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qu'un veritable chretien, je vous diray que c'eft un homme qui embraffe la Religion de Jefus-Chrift, qui regarde l'Evangile comme la regle de cette divine Religion, & qui tâche de vivre avec toute la fainteté, & toute la fidelité que le Sauyeur exige de ceux qui ont le bonheur d'être fes difciples. Car il ne faut pas s'imaginer, comme font plufieurs perfonnes, que l'Evangile n'eft fait que pour ceux que nous appellons parmi nous Religieux & Solitaires. Il eft fait generalement pour tous les Chretiens. Nous fommes tous Religieux de la plus excellente, aussi-bien que de la plus ancienne des Religions qui eft celle de Jefus-Chrift. Nous avons un Fondateur, un habit, une regle, des vœux, des exercices, & des moyens de fanctification. Jefus Chrift eft le Fondateur de notre Religion. Il l'a établie au prix de tout fon Sang, & par une infinité de travaux. L'innocence, la fainteté, la chafteté, & toutes les vertus compofent l'habit que nous devons porter, & que nous avons reçû dans nôtre Batême, où nous avons été revêtus de FefusChrift qui eft l'homme nouveau, cree felon Dieu, dans une juftice & une fainteté veritable. L'Evangile eft la regle que nous devons obferver; nos vœux font les pro

meffes folemnelles que nous avons faites au Batême, de renoncer à Satan, à fes pompes, à fes œuvres, & de vivre felon Dieu, & pour Dieu en Jefus-Christ. Nos exercices font la priere, la penitence, la Communion, la charité envers le prochain, & generalement toutes fortes de bonnes œuvres. Cette doctrine eft celle de l'Ecriture, & de tous les Peres. Saint Bafile l'a enfeignée en termes exprés auffibien que faint Jean Chryfoftome. Et parce qu'elle eft tres-importante, & comme le fondement de tout cet Ouvrage, j'ai cru devoir, pour la mieux établir, rapporter en abregé ce que ces deux grands Saints ont dit fur ce fujer.

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Croyez-vous, dit faint Bafile, que l'E- « vangile n'ait pas été fait pour les perfon- « nes mariées, auffi-bien que pour les Solitaires: Ne doutez pas que les uns & les ce autres ne foyent jugez fur cette regle. C'eft beaucoup qu'un homme marié obtienne ce le pardon des fautes qu'il commet dans ce cet état; que fon incontinence & l'amour c exceffif qu'il a pour fa femme , ou pour ce fes enfans, ne lui foient pas imputez com- e me des crimes. Dans tout le refte il eft c obligé à la même fainteté que les Reli- « gieux, Jefus Chrift ayant prononcé les « oracles de fon Evangile devant le peuple

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& des gens mariez. Que s'il lui arrivoit quelquefois de parler à fes Difciples en » particulier, il avoit foin d'ajoûter: Ce que » je vous dis, je le dis à tout le monde. L'engagement du mariage & des affaires du fiecle ne donne donc pas droit de vivre » dans l'oifiveté, & ne dispense pas des tra » vaux de la vie chretienne. On ne doit pas » croire qu'il foit permis de vivre felon le » monde, parce qu'on vit dans le monde. Au » contraire comme on y eft plus expofe » aux tentations du Demon, qu'on y respire » un air plus corrompu, qu'on y trouve des » pieges & des embûches de tous côtez; » qu'en un mot on y rencontre fans ceffé » des occafions de peché, on y doit vivre avec plus de vigilance & de précaution. Car on peut comparer un homme engagé " dans le monde, à un athlete qui s'eft vo»lontairement enfermé dans un champ »clos avec fon ennemi. Il ne peut éviter de combattre. Il faut qu'il vainque, ou qu'il periffe.

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Ne croyez pas, dit faint Chryfoftome, 2, que Dieu demande aux gens du monde une vertu, & une fainteté differente de celle qu'il prefcrit aux Solitaires & aux Religieux. Il n'y a qu'une feule chofe qui foit permife aux premiers, & interdite aux Teconds, & qui faffe la difference des

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deux états. Les uns font
ou peuvent ce
être mariez; les autres non. Dans le refte «
on demande aux uns & aux autres la mê- se
me fageffe, la même exactitude, & la te
même pieté. Ils ont reçû les mêmes pre- «
ceptes, & Dieu deftine les mêmes fuppli-
ces à tous ceux qui les violeront. Quand «
Jefus Chrift a défendu de jurer, de fe «
venger, de médire il n'a fait aucune «
diftinction. Quand il a maudit les riches «
& ceux qui rient, c'eft-à-dire, qui menent «e
une vie de plaisirs, molle, & charnelle; «
quand il a prononcé les Beatitudes Evan- ce
geliques, il n'a point parlé pour les Reli- «
gieux en particulier, mais pour tous les «
Fideles fans exception. Il n'a point dit: «
Si un Religieux jure il fera puni, & le «
Seculier ne le fera pas. Cette diftinction «
eft de l'invention des hommes, & non «
de la parole de Dieu, qui ordonne à tous «
ceux qui veulent être fauvez de garder les "
Commandemens.

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Saint Paul parlant à des perfonnes ma- " riées, leur demande autant de fainteté & « de vertu, qu'on en puiffe demander aux « plus parfaits Solitaires. Quel defintereffe. « ment n'exige- t'il pas des Fideles Quelle modeftie dans les habits? Quelle temperance dans l'ufage des biens? Quelle fo- « brieté dans la nourriture? Il dit que la «

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1.

Theff.

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"modeftie & la pudeur font l'unique orne"ment que les filles & les femmes doivent » rechercher. Il défend les frifures les " étoffes d'or, les perles, les habits fomp"tueux. Il declare qu'une veuve qui vit dans » les delices, eft morte aux yeux de Dieu. Il dit: Ayant dequoy nous nourrir, & de quoi nous couvrir, nous devons être content. Que ceux qui font marie foient comme ne » l'étant point, ceux qui achetent comme ne poffedant point, ceux qui ufent de ce monde comme n'en ufant point. En demande-t-on davantage aux Solitaires? pour ce qui eft » de la langue, il n'y a rien de fi parfait

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que ce qu'il ordonne à tous les Chretiens. » Il condamne non feulement les aigreurs, » les emportemens, les injures & les male» dictions mais les mauvaises humeurs, » & toute crierie, défaut fi ordinaire en ce "temps. Il bannit de nos conversations non

"

feulement les paroles deshonnêtes, mais » les railleries, les paroles boufonnes; & l'Evangile va enore plus loin, quand il » dit que nous rendrons compte au jour du Jugement des paroles inutiles. Que le So» leil, dit faint Paul, ne fe couche point fur » votre colere : Ne rendez à perfonne le mat

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Pour le mal, mais foyez toujours prêts à j. 35. 37 faire du bien, & à vos freres, & à tour le » monde. Que dirai - je de la charité, cette

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