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point murmurer contre Dieu, & de fouffrir patiemment la privation des commoditez & des aifes de la vie. La voye qui mene au Ciel eft rude, étroite, difficile; mais la récompenfe de la pauvreté eft infinie. Nous fouffrirons un peu de temps, & nous ferons toûjours dans le repos. Nous aurons part à la joye de notre divin Maître, pourvû que nous ayons part à fes peines. Nous fouffrirons un peu de faim, pour être enfuite raffafiez à la table des Anges. C'est vous, nous dira JefusChrift, qui êtes demeurez fermes avec moi dans mes tentations & dans mes maux. C'est pourquoi je vous prépare le Royaurne comme mon Pere me l'a préparé; afin que vous mangiel à ma table dans mon Royaume. Les mauvais riches nous mépriseront ici-bas; ils nous traiteront durement, ils nous fermeront leurs portes: mais nous aurons notre tour. Un jour viendra qu'on nous confiera les portes du Royaume des Cieux & alors nous les repoufferons; ils mourront tôt ou tard, & l'enfer fera leur fepulcre. Du milieu des flammes, ils jetteront les yeux en haut ; ils verront Abraham & tous les bons pauvres dans fon fein: Pere Abraham diront-ils, ayez pitié de nous envoyez-nous quelqu'un & fuiv. de ces bienheureux pauvres, afin qu'il trem

Luc. E.

23.24.

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pele bout de fon doigt dans l'eau pour nous rafraîchir la langue, parce que nous fouffrons d'extrêmes tourmens dans cette flamme. Ce trifte foulagement leur fera refufé. On leur dira: Souvenez-vous que vous avez. reçû vos biens durant votre vie, & que Les pauvres n'y ont eu que du mal. C'eft pourquoi ils font maintenant dans la confolation & dans la joye, & vous dans les

tourmens.

Heb 13.5

Le troifiéme devoir d'un bon pauvre, eft de mettre toute fa confiance en Dieu, puifque c'eft aux pauvres qu'il a dit: Je ne vous laifferai point, & ne vous aban- Mat. 26. donnerai point. Ne vous mettez point en 15: & peine, dit Jefus-Chrift, où vous trouve- fuiv. rez dequoi boire & dequoi manger pour le foûtien de votre vie, ni d'où vous aurez dequoi vous vêtir. Confiderez les oiseaux du Ciel ; ils ne fement point, ils ne moiffonnent point, ils n'ont point de greniers, mais votre Pere celeste les nourrit. N'êtes-vous pas beaucoup plus excellens qu'eux ? N'aye point ces inquietudes; laiffez-les aux Payens, c'eft affez que votre Pere celeste connoiffe vos befoins. Cherchez donc premierement le Royaume de Dieu, & la justice qui y conduit, & toutes ces chofes vous feront données comme par furcroît. C'est pourquoi ne vous mettez point en peine pour le lende

main, car le lendemain fe mettra en peine pour lui-même. A chaque jour fuffit Son mal. Jette donc toutes vos inquietudes dans le fein du Seigneur, & lui-même vous nourrira: il ne permettra point que le juste foit P. 54. toûjours dans l'agitation. Ne vous fâchel P.36.1. point du bonheur des méchans, & ne portez &faiv point d'envie à ceux qui commettent l'ini

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quité; car ils feront bien-tôt coupez comme le foin, & ils fecheront comme l'herbe. Efperez au Seigneur, & faites le bien; demeurez fur la terre, & nourriffez-vous de la verité. Mettez votre joye dans le Seigneur, & il vous accordera les demandes de votre cœur. Mettez vos affaires entre fes mains, efperez en lui, & il agira lui-même.

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Le dernier devoir du bon pauvre est, de travailler continuellement pour gagner fa vie car il ne faut pas croire que Dieu s'oblige de nourrir les faineans. Il a feulement promis de benir notre travail; ou fi nous ne sommes pas en état de travailler, d'avoir foin de nous : mais l'ordre qu'il a établi dans la grace & dans la nature, eft que l'homme travaille comme fi tout dépendoit de lui, & qu'il prie fans ceffe, parce que tout dépend de Dieu; qu'il attende tout de lui, & qu'il banniffe de fon travail l'inquietude & la crainte, étant affuré que notre Seigneur

ne manquera pas de le fecourir, pourvû qu'il falle fon devoir, qui eft de mettre la main à l'œuvre. C'eft pourquoi le SaintEfprit qui a dit par le Roi Prophete, qu'en vain l'homme travaille quand Dieu ne travaille pas avec lui, a dit par Salomon: Le Prov. 6 pareffeux n'a pas voulu labourer à caufe du 7. froid, il mendiera donc pendant l'Eté,

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Pf. 126.

I.

& Suiv. on ne lui donnera rien. Pareffeux, allez à la fourmi, & confiderez fa conduite, & apprenez à devenir fage, puifque n'ayant ni chef, ni maître, ni Prince, elle fait neanmoins fa provifion durant l'Eté, & amaffe pendant la moiffon dequoi fe nourrir. Jufques à quand dormirez-vous, ô paresseux? quand vous reveillerez-vous de votre fommeil ? vous dormirez un peu, vous fommeillerez, vous mettre un peu les mains l'une dans l'autre pour vous repofer ; & l'indigence viendra vous furprendre, comme un homme qui marche à grands pas, & la pauvreté Te faifira de vous comme un homme armé. Au lieu que fi vous êtes diligent, votre moiffon fera comme une fource abondante, & l'indigence fuira loin de vous. Le travail eft pour les pauvres un devoir fi indifpenfable, qu'ils le doivent préferer à tout le refte: c'eft en cela que doit confifter toute leur devotion; il leur doit tenir lieu de toutes chofes. Ils jeûnent, ils prient, ils prient, ils en

tendent la Meffe, ils difent le Breviaire pendant qu'ils travaillent. Ils doivent employer les fix jours de la femaine pour gagner leur vie, & donner le Dimanche au fervice de Dieu. Qu'ils prennent garde à ne pas profaner ces faints jours par la débauche. L'yvrognerie, l'impureté, & les danfes diffoluës font directement contraires à la fanctification qui nous eft commandée ; & faint Augustin a dit qu'il y a moins de peché à labourer la terre un jour de Fête, qu'à le paffer au cabaret ou à la danfe.

Un pauvre qui ne travaille pas tous les jours pour nourrir fa famille, eft en état de peché, & il faut neceffairement qu'il s'addonne au larcin ; & fi c'est une femme ou une fille, qu'elle s'expofe à perdre fon corps & fon ame, pour ne pas mourir de faim.

CHAPITRE. VII.

Où l'on voit quelle idée un Chretien doit avoir de la grandeur.

CE

E que nous avons dit de l'état des riches, fe peut fort bien appliquer à l'état des grands: il est tout plein de dangers & d'obftacles au falut; il expofe les hommes aux plus énormés crimes. L'in

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