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ris dans la falle des bains les portraits de la maison d'Au VELASQUEZ triche depuis Philippe I. jufqu'à Philippe IV. ya a un feul tableau de ce maître au palais Royal, c'est un Moyfe fauvé des eaux, il eft plus grand que nature & peint

Il

fur toile.

Paul Pontius a gravé un portrait d'après ce maître.

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LA

JOSEPH RIBERA.

LET.

A naiffance de Joseph Ribera appellé l'Espagnolet eft marquée à Xativa dans le Royaume L'ESPAGNOde Valence en Espagne en l'année 1589. Il la devoit à des parens pauvres qui fecondérent de tout leur pouvoir les heureuses espérances que leur fils donnoit pour les beaux arts. On le mit d'abord chez François de Ribalta & on l'envoya tout jeune en Italie, premiérement à Parme où il étudia long-temps la maniére du Correge; il fe rendit quelque temps après à Rome, mais réduit à une fi grande mifére qu'il mangeoit les reftes des penfionnaires de l'Académie de peinture, on l'appelloit communément l'Espagnolet qui eft un diminutif du mot d'Espagnol, Deffinant un jour quelques peintures qui or,

nent les rues de Rome, un cardinal qui paffoit admira fon ouL'ESPAGNO- vrage, & le voyant fi jeune & fi mal vétu, le retira dans fon LET. palais où il fut habillé & où il ne manqua de rien: cette nouvelle fituation le rendit pareffeux & oifif, mais bientôt il rentra en lui-même & cédant à fa paffion pour le deffein, il abandonna la maison du cardinal, & fans prendre congé de perfonne, il reprit fa premiére maniére de vivre & d'étudier. Ĉette éminence le rencontrant quelque temps après, lui reprocha fon ingratitude, cependant fatisfait du motif qui l'avoit fait fortir de fa maison, il le loua d'avoir préféré l'intérêt de son avancement aux agrémens d'une vie plus douce.

L'envie qu'eut Ribera de faire tomber les ouvrages du Dominiquin dont il étoit devenu jaloux, le fit changer de manière & il fuivit celle de Michel-Ange de Caravage dont la surprenante force affoibliffoit toutes les autres peintures. Cette nouvelle route rendit ce peintre fec & noir, ainfi que fon modéle, fon pinceau étoit moins moelleux, fon génie & fa pratique de peindre bien plus foibles, mais il deffinoit plus correctement que le Caravage: fon rare talent lui attira des amis & de puiffans protecteurs.

La grande quantité d'habiles gens qui étoient alors à Rome détermina Ribera à fe retirer à Naples, il y travailla d'abord pour un marchand de tableaux qui partifan de fon goût de peinture lui offrit fa fille en mariage; il l'époufa & continuant d'étudier fous le Caravage, il fut regardé comme le premier peintre de Naples : le Viceroi auffitôt lui donna un logement dans fon palais, & avec une telle protection il dominoit fur tous les autres peintres de la ville & même fur le Dominiquin qui étoit pour lors à Naples Il n'y eut point de chagrin que Ribera ne lui caufât; après fa mort il peignit les miracles de faint Janvier dans la coupole de la chapelle du tréfor. De fi grands travaux l'enrichirent en peu de temps, & fon nom devint fi célébre que tous les Princes lui demandérent de fes ouvrages, mais les principaux étoient refervés pour le Roy d'Elpagne à qui le Viceroi les envoyoit. Le Pape voulut lui marquer fon eftime, il le fit chevalier de Chrift, & l'Académie de faint Luc à Rome en l'année 1630. le reçut dans fon corps.

Son génie naturel le portoit à rechercher les fujets terribles & pleins d'horreur, dans le profane, des Ixions, des Tan

tales, des Prométhées, & dans le facré, le martyre de faint Barthelemi, de faint Etienne, de faint Laurent, &c. tableaux qui L'ESPAGNOplaifoient infiniment à la nation Napolitaine & Efpagnole. Il faut convenir que ces morceaux font pleins d'une fi grande vérité qu'on ne peut aller plus loin, ils n'ont contre eux que la férocité des sujets.

Peut-être que ce peintre n'eût pas eu un fi grand fuccès à Rome où les morceaux d'histoire fainte & profane font plus recherchés, où l'on préfére les fujets fufceptibles de noblesse & de grace à ceux qui n'infpirent que l'horreur & l'effroi ; mais tout genre fied à un habile homme pourvû qu'il excelle dans celui qu'il a embraffé, il ne peut vaincre fon inclination naturelle, il céde malgré lui à un penchant qui le porte plus vers un objet que vers un autre ; c'eft une efpéce d'inspiration.

Ribera a fait très-peu de tableaux de dévotion & à peu travaillé pour les Eglifes, ce font prefque tous tableaux de chevalet répandus de tous côtés, & il y a peu de cabinets confidérables qui n'en poffédent quelques-uns. Une Dame Holandoife ayant regardé un tableau que ce peintre avoit envoyé dans fon pays & qui repréfentoit Ixion fur la roue avec des doigts que la douleur avoit rendus tortus, en fut fi frappée qu'elle mit au monde un enfant contrefait, ce qui fit renvoyer le tableau en Italie. Ce peintre mourut à Naples en 1656. âgé de foixante & fept ans, laiffant une fille unique.

On lui connoît pour éléve Lucas Jordans de Naples, dont il fera parlé dans la fuite.

Ses deffeins font la plûpart arrêtés par un trait de plume très fin & très fpirituel, fouvent hachés & croisés du côté des ombres fans aucun lavis, avec un païfage excellent. On en voit d'autres à la pierre noire relevée de blanc ou à la fanguine lavée de rouge; on ne peut mieux le défigner que par fes traits de plume prefque couchés & faits de fuite fans lever la main, par fes têtes allongées avec des cheveux épars & hériffés, dont l'expreffion fait tout le mérite : il n'y faut chercher ni nobleffe, ni grace.

Ribera a gravé environ vingt-fix piéces à l'eau forte, dont les principales font un faint Janvier en hauteur, faint Pierre, faint Barthelemi, Bacchus couché avec des Satyres piéce en travers, deux caricatures, un Satyre lié à un arbre, un faint Jérôme, le portrait de Don Jean d'Autriche, & un livre de

LET.

portraiture de douze feuilles ; le refte de fon œuvre composé L'ESPAGNO- de vingt-fix piéces eft gravé par Vosterman, Troien, H. Borgianus, Lafne, Coëlemans: on en voit encore quelques-unes dans le recueil des tableaux de l'Empereur gravés par A. J. Prenner.

LET.

A.

Ses ouvrages font la plûpart à Naples; on voit de fa main dans la chapelle du tréfor qui eft à la Cathédrale deux tableaux d'Autel qui repréfentent des miracles de faint Janvier, à la Trinité delle Monache deux beaux morceaux qui font faint Jérôme & faint Bruno; dans l'Eglise de faint Martin des Chartreux, les douze prophétes fur les arcades de la voûte, Moyfe & Elie au-deffus des chapelles du côté de la grande porte, dans le chœur une céne, dans le nouveau tréfor un Chrift au tombeau entre la Vierge & faint Jean; à l'Autel de la facriftie une affomption; dans le couvent un faint Luc où Ribera a peint fon portrait & dans les têtes du Jefus & de la Vierge, fa femme & fon fils.

A l'Escurial en Espagne on voit dans la facristie une nativité & une conception; dans le chapitre un faint Jean qui careffe fon agneau, ce tableau eft grand comme nature & il est peint fur toile; dans l'appartement du Roy au même couvent l'adoration des bergers, faint Antoine aux pieds du Jefus qui eft dans une gloire, tous deux peints fur toile & grands comme nature; à faint Ifabel une conception où il a mis le portrait de fa fille à la tête de la Vierge, une Mater dolorofa dans l'Eglife de l'Apoftolado; un grand Crucifix dans la falle du De profundis du collège d'Atocha; une conception au maître Autel de l'Eglife de fan - Pafchal Bayron, & dans la croifée de l'Eglife quatre tableaux, fçavoir faint André, faint Paul hermite, le baptême de Jesus-Chrift & faint Sé

bastien.

A Salamanque dans le couvent des religieuses Augustines de Monte Rei une conception, un faint Augustin & faint Jan

vier.

A Cordoue dans la facriftie du couvent de faint Augustin on voit une nativité, & dans l'oratoire del Senor Acebedo un beau faint Jérôme.

On voit à Amfterdam un Ixion sur la rouë, un Tantale, faint Barthelemi qu'on écorche, Titius à qui un vautour mange les entrailles, Caton d'Utique qui fe tire lui-même les boyaux, un

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