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J'AI

APPROBATION.

'AI lû par ordre de Monfeigneur le Chancelier, un ouvrage manufcrit intitulé Abrégé de la Vie des plus fameux Peintres, avec leurs portraits gravés en taille-douce, les indications de leurs principaux ouvrages, quelques reflexions fur leurs caractéres & la manière de connoitre les deffeins des grands maitres; je n'y ai rien trouvé qui puiffe en empêcher, ou qui n'en faffe défirer l'impreffion. A Paris, ce 9 Décembre 1744.

GROS DE BOZE.

PRIVILEGE DU ROY.

LOUIS, par la grace de Dieu, Roy de France & de Navarre:

A nos amés & féaux Confeillers les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maître des Requêtes de notre Hôtel, grand Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils & autres Jufticiers qu'il appartiendra. SALUT. Notre bien amé JEAN DEBURE, Libraire à Paris, Nous a fait exposer qu'il défireroit faire imprimer & donner au public des ouvrages qui ont pour titre La Vie des plus fameux Peintres avec leurs portraits gravés en taille-douce, Quvres diverfes de M. Abbé Gédonyn. S'il Nous plaifoit de lui accorder nos Lettres de Privilége pour ce néceffaire. A CES CAUSES, voulant favorablement traiter ledit expofant, Nous lui avons permis & permettons par ces Préfentes de faire imprimer lefdits ouvrages en un ou plufieurs volumes, & autant de fois que bon lui femblera & de les vendre, faire vendre & débiter par tout notre Royaume, pendant le temps de quinze années confécutives, à compter du jour de la date des Préfentes: faifons défenses à toutes perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient d'en introduire d'impression étrangère dans aucun lieu de notre obéiffance; comme auffi à tous Libraires & Imprimeurs, d'imprimer ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire lefdits ouvrages, ni d'en faire aucun extrait fous quelque prétexte que ce foit, d'augmentation, correction, changemens ou autres, fans la permiffion expreffe & par écrit dudit expofant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confifcation des exemplaires contrefaits, de trois mille livres, d'amene contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtel-Dieu de Paris & l'autre tiers audit expofant, ou à celui qui

aura droit de lui, & de tous dépens, dommages & intérêts: à la charge que ces Préfentes feront enrégiftrées tout au long fur le Régiftre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris dans trois mois de la date d'icelles, que l'impreffion defdits ouvrages fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & beaux caractéres, conformément à la feuille imprimée attachée pour modéle fous le contre fcel des Préfentes, que l'impétrant fe conformera en tout aux Réglemens de la Librairie, & notamment à celui du 10 Avril 1725 ; & qu'avant que de les exposer en vente, les manufcrits qui auront fervi de copie à l'impreffion defdits ouvrages; feront remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier le fieur Dagueffeau, Chancelier de France, Commandeur de nos Ordres & qu'il en fera enfuite remis deux exemplaires dans notre bibliothéque publique, un dans celle de notre château du Louvre, & un dans celle de notre très-cher & féal Chevalier le fieur Dagueffeau, Chancelier de France, le tout à peine de nullité des Préfentes: du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit expofant & fes ayant causes, pleinement & paifiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la copie des Préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin desdits ouvrages, foit tenue pour duement fignifiée; & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amés & féaux Confeillers & Secrétaires, foi foit ajoutée comme à l'ariginal, Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent fur ce requis, de faire pour l'exécution d'icelles tous actes requis & néceffaires, fans demander autre permiflion, & nonobftant Clameur de Haro, Charte Normande & Lettres à ce contraires. Car tel eft notre plaifir. Donné à Verfailles le vingt-troifiéme jour du mois de Janvier l'an de grace mil fept cens quarante-cinq, & de notre regne le trentiéme. Par le Roy en fon Confeil.

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Signé, TRINQUAN D.

Registre fur le Regiftre XI. de la Chambre Royale des Libraires & Imprimeurs de Paris, No. 410 fol. 350, conformément aux anciens Réglemens confirmés par celui du 28 Février 1723. A Paris ce 26 Janvier 1745.

Signé, VINCENT, Syndic,

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AVERTISSEMENT.

porrò ftatuunt no

A peinture & la fculpture font filles du (a) Alii deffein; l'ombre d'un homme, quelques bilem hanc artraits hazardés fur le fable, fans avoir tem fuam traxiffe originem recours à la fable de Corinthia de (a) Si- ex imperfectis cyone, rendent leur origine fort naturelle. Ces illis imaginibus deux fœurs ont toujours marché fur les mêmes tra- quas optima paces, leur but de tout temps, par une parfaite imi- marmore aliiftation de la nature a été de féduire nos yeux de les tromper agréablement.

rens natura in

& que lapidibus effiguravit. Sandrat. Acad.

L'eftime qu'en ont fait les Anciens, prouve leur (b) excellence : les honneurs, les bienfaits, les éloges que les plus grands Princes leur ont accordés, l'application même que quelques-uns d'entr'eux n'ont pas dédaigné de leur donner, ne doivent point étonner celui qui fera attention à la noblesse & à l'excellence de ces Arts. Exprimer par un langage muet les ouvrages du Créateur, conferver la mémoire des chofes paffées, immortalifer un Héros, illuf. trer une nation, quoi de plus grand!

nobilis artis pic-
toria, Part. 2.
praf. 41.
Alii apud Co-

rinthios reper-
tam`, omnes

umbra hominis

lineis circumducta. Plin. hif nat. l. 35. c. 3.. (b) Recipereturque ars ea

in primum gradum libera

a

lium, femper
quidem honos

docerentur.

580. Lugd. Ba

tav. 1668.

Marmoris aut

vit.

fes

Le peintre en effet eft l'homme de tous les talens, ei fuit ut inge. c'est un poëte, un historien, un fidéle imitateur, ou nui eam exer- plutôt un rival de la nature; ne sçait-on pas que cerent, mox ut c'eft elle feule qui forme les peintres ainfi que les honefti › perpetuo interdic poëtes? Ils montent, fi l'on en croit un (a) moderto ne fervitia ne, également fur le Parnaffe; leurs arts dépendent Plin, bif. nat. I. du génie, ils ont pour objet commun d'émouvoir les 35. G. 10. P. paflions & de plaire. Tous deux font dans l'obligation de représenter des images plus riches, plus riantes, Ut primum plus belles que celles qu'on voit ordinairement; pofitis nugari Græcia bellis c'eft par ce moyen que l'on irrite plus vivement Coepit..... les paffions, & que par le plaifir qu'elles procurent, eboris fabros, le fpectateur participe de l'enthousiasme qui les a aut æris ama- fait naître. Où le peintre ne trouveroit pas à s'oc Sufpendit pic- cuper avec dignité, le poëte n'exerceroit pas ta vultum men- talens avec honneur. Son art eft une (b) poësie, une expreffion (c) muette, qui fecondée des couleurs, parle aux yeux, à l'efprit & au cœur. Qui critique on peut douter qu'un tableau ne foit un vrai poëme? Le peintre a même des avantages fur le poëte, peinture, par il fe fait entendre de toutes les Nations de la ter Abbé du Bos. re, des ignorans comme des fçavans, il n'est per (1)Ut pictura fonne qui ne sente l'effet d'une heureuse compofipoëfis erit. Hor. tion, de l'harmonie des couleurs, & dans qui la Muta poë- magie du clair-obscur ne produise une espece d'enfis. Du Fresnoy chantement. On ne peut difconvenir qu'un peinphica. tre qui a du génie & des penfées élevées ne foit (d) Non è un vrai poëte; celui qui n'eft que (d) coloriste est laudabile il pit- un froid & languiffant profateur.

temque tabel

la. Hor. epift.

14. lib. 2.

(a) Reflexions
fur la

poesie & fur la

Tom. 2. p. 27,

de arte poët.

De arte gra

tore che fa bene

ma

che faccia il

una fol' cofa, Dans la peinture comme dans la poësie, les taconviene lens font ordinairement partagés, on ne voit guéTutto, Baldin re un feul homme les poffeder tous; l'un peint l'histoire, l'autre le portrait, celui-ci réuffit dans

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le païfage, dans les animaux, celui-là dans les fruits & dans les fleurs; un poëte eft né pour le dramatique ou l'épique, un autre pour le lyrique; l'ode, la fable & la fatyre font le talent de quelques-uns. Dans tous ces differens genres chacun doit s'efforcer d'atteindre au fublime de fon art.

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Par un charme secret que nous fentons mieux que nous ne pouvons le définir, la peinture s'empare de nos fens; elle fait paffer pour vrai ce qui est faux, pour vivant ce qui eft mort, & nous ne fortons de cette illufion que pour admirer l'art qui la cause. Cet art demande conféquemment un génie fécond & élevé, une imagination vive & brillante, de l'enthousiasme, du fublime, un jugement exquis, un esprit capable de prendre toutes fortes de formes & de les exprimer. Pour s'élever à ce fublime, il ne fuffit pas à un peintre de plaire, il faut qu'il furprenne: il doit faire encore plus, fe former une idée Tupérieure à tout ce que la nature & l'art ont pû produire jufqu'à préfent de plus beau, fuivre cette idée jusqu'à embellir même la nature & la perfectionner.

Ce portrait idéal du peintre parfait ne reffemble à aucun peintre qui ait exifté, le feul Raphaël en approche; il faut des fiécles heureux pour former de grands hommes; la nature les ébau che, l'émulation, les récompenfes les achevent.

La peinture a trois parties principales, la compofition, le deffein, & le coloris.

La compofition qui comprend l'invention & la difpofition eft la poëtique de la peinture; plus noble que les deux autres, elle dépend du génie & de l'imagination du peintre; c'est la diftribution &

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