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unique fin de vous preferver de l'orgueil vous ne devriez pas eftimer cet état, & le preferer à la ferveur; mais regarder ces tenebres & cette infenfibilité comme une tentation, comme un déréglement dont. Dieu n'eft point auteur, comme un effet du peché qui rend l'ame plus pefante, & l'empêche de fe porter à Dieu toute entiere. Vous en devez gémir comme d'une tres-grande mifere, bien loin de vous y plaire & de vous en glorifier. Craignez donc toutes les diftractions, quoi qu'el les ne vous foient pas imputées, quand Pardez

elles ne font pas volontaires comme un mal réel, tout ce qui diminue votre attention dans le temps de la prie

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re, & qui vous derobe, quana ce ne ieroit que pour un inftant, cet objer infini que vous ne devriez jamais perdre de vûë.

CHAPITRE VIII.

Qu'il faut toujours prier, & comment il faut accomplir ce precepte.

L'prier, & ne s'en point laffer. Cela le 'Evangile nous dit qu'il faut toûjours

fait en deux manieres.

Premierement, en prenant tous les jours un temps particulier pour l'em

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ployer à la Priere, & chacun le doit choifir felon l'état où il fe trouve. Les perfonnes qui vivent en communauté, doivent garder leur regle, & s'y conformer entierement. C'eft là ce que Dieu leur commande; & elles ne peuvent y manquer fous quelque pretexte que ce foit, fans fortir de fon ordre. Les perfonnes obligées de gagner leur vie, les Marchands, les Artifans, les petes & les meres de famille, les ferviteurs & les fervantes, doivent tourner leur travail en priere, s'y occuper par efprit de Religion, pour plaire à Dieu, pour faire penitence. Quand ces occupations leur laiffent quelques momens libres, qu'ils les donnent à la Priere, à la bonne heure; mais qu'ils fe fouviennent toûjours qu'il vaut mieux faire la volonté de Dieu en s'acquittant des devoirs de l'état où il nous a mis, que de lui dire, Seigneur, Seigneur. La Priere qui fe fait hors de fon ordre, eft un peché ; & on ne sçauroit trop condamner la devotion mal entendue de beaucoup de perfonnes qui employent la plus grande partie de leur vie à lire, à faire Oraison, à entendre des Offices & des Sermons, au lieu de travailler, & de veiller fur leurs enfans & fur leurs domestiques.

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Lettre 2 Prot

Quand une perfonne eft libre, & n'a aucun engagement qui l'empêche de s'appliquer à la Priere, elle peut y mettre plus de temps. Et voici la regle que faint Auguftin donne fur ce fujet. Il eft tresbon & tres-utile de prier long-temps, eft tou quand les autres bonnes œuvres & les Occupations neceffaires de la vie le permettent, quoi que dans ces actions mêmes il faille toujours comme j'ai dit, prier par le defir du cœur. Car prier

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long-temps n'eft pas, comme quelquesuns fe l'imaginent ce que l'Evangile appelle s'étendre en parole dans la Priere, & la Priere que le mouvement du cœur foûtient & fait durer, eft bien differente de celle dont la feule multitude des paroles fait la longueur. Auffi voyons-nous dans l'Evangile, que Jefus-Chrift même paffoit les nuits à prier, & que dans fon agonie du Jardin des Olives, il redoubla fes Prieres; par où ce divin Sauveur nous a voulu marquer l'exemple que nous devons fuivre. On dit les Prieres des Solitaires d'Egypte que étoient frequentes, mais courtes, & comme par élans, de peur que cette ferveur de l'efprit, qui eft fi neceffaire dans la Priere, ne vint à fe relâcher fi on prioit Re.,, trop long-temps. Par là ils nous font affe

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voir, que comme il ne faut pas, fi on fent qu'elle ne puiffe durer, fe mettre au bazard “ de l'affaiblir en allongeant la Priere; aussi ne faut-il pas l'interrompre tant qu'elle "maxi Se peut foutenir. Autant donc qu'on doit "S.Auavoir foin de bannir de la priere la mul- cuttin tude des paroles, autant en doit-on avoir " de faire durer la Priere, quand on en peut conferver la ferveur : Car ce qu'on appelle beaucoup parler en priant, c'eft de s'y étendre en paroles, dont la multitude eft" toûjours fuperflue, quelque neceffaire " que foit ce que l'on traite avec Dieu: " Mais ce que l'on appelle beaucoup prier, c'eft frapper long-temps, & par les élans " d'une veritable pieté, à la porte de celui " que nous prions; ce qui ce fait plus fou- “ vent & beaucoup mieux par des gemiffe- " mens & par des larmes, que par des paroles & des difcours.

On voit par cette doctrine de faint Augustin, que , que les Fideles de fon ficcle n'avoient point de temps fixé pour l'oraifon. Ils y demeuroient plus ou moins ; felon la mesure de grace & de ferveur qu'il plaifoit à Dieu leur départir. Il y en avoir un tres-grand nombre, qui à l'exemple des Solitaires d'Egypte, ne prioient pas long-temps, & prioient plus fouvent, par ces Oraifons qu'on appelle

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Jaculatoires, & qui font comme des étincelles d'un cœur tout embrafé du feu de la divine charité. Aujourd'hui on en ufe autrement; on se prescrit une demi-heure, & quelquefois des heures entieres pour l'Oraifon : & il y a des perfonnes qui fe font un devoir & un mérite d'y demeurer, malgré les dégoûts, les diftractions & les inquietudes de l'efprit. Quoi que cela ne foit pas conforme à ce que nous venons de rapporter de faint Auguftin, ces chofes étant du nombre de celles qu chacun a la liberté d'abonder en fon fene. on doit fuivre fur cela la coûtume des perfonnes avec qui l'on vit, ou l'attrait de la grace, ou le confeil d'un fage Directeur; en un mot, telle méthode que l'on voudra, pourvû qu'elle ne foit pas mauvaise & fufpecte de nou

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veauté.

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Le fecond moyen de prier continuellement eft de faire en toutes chofes la volonté de Dieu. Pour accomplir ce devoir, il n'eft pas neceffaire d'être toûjours

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genoux ou profterné. Un Chretien prie fans ceffe, lorfque la Loi de Dieu regle toute la vie, que fon cœur eft rempli de fon amour, qu'il fe tient dans fon ordre, qu'il n'a qu'un feul defir, qui eft celui de lui plaire, que dans toutes les actions il

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