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petit, un faint Jean qui prêche dans le défert, faint Bruno FRANÇOIS auffi dans le défert beau païfage, Angélique & Médor, Tancrede panfant un soldat bleffé.

MOLA,

La collection du palais Royal offre un repos en Egypte peint fur toile, Archimede tenant un compas & un foldat qui le bleffe, grand comme nature; une prédication de faint Jean peinte fur toile, Agar & Ifmaël petit tableau peint fur cui

vre.

Coëlemans, Spierre, Pietro fanti Bartoli ont gravé d'après ce maître,

CHARLES CIGNANI.

OICI un peintre qui s'eft extrêmement diftin-
gué dans la ville de Bologne lieu de fa naissance, CIGNANI.
dont il a conduit l'école de peinture pendant un
temps confidérable; c'eft Charles Cignani né en

1628. Son pere Pompée Cignani d'une ancienne famille de Bologne voyant fon fils deffiner d'après les meilleurs tableaux de fon cabinet, fçut prévoir l'habileté qu'il acquereroit un jour dans cet art. Battista Cairo peintre Bo lonois que Pompée attíra chez lui, cultiva d'abord cette jeune plante; elle s'accrut dans l'école de l'Albane qui l'aima toujours comme fon propre fils. Cignani s'élevoit au-dessus de fes camarades, il remportoit tous les prix de l'Académie, & fes coups d'effai en peinture furent ceux d'un maître con

fommé ; l'Albane publioit par tout qu'il feroit le plus grand CIGNANI. foutien de fon école & même il l'employoit souvent à peindre dans fes propres ouvrages.

Sa réputation quoique naiffante le fit demander à Livourne, où il traita en habile homme un jugement de Paris; à fon retour à Bologne le cardinal Farnefe l'occupa dans la grande falle du palais public, où il repréfenta en deux grands morceaux le Roy François I. qui en paffant à Bologne guérit les écrouelles, & l'entrée de Paul III. en cette ville. Le même cardinal le mena à Rome où il peignit deux tableaux à faint André de la Valle & un dans la Bafilique de faint Pierre qui a été gâté depuis par l'humidité; trois années s'écoulérent à Rome dans ces travaux, il revint ensuite à Bologne où il fut autant accablé d'ouvrages que de careffes, toutes les Eglifes, tous les Palais offrent aux yeux différens témoignages de fa capacité.

Le Duc Ranucio de Parme le manda pour peindre les murs d'une chambre où Auguftin Carrache avoit exprimé au plafond le pouvoir de l'Amour. Ce Prince lui donna le même fujet à continuer & le Cignani le traita avec beaucoup d'élégance. Il n'y eut point d'accueil que ce Souverain ne lui fit pour l'engager à refter à Parme; à rester à Parme, mais fes affaires domestiques le rappellérent à Bologne.

Ses premieres occupations furent de marquer fa reconnoiffance à ce Prince en lui envoyant le tableau de la conception pour l'Eglife de ce nom qu'il avoit fait bâtir à Plaifance. Le Duc François Farnése le preffa dans la fuite de recevoir le titre de Comte & de Cavalier que fa modestie lui avoit fait refuser du Pape & de plufieurs autres Princes. Tous ces honneurs redoublérent l'eftime du public, fon école acquéroit chaque jour de nouveaux éléves, & fes ouvrages multiplioient le nombre des admirateurs : un fi grand fuccès ne pouvoit manquer d'être troublé par l'envie; on publia contre lui des chofes très-défavantageufes; on lui gâta des tableaux qu'il avoit faits fous le portique des Peres Servites, & l'on brûla les cartons qu'il y avoit laissés.

L'Electeur de Bavière qui vouloit embellir une Eglife de Munich, nomma le Cignani parmi quatre des plus fameux peintres d'Italie qui devoient chacun fournir un morceau pour ce temple, il leur affigna une fomme confidérable &

un prix pour celui qui réüffiroit le mieux; le Cignani envoya une fainte famille qui fans le manège des envieux auroit eu la palme.

Le Grand Duc de Toscane ne voulut pas être le feul Prince qui ne fît point d'accueil à ce peintre, il lui demanda fon portrait & plufieurs ouvrages qui ornent sa belle galerie de Flo

rence.

Il ne manquoit plus à la gloire de ce grand peintre qu'un morceau public digne de lui, une grande machine telle qu'une coupole, celle de la Madona del fuoco de la ville de Forli lui fut offerte en 1686. & il fe rendit auffitôt en cette ville pour la commencer.

Après avoir fait tenir fon école de Bologne pendant quelque temps par deux de fes meilleurs éléves, il la fit enfin tranf porter à Forli ainfi que toute fa famille, le cardinal fan- Cefareo paffant par cette ville lui demanda quelque morceau de fa main, le Cignani lui fit préfent d'un Adam & Eve qu'il avoit fait pour fon étude. Le cardinal lui donna cinq cent piftoles en lui difant qu'il comptoit feulement acheter la toile & recevoir la peinture en préfent.

Il devint Citoyen de Forli ayant été près de vingt ans à finir cette coupole qui ne fut achevée qu'en 17c6. fon fils Felice l'aida beaucoup dans ce grand ouvrage, il y a représenté le paradis avec une grande quantité de figures qui font connoître l'étenduë de fon génie.

Le Pape Clément XI. l'honora de fa protection, lui procura plufieurs ouvrages & le déclara Prince de l'Académie de Bologne en donnant fon nom à ce corps qui s'appelle encore l'Académie Clémentine; le principe de fon élévation fut fon mérite, il termina fes travaux par le tableau de la naiffance de Jupiter qu'il peignit à l'âge de quatre-vingts ans pour l'Electeur Palatin. Cignani fut attaqué d'un catarre en 1715. & il ne fut plus capable de rien faire. Après quatre années de fouffrance il tomba malade & il voulut brûler une Danaë un peu trop nuë qui fut fauvée par fon fils qui promit de la couvrir. Sa mort arriva à Forli en 1719. à l'âge de quatre-vingt onze ans. Son corps fut expofe fous la coupole qu'il avoit peinte, & fon fils Félix lui fit faire des obféques magnifiques avec une belle épitaphe. Les Académiciens de BoLogne rendirent à fa mémoire les honneurs qu'ils lui devoient

CIGNANI.

par un service magnifique au bout de l'an avec une oraison CIGNANI. funébre.

Le Cignani eut dix-huit enfans qui moururent tous, il ne refte que les enfans de fon fils Felice.

Ses éléves ont été fon fils Felice, Marc Antoine Francefchini, Louis Quaini, François Mancini, & le Lamberti.

Une heureuse phifionomie fe joignoit au caractére avantageux de bonté, de générofité qui le portoit à foulager fes éléves, à faire du bien à ceux qui le défobligeoient & à louer ceux même qui parloient mal de lui.

On trouve dans le Cignani la fraîcheur & la force du pinceau, la légèreté de la main, un faire admirable, la correction du deffsein, les graces, le moëlleux, la fertilité du génie, une facilité à jetter fes draperies, en un mot c'eft un peintre des plus gracieux ; il s'attacha furtout à l'expreffion des paffions de l'ame. La nouvelle maniére qu'il s'étoit faite tenoit du Guide & du Caravage fans jamais perdre de vûë les graces du Corrége.

il

Quand il deffinoit & que le deffein ne lui plaifoit pas, le déchiroit & en faifoit un autre, difant que quelque changement qu'on y fît il fentiroit toujours un deffein rechauffe. Ses tableaux, à la manière des Carrache, paroiflent plus grands qu'ils ne le font en effet, l'artifice de placer les fites & de difpofer fes figures, une ordonnance heureuse étoient (a) Summi bomi- encore de grands talens chez ce peintre : on lui ( a ) reproche nes.bomines tamen qu'il finiffoit trop fes tableaux & qu'il n'y mettoit pas affez

de feu, fon colorís étoit fi fort & il donnoit tant de relief à fes figures qu'elles ne fe lioient pas avec le fond; on l'a même toujours regardé plus propre à peindre des Vierges & des demifigures que des fujets d'hiftoire.

Le Cignani eftimoit fi fort Louis XIV. qu'il le mettoit au-deffus des Princes de fon temps, & qu'il le comparoit à ce que nous avons de plus grand dans l'histoire, ce n'étoit point les conquêtes de ce Prince qui lui avoient fait naître cette pensée, mais feulement fon amour pour les arts & pour

les fciences.

Les deffeins du Cignani ne fe trouvent pas facilement, ce que nous en avons est très heurté à la fanguine ou à la pierre noire, & fait connoître fa grande maniére de penfer, le beau choix qu'il a fait de la nature & fa grande intelligence à répandre les lumières. Il y a quelques deffeins plus terminés quí

font

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