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de la même famille, c'est celle des hommes illuftres. Apprenons donc à rendre aux excellens ouvrages de tout pays, la justice qui leur est dûë; accordons à nos compatriotes, lorfqu'ils le meritent, les éloges que nous prodiguons fi facilement aux étrangers. On eft fort éloigné du fentiment de quelques auteurs qui n'eftimant que les peintres d'histoire, regardent comme fort inferieurs ceux qui peignent (a) le portrait, le païfage, les batailles, les mari- (a) On les apnes, les animaux, les fruits, les fleurs, les noces mie de peinture, pelle à l'Acadede village, les tabagies & les cuisines: on prétend des peintres au contraire qu'un peintre qui a parfaitement imité talent. la nature, n'eût-il peint qu'une vache, ou comme le peintre Grec Zeuxis, qu'une grappe de raifin, eft auffi parfait dans fon genre que Raphaël l'eft dans le fien. Chacun a tâché d'exceller dans la partie vers laquelle le génie, une inspiration, une inclination naturelle l'a porté. L'Histoire, il est vrai, est le plus noble objet de la peinture, le plus instru&tif, & celui qui demande le plus de connoissances; le païfage, les animaux, les fruits & les fleurs n'en font que l'acceffoire, ils ne fervent le plus fouvent qu'à orner les fujets d'histoire; tout enfin consiste dans l'imitation de la belle nature, c'est l'unique point de vue où l'on doive aspirer.

On ne diftinguera dans cet abregé que trois for tes d'écoles, celle d'Italie, celle de Flandre, & l'école Françoise, tout fe rapporte à ces trois écoles pour le goût & pour les manieres.

L'école d'Italie fe partagera en fix parties ou pays, & fans dire l'école Romaine, l'école Florentine, l'école Vénitienne, la Lombarde, la Napolitaine, & la Génoise; on dira plus fimplement les peintres

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-Romains, les Florentins, les Vénitiens, & les au tres renfermés dans une même école- Le même goût fe fait fentir dans tous les ouvrages des Italiens, ils ne fe font diftingués que par leur differente maniere de peindre. Raphaël fera le chef des peintres Romains; Leonard de Vinci & MichelAnge le feront des Florentins, en laissant Dominique Guirlandai, & Pietre Perugin, qui n'ont d'autre mérite que d'avoir été les maîtres de Raphaël & de Michel-Ange. Les Lombards auront le Corrége à leur tête, les Vénitiens le Giorgion & le Titien, fans qu'il foit fait mention de Čimabué, de Giotto, des Lippi, des Bellins, de Simon Memmi, André Manteigne, Pietre Cofimo, & autres. Les Espagnols en petit nombre feront mis parmi les Napolitains, & les Génois reconnoîtront pour chef Lucas Cangiage.

L'école de Flandre renfermera quatre parties ou pays; les Allemans, dont Albert-Durer & Holbein feront les chefs; les Hollandois auront Lucas de Leiden; les Flamans Jean Stradan ; & les Anglois Guillaume Dobfon. Tous ces peintres ont eu en géneral la même maniere, qu'on appelle ordinairement le goût Flamand.

On ne fera aucune mention dans l'école Françoise, de Quenel, de Caron, de Nocroi, de Dubois, Janet, Bunel, Dubreuil, Bobrun, Dorigny, du Moutier, & Vignon, pour commencer par Jean Cou. fin, Freminet, & Vouët, qui certainement ont les premiers établi en France le bon goût de la peinture.

La Chronologie dans chaque école eft observée exactement, fuivant la naiffance des peintres ; & fans avoir égard à leur maître, on les a rendu

chacun à leur patrie. L'auteur ne s'eft écarté de cette méthode qu'en parlant de Pierre Lely & du Chevalier Kneller, qui passent ordinairement dans le monde pictorefque pour être Anglois, quoiqu'ils foient tous deux nés en Allemagne. Cet ufage qu'on a cru devoir suivre, a fait placer ces deux artistes parmi les peintres Anglois, & ne doit point faire paroître l'auteur en contradiction avec lui-même.

Dans cet ordre chronologique le disciple fera fouvent placé devant son maître, Romanelli & Cirro-Ferri font devant Pietre de Cortone, l'ordre des temps paroîtra renversé dans l'article de C. Marati né en 1525, qui fe trouve placé devant Leonard dà Vinci né en 1455, parce qu'ils font de différens Etats de l'Italie. Ainfi la chronologie recommencera à chaque divifion, elle fera exacte parmi les peintres Romains dans le même temps qu'elle paroîtra irréguliére en comparant les Romains avec les Florentins, les Vénitiens, & les autres Peintres Italiens. Il en fera de même parmi les Allemans, les Hollandois, les Flamans & autres.

Ce recueil contient plus de cent quatre-vingt vies de peintres, & il y en a près de cinquante dont les portraits & l'hiftoire ne fe trouvent en aucun Livre. Ces portraits gravés au burin ont été fidellement deffinés, d'après ce que nous avons ici de plus reffemblant. Ceux qui viennent des pays étrangers ont été copiés avec foin d'après les portraits trouvés dans les familles des peintres en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Hollande & en Flandre, d'autres ont été pris dans l'academie de Saint Luc à Rome, d'après les originaux qui s'y confer

vent. Les planches ont été conduites par l'illuftre Mr. Cazes, Directeur de l'Academie Royale de pein ture. On a eu la délicateffe de ne donner aucun portrait équivoque; il en eft échapé quelques-uns à nos recherches, par l'impoffibilité de les trouver, on a mis à leur place des cartouches historiés, fuivant le caractere de chaque peintre.

On s'est fait une loi, à l'exemple de plusieurs écri vains, de ne point parler des peintres vivans; c'est au temps à mûrir leur réputation, & à la porter auffi loin que le méritent les beaux ouvrages dont

ils embellissent chaque jour nos temples & nos pa→ (a) Felibien, lais : C'eft le temps, dit un de (a) nos auteurs, & la Tom. 2.p.460. mort qui mettent en plein jour le mérite ou les défauts des hommes que l'envie ou la faveur ont tenus caché pendant qu'ils ont vécu.

Quand ces grands maîtres ont eu des disciples du premier ordre, on trouvera leur vie dans le pays & dans le rang qui leur conviennent : quand ces difciples n'ont été que de la feconde claffe, & qu'ils ont acquis cependant quelque réputation, fans avoir mérité que l'on en fit ici un éloge féparé, on fera fuivre dans la vie même de leur maître, une courte mention de leur caractére, de leur mérite, en marquant autant qu'il fera poffible l'année de leur naiffance & de leur mort.

Dans la lifte des principaux ouvrages des grands maîtres, qui fe trouvera à la fin de leur vie, on n'indiquera point les tableaux qui font dans les cabinets des particuliers; trop fujets aux variations, on ne parlera que de ceux des églifes, des monafte res, des palais & des galeries des Princes

C'eût été fortir du projet de cet ouvrage, que de détailler toutes les eftampes gravées d'après les grands peintres, on a feulement marqué celles qui font gravées de leur propre main, & les principaux graveurs qui ont travaillé d'après eux.

Un féjour affez long en Italie, plufieurs voyages dans les autres parties de l'Europe, ont facilité à l'auteur ces recherches, il parlera peu de tableaux qu'il n'ait vus fur les lieux; beaucoup d'inclination pour la peinture, quelque pratique en cet art, un goût qu'il s'eft formé fur des tableaux, des eftampes, & des deffeins des meilleurs maîtres recueillis depuis plus de trente ans, ont pu lui donner les moyens de parler de la peinture avec quel, que jufteffe.

Quand il paroît critiquer les plus célébres peintres, & qu'après avoir vanté leurs grands talens, il expofe leurs défauts, ce n'eft point lui qui parle, il n'eft que l'écho des bons auteurs & des meilleurs critiques. Un fidèle historien doit non-seulement rapporter ce qu'ont fait de plus remarquable ceux dont il écrit la vie, mais encore ne point fupprimer leurs défauts. Il n'y a que quelques peintres, dont les parens vivant encore, pourroient être bleffés de trop de fincérité, qui foient échapés à la juste critique qu'on pourroit faire de leurs ouvrages. Le temps un jour dévoilera ce mystère.

L'auteur doit à Mr. Lépicié excellent graveur & historiographe de l'Academie royale de peinture, une reconnoiffance publique pour les bons mémoires qu'il lui a fournis touchant l'école françoife. Il nommeroit de même ( si leur modeftie ne s'y op

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