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progrès de l'Albane qui inventoit & difpofoit mieux un taL'ALBANE. bleau que lui. Chacun en fortant de l'école des Carrache fut affez fort pour en établir une à Bologne.

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L'Albane vint à Rome avec le Guide & il y refta dix-huit ans en plufieurs reprises. La recommandation de fon ami lui fervit infiniment à lui procurer de grands ouvrages.

Annibal Carrache pendant fa maladie l'employa à peindre la chapelle de fan-Diego dans l'Eglife nationale des Espagnols, elle eft prefque toute de fa main. Il fut enfuite à Bassano à vingt-cinq milles de Rome peindre la chûte de Phaëton dans la galerie du Marquis Juftiniani. Celle du palais Verofpi à Rome fut un nouveau fujet d'exercer fes talens, l'hiftoire d'Apollon y eft traitée fçavamment. Ces grands morceaux firent beaucoup de bruit, & méritérent à l'Albane un rang très-diftingué dans fon art. La vie régulière qu'il menoit le porta au mariage, & la naissance d'une fille lui caufa la perte de fa femme un an après, & dans la fuite deux procès qui penférent le ruiner.

Malgré l'envie que l'Albane avoit de refter veuf & de demeurer à Rome, preffé par fon frere aîné Dominique qui étoit procureur, de revenir à Bologne prendre foin de fon bien & de fe remarier, il y revint avec fa fille âgée de deux ans & époufa quelque temps après une femme aimable qui lui fervit long-temps de modéle, Douze enfans qu'elle eut de fuíte furent de nouveaux objets à imíter dans fes ouvrages; leur mere prenoit foin de les tenir dans les attitudes conve. nables à fes tableaux, elle les fufpendoit avec des bandelettes, fouvent elle les prenoit endormis. Ils étoient fi beaux qu'ils fervirent auffi de modéles à l'Algarde & à François Flamant fameux sculpteurs,

Ces douze enfans vivans exemptérent leur pere des char ges & des impofitions de la ville & fes tableaux en reçurent de nouvelles graces. L'Albane peignoit fort bien le païfage, les carnations des femmes & des enfans lui convenoient mieux que les corps mufclés des hommes, & l'on peut dire que les fujets gracieux étoient plus de fon reffort que les actions fiéres & terribles.

Il peignit en ce temps là pour le cardinal de Savoye les quatre élemens & pour le Duc de Mantouë l'hiftoire de Diane & celle de Vénus en quatre grands morceaux, il fit encore

plufieurs tableaux d'Autel que l'on fait monter au nombre de quarante cinq.

L'Albane retourna à Rome pour peindre à frefque dans l'Eglife de la Madone della pace plufieurs fujets dans la tribune. Il y fut feul & n'y refta pas long-temps. Il revint à Bologne jouir de fon aimable famille: fa coutume étoit de paffer l'été à deux maifons de campagne qui lui appartenoient & qui étoient ornées de fontaines & d'agréables bofquets. Quand il étoit à Bologne il loüoit un jardín aux portes de la ville; c'eft dans ces charmans féjours qu'il trouvoit les fituations riantes, les beaux fites qui fe voyent dans fes ouvrages, dont les scenes fe paffent toujours dans des jardíns ou dans des campagnes aimables. Les Vénus, les Amours & les sujets de la fable l'occupoient plus fouvent que ceux de dévotion.

Le cardinal de Tofcane le manda à Florence en 1633 & lui fit peindre à frefque dans un enfoncement de fon palais de Mezzo monte, un Jupiter qui reçoit une taffe de la main de Ganimede. Ce morceau eft fort eftimé, il retoucha les quatre tableaux de Diane & de Vénus faits pour le Duc de Mantouë qui après la mort de ce Prince étoient paffés dans le cabinet de cette éminence. On le mena enfuite dans la vigne Paleotti appellée Gli Arienti où il peignit plufieurs frefques, & il fut à Mantouë faire des cartons pour des tapifferies. Tous les fouverains lui demandoient des tableaux qu'il peignoit fur des lames de cuivre pour être plus aifés à tranfporter: ces ouvrages infpiroient la joie & fans jamais bleffer la pudeur, ils faifoient naître les plaifirs.

L'Albane eftimoit beaucoup le vieux Palme pour le ftyle héroïque dont il n'étoit jamais forti & il le comparoit au Taf fe. Le Corrége partageoit fes éloges, & il ne parloit jamais de Raphaël que le bonnet bas. Michel-Ange felon lui avoit un plus grand style que les autres & qui approchoit de celui des anciens. Pour le Caravage il le croyoit la ruine de la pein

ture.

Il s'étoit fait des principes finguliers de fon art. Il vouloit qu'un peintre rendit compte des moindres chofes qu'il met dans un tableau, de même qu'un poëte eft refponfable de la moindre fyllabe de fes vers. La nature, difoit-il, dont le peintre eft imitateur, eft très-finie & l'on n'y voit point de touche, ni de maniére; ainfi il n'eftimoit point les peintres tels

L'ALBANE.

que

que Teniers, le Bourguignon & autres qui n'avoient fait L'ALBANE. relever leur peinture par des touches, quoique légères & fpirituelles. Ĉeux qui travailloient en petit & qui repréfentoient des fujets bas comme des tabagies ou des fujets lascifs, n'étoient pas plus de fon goût; il s'étonnoit même des morceaux qu'on ne pouvoit expofer dans des endroits publics, puffent trouver place dans les palais des grands.

que

L'Albane ne s'étoit jamais appliqué à étudier l'antique, ni le terrible, ni le grand de la peinture, fon pinceau frais & gracieux demandoit des fujets plus agréables. Fâché de n'avoir pas appris le latin, pour pouvoir lire les poëtes qui ont écrit en cette langue, il avoit toujours en main le Tasse ou quelqu'autre poëte Italien. Son attelier étoit ouvert à tout le monde : civil, honnête & d'une conversation agréable, il aimoit fes éléves, leur demandoit fouvent leur sentiment fur fes propres ouvrages & il retouchoit volontiers les leurs, jufqu'à ceux du Mole, quoiqu'il ofât fe comparer à lui pour le païfage,

Malgré toutes les calomnies que fes ennemis ont débité contre lui, l'Albane étoit fincere, peu intereffé & très-affidu à fon travail. Il étoit fi modefte, que lorfque fa femme fut hors d'âge de lui fervir de modéle, les femmes qu'il employoit n'étoient jamais nuës dans les endroits qui bleffent la pudeur; à l'exemple de Louis Carrache & du Guide il ne leur decouvroit que les bras, les jambes, & la gorge. Il congédia même un de fes difciples qui avoit percé le mur pour regarder un modéle de femmes qu'il deffinoit.

Quoiqu'il fût né avec du bien, fon frere le procureur le trompa & trouva le moyen de le diffiper à acheter des livres & à embellir fes deux maifons de campagne. Il eut foin à la mort de ce frere d'acquitter toutes fes dettes & de poursuivre deux procès. Etant vieux il fut obligé de travailler à là hâte pour foutenir fa famille; il faifoit même copier fes tableaux & enfuire les retouchoit; fon travail ne ceffa qu'avec fes jours, & il mourut de défaillance à Bologne en l'année 1660 âgé de près de quatre-vingt-trois ans,

On pourroit lui reprocher avec juftice qu'il n'étoit pas toujours correct & qu'il repétoit fouvent fes fujets. Les têtes de femmes, de vieillards & d'enfans étoient toujours les mêmes, il sembloit n'avoir eu qu'un modèle à fuivre & n'avoir connu

qu'une

qu'une feule des Graces. Un (a) auteur Italien rapporte que

le fameux de Piles paffant à Florence & admirant un tableau L'ALBANE. de l'Albane, s'écria qu'il pouvoit dire les avoir tous vûs, étant (a)Malvafia.Partoujours les mêmes.

te. 4. p. 263.Tom.

Ses difciples furent Jean-Baptifte Mola, Pierre-François II. Mola, Andrea Sacchi, le Cignani, le Bibiena, Pietro Torri, Filippo Menzani, Pianori, Bonini, Taruffi.

L'Albane ne donnoit de fes deffeins à perfonne, il en avoit refusé au cavalier Marin qui le vouloit louer dans fes vers. Cette raison les rend très-rares. La plûpart font à la plume lavés au bistre ou à l'encre de la Chine, quelquefois relevés de blanc ; d'autres font entièrement à la plume avec des contours & des têtes pointillées. On remarque dans ceux qui font deffinés au crayon rouge ou à la pierre noire, peu de facilité de main, des figures lourdes, & un crayon peiné & tâté, on y trouve cependant des graces & des draperies bien jettées. Ses hachures font de tout fens & fouvent paralleles dans les ciels & dans les terraffes. Les têtes de femmes & les enfans de l'Albane qui fe ressemblent presque tous, l'indiqueront toujours.

On voit à Rome dans l'Eglife de faint Sébastien le tableau qui représente ce faint dans le goût des Carrache, & une af fomption de la Vierge faite en concurrence du Guide; à faint Barthelemi di porta il y a deux tableaux, l'un une nativité, & l'autre l'ange qui avertit faint Jofeph d'aller en Egypte. La chapelle de fan-Diego à faint Jacques des Efpagnols eft peinte à frefque de fa main fur les cartons d'Annibal, furtout la lanterne & la coupole. Dans la galerie Verofpi où eft Apollon dans fon char & les quatre faisons, on voit l'Aurore, Jour, le Crépuscule du foir & la nuit avec des aîles noires quí porte entre les bras deux enfans endormis ; à Baffano éloigné de vingt-cinq milles de Rome, la galerie de la vigne Juftiniani fait voir la chûte de Phaëton, avec plufieurs fables de Neptune, de Galathée avec les Nymphes du Pô qui font au bas; dans l'Eglife de la Pace, il a peint à fresque toute la tribune.

le

A Bologne dans l'Eglife de faint George le baptême du Sauveur, à faint Barthelemi une annonciation appellée du bel ange, à la Madona di Galtera Notre Seigneur qui reçoit de la main des anges les inftrumens de fa paffion, un Adam

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& une Eve dans la facriftie, une fainte famille, une MadeL'ALBANE. leine, une fuite en Egypte, une réfurrection & Notre Seigneur fervi par les anges dans le défert; aux Servites le martyre de faint André, un Noli me tangere; aux Capucines la Vierge avec le Jefus, fept anges & faint Jofeph dans le fond; aux religieufes de Jefus & Maria faint Guillaume en habit de guerre à genoux devant un Crucifix avec une gloire où eft la Vierge, & au-deffus de la corniche un chœur de fix Chérubins; à faint Michel in Bosco les faints décolés qu'on porte en terre, fainte Cécile qui brise son orgue, le mort reffufcité par faint Benoît.

A Regio en Lombardie dans l'Eglife de faint François le baptême du Sauveur.

Le Roy d'Espagne a dans fon palais de buen retiro, le jugement de Paris, un printemps peint fur toile, les figures environ un pied de haut.

Dans la galerie du Grand Duc on voit une Vierge, Jofeph & Putifar, une Vénus fur les eaux, les quatre tableaux de la chafteté de Diane & des amours de Vénus qui avoient été faits pour le Duc de Mantouë.

Dans celle du Duc de Parme une fainte Rofe avec des anges en haut & une admirable païfage.

Chez le Duc de Modéne des Amours danfant autour d'un piédestal.

A Duffeldorf chez l'Electeur Palatin, Vénus endormie environnée d'Amours, & Adonis qui va à la chasse.

A Turin dans le palais les quatre ronds des élémens. Le Roy poffède Vénus à fa toilette fervie par des Nymphes, trois différents tableaux de Vénus & Adonis, les Nymphes de Diane coupent les aîles aux Amours, Biblis & Ćaune, une Vierge avec le Jefus à qui des anges préfentent des fleurs, Cibelle avec les faifons, Mercure & Apollon, trois annonciations, un baptême de Jefus-Chrift par faint Jean, le même faint prêchant dans le défert, l'apparition du Sauveur à la Madeleine, une charité, une fainte famille, Dieu le Pere dans une gloire, Adam & Eve chaffés du Paradis, la fable de Latone, Ulyffe & fes compagnons, Jofeph & Putifar, Apollon & Daphné, Vénus, Vulcain & les Amours; tous ces tableaux font prefque tous fur cuivre & très-finis.

Au palais Royal on voit Salmacis dans un païfage, une

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