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HYACINTHE

BRANDI

HYACINTHE
BRANDI.

N trouvera dans la perfonne de Giacinto Brandi un mérite bien inégal; très grand dans de certaines parties & extrêmement petit dans d'au

tres.

Ce peintre naquit en 1623 à Poli, terre éloignée d'environ vingt milles de Rome. Son Pere Jean Brandi Pamena fort jeune en cette ville, & vint s'y établir. Il étoit originaire de Florence & donnoit des deffeins pour des Brodeurs,

Le jeune Brandi qui étoit bien fait & fpirituel, fervoit fou vent de modéle au fameux l'Algarde, qui voulut d'abord en former un fculpteur; comme il avoit commencé à lui donner les principes de la peinture, le jeune homme parut s'y plaire

davantage

davantage, on le mit chez Jacques Sementa Bolonnois qui peignoit dans le goût du Guide. Cette école fut fuivie de celle BRANDI.

du Lanfranc dont aucun disciple n'avoit tant de génie ni tant de feu que le Brandi.

Il ne tarda guéres à donner des preuves de fon habileté dans plufieurs Eglifes & dans les palais de Rome. Sa réputation s'accrut en peu de temps; il devint chef d'une école, & il fut élu Prínce de l'académie de faint Luc: quoiqu'il fût accueilli des grands Seigneurs & du Pape même qui le fit Chevalier de l'ordre de Chrift, leur compagnie lui étoit moins agréable que celle d'un maître d'hôtellerie pour qui il travailloit fouvent & duquel il tiroit tout l'argent dont il avoit befoin.

Perfonne n'a été plus laborieux que le Brandi, ni plus expéditif: la gloire ne le guidoit pas toujours, l'argent dont il étoit avide, n'étoit point en lui un motif d'avarice; il ne cherchoit qu'à fournir à fa dépenfe un peu trop forte à la vérité pour un artiste : le Brandi fut mandé à Gaëtte pour peindre plufieurs tableaux; fon pinceau libre, fon génie fertile, ses compofitions riches foutenues d'un grand feu plaifoient encore plus aux étrangers qu'aux Romains, fouvent peu correct & très foible de couleur, il faifoit fouhaiter aux amateurs qu'il eût fait moins de tableaux, ou du moins qu'il eût mis plus de temps à les finir.

On remarque que le Brandi qui étoit bienfait, n'avoit pas l'élocution heureuse, & quoiqu'il aimât les plaifirs, il s'emportoit fouvent au point de les troubler. La conversation des peintres n'étoit nullement de fon goût,il parloit affez mal d'eux, & il n'en exceptoit que Michel-Ange des Batailles qui étoit fon ami particulier. Rome le vit périr en 1691 à l'âge de foixante & huit ans, laiffant peu de biens & plufieurs enfans,

Un de fes difciples nommé Jacobo Rofa devint amoureux d'une de fes filles & l'époufa malgré lui, le chagrin qu'il en eut, le détermina à congédier tous fes difciples. On ne lui en connoît que deux fçavoir ce Jacobo Rofa & Felice Ottini dit Felicetto.

Il n'y a rien de fi aifé à diftinguer que les deffeins du Brandi faits avec une groffe plume, on y trouve des traits heurtés, un contour peu prononcé, une touche lourde, & des hachures du même fens fans être croifées. Soit qu'ils foient lavés au bistre,

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HYACINTHE

HYACINTHE
BRANDI.

deffinés au crayon rouge, ou à la pierre noire, il y régne un même efprit; fouvent dans les mains & dans les têtes il employoit un peu de fanguine.

Ce qu'on remarque de plus confidérable de ce maître à Rome, eft le couronnement de la Vierge peint au maître Autel de l'Eglife du Jefus & Marie al corfo où il a peint encore dans la voûte la Vierge tenant le Jefus avec faint Jofeph. On voit à faint Charles al corfo plufieurs de fes ouvrages, la voûte du milieu représente la chûte de Lucifer, & faint Charles porté au Cief: il a peint Dieu le pere dans la lanterne de la coupole, quatre Prophétes dans les angles, & le miracle de la pefte dans la tribune. A fainte Marie Madeleine, c'est un crucifiment, & à fainte Marie in via lata il a peint au plafond plufieurs traits de la vie de la Vierge, & un tableau d'Autel qui eft faint André. A faint Auguftin la bienheureuse Rita à genoux. A faint Silveftre delle monache on voit dans la grande voûte l'affomption de la Vierge, faint Jean, & faint Silvestre dans une gloire de faints & d'anges, la voûte des deux côtés de la croifée, & les apôtres peints dans la lunette au-deffus des orgues. A faint Roch, Brandi à peint au maître Autel N. S. foutenu fur des nuages avec faint Roch abbé & plufieurs peftiférés couchés par terre; on voit un faint Jofeph dans une autre chapelle.

A Verone à fainte Marie in organo une affomption de la Vierge au maître Autel.

A la Vittoria delle Monache à Milan faint Charles qui guérit les peftiférés.

A Duffeldorf chez l'Electeur Palatin, l'image de JefusChrist mort, & celles de faint Antoine & de faint François. Il y a une pièce gravée d'après le Brandi dans le recueil de Crozat.

PHILIPPE LAURI.

P

HILIPPE Lauri prit naiffance dans la ville

Phi

LAURI.

de Rome en 1623; fon pere Balthafar étoit d'An- PHILIPPE vers, & vint s'établir en Italie où il eut deux fils; l'un Francesco fous la conduite du Sacchi devint habile peintre, & mourut à vingt-cinq ans ; lippe fut le second. Balthafar étoit bon peintre & difciple de Paul Bril; il s'apperçut avec joye que fon fils Philippe en allant à l'école, fans jamais avoir vu de deffein, faifoit le por- (4) Ergo nunquam trait de tous fes camarades. Une inclination auffi (a) marquée nifi pravio ingenio le deftinoit à devenir un grand peintre. Son pere le mit avec fon autre fils François qui lui apprit les premiers élémens de l'art : la mort prématurée de François le fit paffer dans l'école d'Angelo Carofelli fon beau frere qui s'étoit acquis quel

atque

eodem benè

erudito manum ad opus admoveat. Leon. Bap. de Al

bertis de pict. 1. 3.

p.

112.

PHILIPPE

LAURI.

que réputation dans la peinture. Philippe fit de fi grands progrès qu'il furpaffa fon maître de toutes maniéres : il perdit en ce temps là fon pere, & peu après fon maître qui l'aimoit tant que pour le faire connoître il lui amenoit tous les étrangers curieux qui venoient lui rendre visite à Rome.

Philippe qui avoit beaucoup étudié, quitta auffitôt fa premiére maniére & s'appliqua à peindre des fujets d'histoire en petit avec des fonds de païfage d'un frais & d'une légéreté admirables: il fit auffi plufieurs grands tableaux pour des Eglifes, où il réüffiffoit moins bien que dans les petits; du reste il a laiffé plufieurs ouvrages imparfaits.

La nature qui lui avoit refufé une belle figure, l'avoit doué de plufieurs talens; outre qu'il poffédoit la perspective, il étoit poëte & fçavant dans l'histoire & dans la fable, fon efprit enjoué & fes heureuses faillies réjoüiffoient fouvent fes amis.

Son barbier ayant entendu dire qu'il avoit donné un tableau à fon apotiquaire pour l'avoir foigné dans une maladie, fe flatta d'obtenir la même faveur. Il le pria donc de lui faire un tableau: Philippe qui connut fon intention, fit fa caricature & imita les geftes ridicules qu'il faifoit en lui parlant : il écrivit au bas du tableau, celui-ci cherche une duppe & ne l'a point trouvé il l'envoya chez le barbier à l'heure qu'il fçavoit que se rassembloient dans fa boutique plufieurs de fes amis. Chacun trouvant le portrait des plus grotesques, fe mit à rire & à fe mocquer de lui; fes amis l'empêchérent de le mettre en piéces. Philippe se réjouit ainfi aux dépens de fon barbier, dont la main fui parut trop dangereuse pour s'en fervir dans la fuite.

On ne peut pas dire que Philippe Lauri ait été un des premiers peintres de Rome; il deffinoit bien, il étoit gracieux, fon païfage étoit frais & de bon goût, fa couleur variée, fouvent trop forte & plus fouvent un peu foible. Il peignoit ordinairement des fujets de métamorphofe, des bachanales, fouvent même des fujets d'hiftoire qu'il traitoit avec beaucoup de fineffe: ces morceaux fe font repandus en Angleterre, en Espagne, en Allemagne & par toute l'Europe.

Il ne voulut jamais fe marier ni se géner à former des éléves; fon plaifir étoit de s'amufer avec les amis, & de leur faire des tours plaifans & pleins d'imagination, On le voyoit dans

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