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(a) Plin. bif. nat. lib. 7.

l'agencement de toutes les parties qui doivent, en fe fecourant l'une l'autre, former un beau tout; en un mot, c'est l'économie & la difpofition de toutes les parties d'un tableau.

Le dessein appartient à la pratique, il consiste dans la proportion des figures, dans l'anatomie dans la correction des contours & dans le choix du beau; il préfide à l'expreffion des mouvemens de l'ame & du corps, & répand de tous côtés la nobleffe, la grandeur & la grace.

Le coloris ou la cromatique regarde encore la pratique; c'eft l'union & l'accord des couleurs entr'elles; c'eft leur parfaite harmonie; elle feule produit ces beaux effets du clair-obscur qui fait avancer ou reculer les parties d'un tableau, &. donne du relief aux figures.

Il feroit difficile de décider fur la prééminence de quelques-unes de ces trois parties; des perfonnes féduites par le coloris regardent les deux autres comme fubordonnées. Mais que deviendroit le coloris fans le deffein & fans la compofition? Il tomberoit de lui-même, au lieu que ces deux dernieres parties, indépendamment du coloris, peuvent fubfifter & plaire.

On croit (a) que le plus ancien peintre d'Egypte fut Gygés Lydien, qu'en Grece ce fut Euchir, & que Bularque fous Romulus apporta ce bel art en Italie.

Les auteurs ont peu parlé des premiers peine tres, fi l'on en excepte quelques-uns, tels que les célebres Zeuxis, Parrafius, Pamphyle, Timanthe, Apelle & Protogéne, qui floriffoient dans le fiécle d'Alexandre le Grand.

Il ne nous reste cependant aucun ouvrage qui

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puisse nous faire juger jusqu'à quel point ils étoient habiles. Les peintures d'Apelle & de Protogéne

que

ptam eam con

tio, avidè antè

nat. 1. 35. cap.

1

Pline (a) nous affure avoir vuës, & dont il fait (4) Confumde fi belles defcriptions, furent brulées dans le pre- ftat priore inmier incendie du palais des Céfars à Rome; cel- cendio domus les que Jean Dà Udine trouva dans les grottes du Cefaris in palatemps de Raphaël, plufieurs Mosaïques antiques à nobis spectade Palestrine, les peintures qu'on a découvertes de- tam. Plin. bif. puis ce temps-là dans le fepulcre des Nafons au 10. Ponte-mole, celles que l'on voit aujourd'hui dans la pyramide de Ceftius, dans les palais Barberin & Farnéfe, celle de la vigne Aldobrandine appellée la noce, trouvée fur le mont Efquilin du temps de Neron: tous ces morceaux font connoître que les anciens peintres deffinoient bien, qu'ils avoient de grandes pensées, qu'ils exprimoient les paffions, & donnoient à leurs figures des proportions fort éle gantes. Mais à en juger par ces derniers ouvrages, leur coloris paroît avoir été médiocre; la plupart même de ces artiftes n'étoient point Grecs, ils avoient travaillé fous les premiers Céfars, & nous n'en connoissons guére que quatre, Fabius, Timomachus, Pirrichus, & Ludius qui vivoit fous Auguste.

Les peintres Grecs ignoroient la peinture à l'huile; ce qui nous refte d'eux éft peint à détrempe ou à frefque, dont la durée depuis plus de deux mille ans n'eft duë qu'à l'excellence de leurs couleurs ; ils avoient auffi des vernis pour leur donner plus de force; mais la détrempe rend toujours les clairs trop clairs, & les bruns pas affez noirs; au lieu que l'huile tempere les clairs, les rend tendres & femblables à la chair, donne de la force aux bruns, & du relief aux figures. a iij

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nat. lib. 35.

1694.

Nous ne pouvons donc juger des anciennes pein tures des Grecs, que par les excellentes sculptures du même fiécle qui font parvenuës jusqu'à nous; elles nous font préfumer que la peinture ne leur étoit pas inferieure, puifqu'au rapport de tous les anciens écrivains, elle trompoit également les hommes & les animaux. Ces anciens connoiffeurs qu'on nous dépeint fi difficiles fur l'expreffion & fur l'excellence des ftatuës, l'auroient-ils été moins fur le coloris, fur le deffein, & fur la compofition poëtique des Tableaux?

On n'a point eu deffein dans cet ouvrage de parler des peintres Grecs, ni même des anciens qui (a) Plin. hif. ont précedé Raphaël. Plusieurs (4) auteurs ont déJunius de pic- ja couru cette carriere; ainfi l'on ne s'est attaché tura veterum, qu'aux peintres les plus connus depuis cet homme fol. Roterdami illuftre ; & dans les bornes étroites que l'on s'eft Sandrat. part. prefcrites pour chaque vie, on a tâché de ne rien 2. Acad. pictu- omettre de ce qu'il étoit effentiel de fçavoir. On ræ nobilis, fol. Felibien.entr, trouvera le vrai nom d'un maître, le lieu de fa fur les peintres, naissance, de qui il est disciple, les peintres qu'il Carlo-Dati, a fuivis, fes talens particuliers, les éleves qu'il a des peintres formés, de courtes réflexions fur fon caractere, fes De Piles dans principaux ouvrages, les défauts qu'on lui reprol'abregé de la che, enfin le temps de fa mort. En faut-il davanvie des peintres parle de fix tage dans un abregé? Quelques anecdotes en petit peintres Grecs, nombre pourront répandre dans cet ouvrage l'utile & l'amufant.

Tom. I.

Grecs.

Quelques perfonnes auroient fouhaité, qu'au lieu d'écrire l'éloge hiftorique de chaque peintre, on se fût borné à de fimples réflexions fur leurs ouvrages: mais on auroit cru fervir mal le public en

fubftituant à des faits certains & intéreffans, les

idées capricieuses chacun peut

cette matiere.

que

fe former fur

à

(a) Vasari n'a prefque parlé que des peintres Tofcans Ridolfi

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des Venitiens Soprani des Gé

nois, Vidriani

Malvazia des

Bolonois, Ba

Si l'on vouloit écrire la vie des peintres avec autant de prolixité & de partialité que l'ont fait juf qu'ici la plûpart des auteurs, ce feroit fatiguer de nouveau le public d'une lecture peu intéreffante. des Modenois, Les (a) Italiens trop prévenus en faveur de leur pays, ont outré les louanges qu'ils ont données glioni & Baldileurs peintres ; les exagerations de Vafari, & les di- nuci ont parlé greffions de Malvazia sont connuës de tout le en géneral de dide. Bellori (b) même, tout Italien qu'il eft, fe plaint (b) Giorgio de la longueur du premier, & du peu de difcerne- Vafari per hament de Baglioni, de Ridolfi, & des autres auteurs to è con eccefde fon pays, qui ont parlé fans choix de tous les five lodi inalpeintres d'Italie.

le mon

vers peintres.

vere accumula

zato i Fiorentini e Toscani.

Et plus bas, af

faticano la curiofità de' Fo

reftieri con lun

ricerche, con

se humili, con le più degne.

Les Allemans, les Flamans, & les Hollandois, ont auffi écrit fur la peinture : Charles Vanmander, poëte & peintre, à fait en vers Flamans la vie des anciens peintres Italiens & Flamans; ghe e inutile Corneille de Bie, qui a travaillé avec lui, a donné fondendo le coen vers Flamans la vie des peintres de fon pays; Sandrat, dans fon academie de peinture, a parlé Bellori. prologo. des peintres de toutes les Nations; il a écrit en Rome, 1672. Allemand, & enfuite en Latin. Houbraken pein- lauda etiantre Hollandois a composé en sa langue la vie des dio i minimi peintres Hollandois, & M. Weyermans, autre écri- quanto i più fuvain Hollandois, vient de nous donner plufieurs part. 4. p. 249.

volumes fur la même matiere.

Quelques-uns de nos (c) François, à l'exemple des Italiens, ont cru qu'en faifant de gros volumes remplis de dialogues & de digreffions, ils s'acque,

Vafari che tut

blimi. Malvaz.

(c) Felibien.

les

reroient plus de réputation, fouvent ils fe font contentés de nommer les artistes fans défigner le lieu de leur naissance, leur mérite particulier, défauts qu'on remarque dans leurs ouvrages, & les villes qui poffedent leurs meilleurs tableaux; auffi peu attentifs à faire un bon choix de tous les peintres, qui ont vécu jufqu'à prefent, ils ont confondu les fameux avec les médiocres. Quel dégoût pour un lecteur qui ne doit s'attacher qu'à la connoiffance des peintres les plus dignes de fes recherches ! N'est-il pas inutile & même déraisonnable de parler d'un peintre médiocre dont on ne voit ni tableaux ni deffeins?

La partialité de la plûpart des auteurs n'est pas moins condamnable; Vafari n'a vanté que les peintres Toscans, Malvazia, que les Bolonois, Baglioni jaloux du merite du Guide, de l'Albane & de Lanfranc, n'a pas feulement daigné nommer ces grands hommes. Que dirons-nous de la paffion d'un de nos (a) Do Piles (a) modernes pour les ouvrages de Rubens ? Elle qui eft un de nos lui a fait oublier d'habiles peintres François qui teurs, parle très- meritoient affurément des éloges.

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meilleurs au

foiblement du Pouffin & de le

ment oublié ce

premiere édition

de fon Livre en 1699.

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ve,

11 fera difficile de pénétrer quel eft le peintre & Sueur; il avoit le pays le plus cheri de l'auteur de cet ouvrage; on même totale le trouvera toujours (b) impartial, ami du vrai & dernier dans la du beau il tâche de le faifir par-tout où il le troufans fe mettre en peine foit du nom, foit du pays de l'artiste. Toutes les nations, depuis qu'il s'eft attaché aux arts, lui ont toujours paru égales ; (b) Tros Tyriufque mihi un Flamand, un François dans certaines parties nullo difcrimi- de la peinture l'emportera fouvent fur un Italien. Virg. En, l. 1. Ceux qui fe diftinguent dans les fciences & dans. les arts, font, pour ainfi dire, de la même nation,

ne agetur.

v. 578.

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