers de fes deffeins. Peu intéreffé, il n'a ja mais amaffé de grands biens non plus que les autres Carraches, & comme eux, il ne s'eft point marié.

Il n'approuvoit point qu'on mît les figures & les portraits 'des patrons dans les tableaux d'hiftoire fainte & fur les Autels; felon lui c'étoit une preuve du peu de génie des anciens maîtres. Il imagina un autre moyen qui étoit de faire fervir les portraits à la tête des faints & des faintes, les appliquant à ce qui pouvoit le mieux convenir à chacun.

Son dernier ouvrage qui eft une annonciation peinte à fresque dans une des grandes lunettes de la Cathédrale de Bologne ne réüffit pas, fon âge, une vûë affoiblie & la grande élévation de l'Eglife furent caufe qu'il fe confia à un ami pour voir d'en bas l'effet de l'ouvrage; cet ami lui dit qu'il étoit bien & qu'il pouvoit faire ôter les échafauds ; l'ami le trompa, l'ouvrage fut fort critiqué & il s'en chagrina de manière qu'il

fe mit au lit, & Bologne perdit ce grand homme en 1619. dans fa foixante & quatrième année, fa pompe funébre fut fuperbe, & on le porta à fainte Marie Madeleine.

Ses difciples font Annibal Carrache, Francefco Brizio Lucio Maffari, Louis Valefio, Lorenzo Garbieri, & Alessandro Albini. Le Maffari & le Garbieri méritent un petit éloge. Lucio Massari de Bologne né en 1569. après avoir étudié fous le Pafferotti, vint le perfectionner fous Louis Carrache, il fut enfuite à Rome, & de retour à Bologne il tint école avec fon ami l'Albane. Ses ouvrages dans le cloître de faint Michel in Bofco & en plufieurs Eglifes & palais de Bologne le firent paffer pour un grand peintre. La paffion qu'il avoit pour la chaffe empêcha fes progrés & avança fes jours, il les termina en 1633. à l'âge de foixante & quatre ans.

LOUIS CARRACHE.

LUCIO Massari.

fa LORENZO

Lorenzo Garbieri de Bologne a toujours cherché à peindre des sujets triftes, il infpiroit jufqu'à l'horreur de la mort, maniére fiére n'étoit point privée des graces néceffaires quand GARBIERI. les fujets le demandoient, ce qu'on remarque dans les tableaux qu'il a peints à faint Michel in Bofco. Il devint aveugle & mourut en 1654. âgé de foixante & quatorze ans.

Alessandro Tiarini né à Bologne en 1517. n'eft point élé

ve des Carraches; il avoit étudié fous Profpero Fontana, le ALESSANDRO Cefi & Paffignani. Quoique Louis l'eût refufé pour fon éléve TIARINI. il le cultiva à fon retour à Bologne, & Louis ne ceffoit de le louer. Il s'eft montré un grand peintre dans l'Eglife & le cloître de faint Michel in Bofco & dans toutes celles de Lombardie; il finit fes jours à Bologne en 1668. à l'âge de quatre-vingt-onze ans.

Les deffeins de Louis ont une belle fimplicité & des graces qu'on ne trouve point dans les autres Carraches. La correction, la touche, l'expreffion & la fpiritualité tout doit s'y rencontrer. Une plume fine, & déliée, foutenuë d'un petit lavis fe voit plus fouvent dans fes deffeins que l'ufage des différens crayons. Son ftyle approche de celui du Corrége, fes contours coulans, fes airs de têtes gracieux, beaucoup de lé géreté, & le fublime de fes compofitions le feront toujours re

marquer.

Louis a gravé à l'eau forte une Vierge affife avec une grande draperie fur la tête l'enfant Jefus & faint Jean dans un coin ; une Vierge de profil tenant le Jesus avec une gloire de quatre

anges qui l'encenfent; une Vierge affife, l'enfant Jefus de bout LOUIS & faint Jofeph qui porte la main à fa tête, grande piéce en traCARRACHE. Vers; une Vierge de profil qui foutient le Jefus en chemife qui tete & qui ferre la main de fa mere, petite piéce.

Les meilleurs graveurs qui ont imité ses tableaux font le Guide, de Rubeis, Stefanonius, B. Pafcalini, Brixio, Pitau, Nolin & autres.

Sans parler de plufieurs palais de Bologne où Louis a peint de compagnie avec fes coufins, voici dans le grand nombre d'ouvrages qu'il a faits, ce qu'il y a le plus à remarquer.

Dans le cloître faint Michel in Bofco il a peint fept tableaux, un Prêtre délivré du Démon par faint Benoît, la cuifine préfervée du feu, la folle qui court trouver le faint qui la guérit, le Tottila à genoux, faint Benoît rendu immobile fur un rocher chaffe le démon avec un figne de croix, les femmes qui le veulent tenter dans un jardin, l'incendie du mont Caffin où l'on voit des coups de lumière admirables. Dans le même couvent dans la maison des hôtes une belle Céne à frefque & dans le plafond faint Pierre qui voit une nappe couverte d'animaux immondes. On voit dans l'Eglife de faint Dominique dans la chapelle Lambertini, faint Dominique & faint François peint à frefque, une charité dans le plafond. Dans la chapelle Turrini de la même Eglise faint Joachim à genoux devant la Vierge qui tient le Jefus. Dans celle appellée Solimei on voit faint Raimond fur les eaux, & dans la chapelle Guidotti une visitation & une flagellation. A la Madona di ftra Maggiore une Vierge avec faint François & faint Jérôme; aux Chartreux un faint Jean Baptifte qui prêche fur les bords du Jourdain, une flagellation & un couronnement d'épines, dans l'Eglise de faint François on voit la chute de faint Paul; dans celle du collége Montalte faint Antoine Abbé qui prêche, au Dôme une annonciation & dans la Sacriftie un faint Pierre à genoux devant la Vierge pleurant la mort de fon fils ; à fan-Bartolomeo di porta un faint Charles à genoux avec une belle figure d'ange; à fan(a) Ces deux pié- Bartolomeo di Reno l'adoration des mages & la (a) circoncifion; ees font attribuées à faint Paul à la chapelle de la Vierge la représentation du Pa nibal dans les ef- radis ; dans l'Eglife de faint François la converfion de faint Paul tampes qui portent & un faint Charles; à faint George une annonciation fameux

mal à propos à An

fon nom.

tableau; à la Madona di galtera dans la facriftie il y a une autre annonciation en petit & un faint François avec la Vierge ; à fane

LOUIS

Jacomo maggiore un faint Roch; dans l'Eglife dei mendicanti un grand fujet de l'hiftoire de N. S. A fan Martino maggiore des peres Carmes un faint Jérôme & dans le chapitre, faint Pier- Carrache. re accompagné de faint Dominique & de faint François. Deux tableaux au Corpus Domini, l'un des Limbes un des plus beaux de Louis, l'autre l'affomption de la Vierge, à faint Jean Baptifte la naissance du faint au maître Autel; à faint Leonard deux tableaux, le martyre de fainte Urfule, & la Vierge dans la gloire qui apparoît à fainte Catherine pendant fon martyre; dans l'Eglife de faint Gregoire un faint George qui tuë le Dragon; dans celle de faint Pierre martyr une transfiguration au maître Autel.

On voit au Dôme de Plaifance à la tribune les apôtres qui fur leurs épaules portent la Vierge au tombeau, il y a des figures de prophétes à côté & dans le haut une gloire d'anges, faint Martin qui coupe fon manteau, la naissance de la Vierge & une annonciation au-deffus de l'orgue.

A Cento le miracle de la Piscine chez les Capucins.

A Regio dans l'Eglife de faint Profper à la facriftie un Chrift

mort avec les trois Maries.

Dans la galerie du Duc de Modéne faint Matthieu, faint Jean & faint François avec la Vierge, trois demi-figures repréfentant le printemps, l'été & l'automne deffus de porte; une Madeleine demi-figure; Sufanne grande comme nature; faint Bernardin qui montre la ville de Carpi aux ennemis; une grande Galathée & une Flore très-belles figures.

Dans celle du Duc de Parme une adoration des Rois.

A Mantoue le Martyre de fainte Urfule, & des onze mille Vierges, à l'Eglife de cette fainte; à faint Maurice de la même ville fainte Marguerite fur l'échafaud.

A Milan dans l'Eglife de faint Antoine abbé une très-belle créche. Dans la galerie de l'Archevêché une annonciation très-eftimée.

On voit chez le Roy deux nativités du Sauveur, l'adoration des Rois, l'histoire d'Omphale, une annonciation & une Vierge tenant l'enfant Jefus.

Au palais Royal on trouve un Ecce homo, un couronnement d'épines plus grand que nature, une defcente de croix, sainte Catherine affife & dormant, fon mariage avec le Jefus appellé le Spofalice.

AUGUSTIN CARRACHE.

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E proverbe latin qui dit que l'union est rare entre les freres, fe trouve vérifié dans la perfonne d'Augustin Carrache frere d'Annibal. Louis,com. me on vient de voir, avoit par fa prudence maintenu la paix entr'eux pendant long-temps; ils ne furent pas plûtôt féparés de lui, que la jaloufie les divifa pour jamais.

Augustin né à Bologne en 1558. eut pour pere Antoine Carrache tailleur de la ville de Crémone. Il étoit frere aîné d'Annibal, de deux années feulement & coufin de Louis. Quoiqu'on l'eût destiné à l'orféverie, Louis obtint de fon pere qu'il étudiroit fous Profpero Fontana, & enfuite il devint éléve de Bartolomeo Pafferotti. Auguftin ne montra pas feulement un

grand

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