Luc. II. Luc. 18. veut, ni de celui qui court, mais de Dien qui fait mifericorde. Voila le fondement de la Priere, comme la Priere eft une preuve évidente du besoin que nous avons de la grace. La grace nous eft neceffaire, & la Priere eft la voye que Dieu a établi pour nous la donner, & le canal par où il veut qu'elle paffe. Demandez, dit Jefus-Christ, v. 9.10. & vous recevre; cherchez, & vous trouverez; frappe à la porte, & on vous ouvrira. Car qui demande, reçoit ; quicherche trouve & l'on ouvre à celui qui frappe. Il dit ailleurs, qu'il faut toujours prier, &ne s'en laffer jamais. Il nous y porte par l'exemple d'une veuve, qui ayant un procés auprés d'un méchant Juge, fur qui la juftice, ni la compaffion ne pouvoient rien, ne ne laiffa pas par fes importunitez d'obtenir ce qu'elle demandoit comme pour nous faire entendre combien nous devons nous tenir plus affurez d'être exaucez par un Dieu plein de juftice & de mifericorde, fi nous ne ceffons point de le prier; puifque ce Juge, quelque dur & quelque injufte qu'il fût, ne put refifter à la perfeverance de cette veuve. Saint Paul recommande la Priere plus d'une fois, & il ne craint pas de dire aux Theffaloniciens, & en leur perfonne à tous les Fi2. The deles: Priez fans ceffe. 5. $7. En graces сс се се « Degré сс la сс сс ce се 18. a En effet, dit faint Jean Climaque, la Priere eft la fource de toutes les vertus, le canal par lequel paffent toutes les de Jefus-Chrift, & tous les dons de Dieu, un moyen d'avancer dans la vertu, nourriture de l'ame, la lumiere qui dissipe les tenebres de l'efprit, un remede excellent contre la tentation du defefpoir, un gage affuré de l'amour de Dieu fur une ame, & une marque de fa prédeftination. Par elle, dit faint Ephrem, les vertus fe " forment & fe confervent. Elle garde la " temperance, elle reprime la colere, elle " empêche les élevemens de l'orgueil, & « les mouvemens de l'envie; elle éteint le « fouvenir des injures, elle fait defcendre le faint Efprit dans une ame, elle éleve l'homme jufques au Ciel. La Priere eft dans la vie Chrétienne ce que la refpiration eft à la vie naturelle. Tant qu'un homme refpire, il n'eft pas mort; tant qu'un cœur a la force de prier on peut dire qu'il n'eft pas mort; mais quand il le feroit, la Priere eft capable de le reffufciter. Beni foit Dieu, diloit David, de ce qu'il n'a point éloigné ma priere ni fa mifericorde de moi. Le Prophete joint ces deux chofes, la mifericorde avec la priere, pour nous apprendre que celui qui prie ne fçauroit perir. Si tout C. сс 23. Pf. 65. 2. 10. Luc. 12.13 méchans que vous êtes,difoit Jefus-Chrift, vous ne pouvez refuser à vos enfans la nourriture qu'ils vous demandent, croyez-vous que Le Pere celefte manquera de donner le bon Efprit à ceux qui le demanderont? Ainfi le Chretien qui neglige de prier, neglige le foin de fon falut; il abandonne ce que Dieu lui a donné de plus fort & de plus puiffant pour fa confervation & pour fa défense. C'eft un Athlete qui jette les armes dans le milieu du combat, & duquel on ne peut dire autre chofe, finon que fa perte paroît toute affurée. Ayez donc un grand zele pour la priere: que cet exercice, foit votre occupa tion principale ; que rien ne vous empêche de vous acquitter d'un devoir fi important & fi neceffaire. Mais prenez garde de ne pas faire confifter cette priere dans une fpeculation toute feche & toute deftituée de cet Efprit, qui en doit faire tout le merite & toute la force, & fans lequel elle ne fçauroit s'élever jufqu'à Dieu, ni lui plaire. Ne croyez pas qu'elle foit une fimple production de l'efprit, un arrangement de penfées fpirituelles, ou un difcours fur quelque fujet de pieté. La priere eft un cri du cœur qui fent fa mifere, & qui defire fincerement d'en être délivré. C'eft le faint Efprit qui forme ce cri interieur auquel Dieu n'eft jamais Rom. 8. fourd. C'est l'Esprit de Dieu, dit faint. Paul, qui nous foulage & qui nous aide dans nos foibleffes. Car nous ne fçavons ce que nous devons demander à Dieu dans nos prieres pour le prier comme il faut ; mais le faint Efprit lui-même prie pour nous par des gemiffemens ineffables. Car comme dit faint Auguftin, la priere eft une forte d'affaire, qui pour l'ordinaire se traite ba. mieux par les gemiffemens & les larmes, " que par des paroles & des difcours ; & ces larmes & ces gemiflemens vont jufqu'au trône de celui qui a tout fait par fa ce parole, & qui n'a que faire des nôtres. се Lettre à pro Quand donc vous venez pour prier prefentez-vous au faint Efprit, afin qu'il forme en vous une bonne priere par fes operations toutes divines , qu'il ouvre votre bouche interieure, qu'il donne le mouvement à votre langue, & qu'il mette fur vos lèvres des expreffions dignes de Dieu. Faites, autant que vous le pourrez, que votre oraifon foit embrazée de ce feu facré dont parle le Prophete, quand il dit: Mon cœur s'est enflammé au dedans pf. 38. de moi, un feu s'est allumé dans mon ame. 4› Banniffez-en toute froideur, toute diftraction, toute langueur, toute pareffe, & ne vous prefentez jamais à Dieu pour le 23. prier, que ce ne foit de tout l'effort & de toute la plenitude de votre ame, afin que votre priere convienne non feulement à la grandeur de celui que vous priez, mais à l'excellence des biens que vous demandez; & foyez perfuadé qu'une priete tiede & negligée, irrite plus Dieu qu'elle ne l'appaife. CHAPITRE. V. Des qualitez d'une bonne Priere. & E faint Efprit qui nous commande d'être fideles & affidus à la priere, nous commande auffi de nous y preparer. Eal. 10. Preparez votre cœur avant que de prier, de peur que vous ne foyez comme un homme qui voudroit tenter Dieu. Or, entre les difpofitions que les Saints ont marquées, il y en a deux generales qui renferment toutes les autres, la pureté du cœur, la ferveur. Ce font ces deux qualitez qui font monter notre oraison jufqu'au plus haut des Cieux, qui trouvent auprés de lui un accés favorable, & aufquelles il ne peut rien refufer: ce qui a fait dire à faint Auguftin, que l'oraifon qui eft pure & fainte, perce les Cieux, & qu'elle n'en revient jamais fans obtenir ce qu'elle de mmande. Et ailleurs, l'efficace de l'oraison |