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fous faint Leon; il y respecta le plafond peint par fon maître

RAPHAEL. Pérugin.

d'histoire qui

eft vis-à-vis.

vitrées à trois éta

premiére cour du

Vatican.

latifs au morceau L'efcalier, les chambres du Vatican furent embellies de grotesques & de différens animaux peints par Jean da Udine, (a) Ces Loges les (a) Loges commencées par Bramante, furent achevées font des galleries fur le nouveau deffein de Raphaël, les hiftoires, les comges, autour de la partimens, & les grotesques furent peints par fes difciples. Un génie auffi élevé ne s'étoit point borné à la peinture. Il modéla les deux figures d'Elie & de Jonas, ainfi que le bas relief, que l'on voit exécutés en marbre dans l'Eglife de la Madonna del Popolo. Il s'attacha enfuite à l'architecture, & fit bâtir fur fes propres deffeins plufieurs maisons, entr'autres la Vigne du Pape, le palais Pandolfini à Florence, le jardin du Pape, les appartemens de la Vigne Chigi. Comme il étoit devenu riche, il se bâtit auffi un palais in Borgo nuovo : il eut dans la fuite la direction de la nouvelle Eglife de faint Pierre. Leon X le fit un de ses Camériers, & lui commanda de travailler à la falle de Conftantin, dont Raphaël donna tous les deffeins. Il fit enfuite les cartons pour les tapifferies qu'on devoit exécuter en Flandre.

Avec un efprit excellent, Raphaël étudioit fans ceffe, & travailloit à fe perfectionner. Ses pensées secondées par l'A riofte qui étoit fon ami particulier, & par plufieurs autres beaux-efprits, (auxquels il faut attribuer les anachronismes & les défauts de convenance qu'on remarque dans fes ouvrages) devinrent dans la fuite très-élevées. Qu'y a-t-il de plus grand, par exemple, que d'expofer aux yeux d'Attila les deux figures de faint Pierre & de faint Paul, combattans en l'air, idée qui approche de l'élévation d'Homére, qui intéreffoit les Dieux à l'hiftoire de fes Héros, Ne pouvant atteindre Michel Ange dans fon grand goût de deffein, il prit une manière nouvelle plus gracieuse & qui plaifoit davantage, accompagnée de tous les ornemens & des convenances de la peinture, il la forma fur les belles figures Grecques, & fur les bas-reliefs antiques, qu'il deffinoit avec beaucoup d'application. La belle nature étoit confultée & réformée felon les proportions des anciens ftatuaires. Ses études d'un crayon bien manié font connoître évidemment qu'il corri, geoit la nature fur l'antique, & qu'il deffinoit fes figures nuës, avant que de les couvrir de draperies, qu'il varioit jufqu'à ce qu'elles convinffent à son sujet.

Une étude particuliére de l'anatomie, jufqu'à deffiner des figures écorchées, donna à Raphaël cette correction qui fe RAPHAEL. fait tant admirer. S'il profita de fes études d'après l'antique, & de tout ce qu'il faifoit deffiner dans les pays étrangers, il fçut adroitement les employer dans fes ouvrages. Les peintres qui ont fuivi Raphaël, n'ont point fait ufage comme lui de toutes ces reffources.

Pour peu qu'on veuille réfléchir fur ce grand homme, on verra qu'il penfoit noblement, & qu'il avoit beaucoup de gé-, nie & de fécondité. Ses contours font coulans, & fes ordonnances magnifiques. Il traitoit également l'hiftoire fainte, la profane, l'allégorie, & la fable; fon grand ftyle fe prêtoit à ces différentes maniéres. Un deffein très-correct, un choix parfait, de l'élégance dans fes figures, une naïveté d'expreffions, un naturel dans les attitudes, une grande maniére fans être affectée, des graces dans fes airs de têtes, une fageffe à bien faifir les beautés de la nature, & la fimplicité avec laquelle il s'eft élevé au fublime, tout cela joint ensemble le rend fans contredit le plus grand peintre que nous ayons eu jufqu'à préfent.

Il eft à préfumer par fes derniers ouvrages, que partifan moins zélé des figures antiques, il fe feroit plus attaché à fuivre le vrai de la nature, & qu'il auroit changé fon goût de couleur. Tout différent de lui-même dans certains tableaux, il s'est élevé infiniment dans fon dernier temps. En faut-il une plus forte preuve que le tableau de la transfiguration qui est à Rome, & que l'on regarde comme fon chef-d'œuvre Muni graces & des proportions des belles figures antiques, il n'avoit plus qu'un pas à faire pour acquérir un coloris aussi parfait que celui du Titien, & un pinceau auffi moelleux que celui du Corrége.

des

Pour juger de la fineffe de fon efprit, il ne faut qu'examiner avec quelle adreffe il a évité le racourci des figures, qu'il fçavoit ne pas entendre parfaitement. Il a feint de peindre fes fujets fur des tapifferies attachées au mur. C'est ainfi que font exécutés les deux morceaux de Pfyché qui font au petit Farnése, la bataille de Constantin, & les trois autres traits de fon hiftoire, les quatre fujets du plafond de la premiére chambre de la Signature au Vatican.

Le jugement, que porta de Raphaël Annibal Carrache en

revenant de Rome, confirme tout ce qu'on vient de dire. RAPHAEL. Après avoir examiné, dit-il à ses disciples, tous les maîtres d'Italie, Raphaël m'a paru être celui qui a le moins manqué dans fes ouvrages, & qui a les plus petits défauts.

Raphaël étoit beau, bien fait, & d'un caractére doux, poli & modefte: il aimoit naturellement à donner des avis aux peintres & à les aider de fes deffeins. Sa conversation aimable & ingénieuse le faifoit chérir & rechercher de tout le (a) Le cardinal monde. On affure qu'il refufa l'alliance d'un (a) cardinal, de fainte Bibiane s'étant flatté de le devenir lui-même.

lui offrit fa niéce en mariage.

Sa paffion trop violente pour les femmes abrégea confidérablement fes jours. Auguftin Chigi favorifoit encore cette paffion, en lui permettant de faire venir fa maitreffe jusque dans fon palais, afin de l'engager à en finir les deffeins. Les médecins, aufquels il ne voulut pas déclarer fon dernier excès, l'épuiférent par trop de faignées, & il mourut en 15 20. à l'âge de trente-fept ans, le jour du Vendredi Saint qui étoit celui de fa naissance : une plus longue carriére étoit dûë à de fi grands talens. Son tombeau fe voit à Rome dans l'Eglife de la Rotonde à côté de celui des Carrache & fon épitaphe a été faite par le cardinal Bembo. Son corps fut expofé dans la même falle où il peignoit, avec fon dernier tableau de la transfiguration.

Ses difciples ont été Jules Romain, Jean-François Penni dit il Fattore, Polidor de Caravage, Maturin, Perin del Vaga, Pélégrin de Modéne, Jean da Udine, Raphaël dal colle, Benvenuto di Garofalo, Timothée delle Vite, Barthelemi da Bagnacavallo, Vincent da fan - Giminiano & autres. Jules Romain & Jean-François Penni, furent ses héritiers.

Les deffeins de Raphaël font moins rares que ses tableaux. On fçait qu'il deffinoit prefque toujours pour fournir de l'occupation à fes éléves, Quoique plufieurs perfonnes fe foient efforcées de le contrefaire, fon maniment de crayon, la hardieffe de fa main, & fes graces découvriront toujours leur originalité, il fe fervoit ordinairement de crayon rouge. Il croifoit fes hachures très-proprement, & les contours coulans & reffentis de fes figures font feuls capables de les faire connoître. Raphaël a auffi deffiné au biftre, à l'encre de la Chine rehauffée de blanc, mais il employoit ordinairement la plume avec beaucoup de légèreté, conduifant fes hachu

res de droit à gauche. Comme ce maître n'a point été maniéré, il est plus difficile de connoître fes deffeins que ceux RAPHAEL. d'un autre, on conviendra qu'il faut avoir beaucoup de difcernement pour ne s'y point méprendre. La belle pensée qui regne même dans les copies, eft feule capable de tromper bien des amateurs.

par

Les principaux ouvrages de Raphaël à Rome font les seize morceaux peints à frefque dans les quatre (a) chambres du Vatican, dont il y en a fept de fa propre main; faint Leon qui parle à Attila, la prifon de faint Pierre, le miracle arrivé pendant la Meffe à Bolfene, la fameuse dispute du Saint Sacrement, l'école d'Athenes, le Mont Parnaffe, & Grégoire IX. qui donne les décrétales. Les cinq autres ont été peints fous fa conduite différens disciples & retouchés de lui. En voici les fujets, l'hiftoire d'Heliodore, l'incendie du bourg faint Pierre, les Sarazins chaffés du port d'Oftie, la juftification de Leon III. devant Charlemagne, & le couronnement de ce même Empereur. Les quatre morceaux de la falle de Conftantin font peints après la mort fur fes deffeins par Jules Romain, le Fattore & Raphaël dal Colle; ils représentent la bataille de Constantin, la vifion de ce Prince, fon baptême & le don qu'il fait au Pape de la ville de Rome. Les Loges font peintes par fes difciples fur fes deffeins. On trouve au premier étage des feuillages & des oiseaux : l'hiftoire de l'ancien & du nouveau Teftament orne le second étage, & le troifiéme représente des sujets d'histoires, d'ornemens, de païfages, & des cartes géographiques. Au palais Chigi ou petit Farnese, Raphaël a peint dans le plafond deux grands fujets, l'un le banquet des Dieux pour les noces de Pfyché, l'autre leur affemblée pour la déïfier. Il y a encore díx angles compofés chacun de deux ou trois figures, & dans les coins plufieurs enfans portant différens attributs des Dieux. Dans l'Eglife de la Paix à Rome, on voit des prophétes & des Sibylles; dans celle de faint Pierre Montorio le fameux tableau de la transfiguration qui eft un chefd'œuvre, à faint Auguftin le prophete Ifaïe peint fur le mur d'un pilier, avec deux enfans.

A Naples une Vierge avec faint Jérôme en habit de car

dinal.

A Palerme au Mont Oliver, le beau portement de croix,

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Aux Religieufes de faint Paul le Saint en pied, & fainRAPHAEL. te Catherine à genoux, en haut le Chrift, la Madone, & faint

Jean.

La fameuse sainte Cécile fe voit à Bologne dans l'Eglife de faint Jean in monte.

A Foligno dans le Couvent delle Comteffe, une Vierge tenant le Jefus avec faint François, faint Jean, & faint Jérôme qui préfente un bienfaiteur.

En Espagne dans le palais de Madrid la Vierge au poiffon petit tableaux précieux; dans celui de Buen retiro un portement de croix avec la Vierge & plufieurs figures, & une fainte famille ; dans la facristie de l'Efcurial, une belle Vierge avec le Jefus & faint Jean, la vifitation, une Vierge tenant le Jefus avec faint Jérôme, un ange & Tobie, dans le Chapitre une Vierge avec le Jefus & faint Jean.

Dans la galerie du Grand Duc à Florence, on voit le portrait de Leon X. plufieurs Vierges, faint Jean dans le défert, la Vierge avec le Jefus, quatre figures de Saints en pied deux anges dans le haut; & fur le devant deux enfans nus; dans la chapelle, fainte Anne qui présente le Jesus à la Vierge.

A Plaisance on voit dans le couvent de faint Sixte des Bénédictins la vierge en pied, tenant le Jefus, avec faint Sixte à genoux & fainte Barbe.

A Milan dans l'Eglife de fainte Marie contre fan-Celfo, on yoit dans la facriftie la Vierge avec le Jefus, faint Jofeph & faint Jean-Baptiste dans un fond de païfage.

Dans le cabinet du Duc de Parme, la fameuse Madone della gatta, & le portrait de Paul III.

Dans celui du Duc de Modéne un beau portrait de femme. Dans la galerie de l'Electeur Palatin à Duffeldorf, une fainte famille, faint Jean fe repofant fur une croix qu'il tient d'une main & de l'autre une écuelle de bois.

Les cartons que l'on voit dans une galerie du château d'Hamptoncourt en Angleterre, ont été peints à gouasse par Raphaël pour des deffeins de tapifferies que le Pape Leon X. avoit envoyés à Bruxelles pour être exécutés fous la conduite de Van-Orlay & de Michel Coxis peintres Flamans, difciples de Raphaël. Il n'y en a plus que fept, les cinq autres ont été gâtés par l'humidité, ils repréfentent les actes des apôtres, tels

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