ÉPITRE A MADAME LA COMTESSE DE *** PRINCESSE DE *** MADAME, Ce nouveau Recueil, que j'ai l'honneur de présenter à VOTRE ALTESSE, n'intéreffera pas moins fa piété que le précédent. Elle y trouvera, non-feulement l'état actuel de la Religion dans les contrées éloignées, que tant d'illuftres Miffionnaires ont arrofées de leur fang, mais encore un récit fidèle de fes diverfes révolutions. Je ne détaillerai point à VOTRE ALTESSE les différens objets des Lettres qui compofent ce Recueil; mais j'ofe efpérer qu'elles feront reçues favorablement de tous ceux qui, à l'exemple de VOTRE ALTESSE, joignent au zèle de la Religion le plus pur, vertu la plus éclairée. la Je fuis, avec le plus profond respect, MADAME, DE VOTRE ALTESSE, Le très-humble & très obéiffant Serviteur, M. *** J. LETTRE DU R. PERE X. DE ST. ESTEVAN, Miffionnaire de la C. de J. dans l'Inde, A MONSIEUR LE COMTE DE.... A Kareikal, le 15 Novembre 1755: MONSIEUR, CE n'eft plus de Pondicheri, mais de Kareikal que je vous écris. Cette petite ville, qui Tom. II, 30 Rec. A que eft fituée à trente lieues au Sud de Pondicheri, eft un comptoir François, & fe trouve enclavé entre Trinkebar, comp-. toir Danois, & Nagapatnam, comptoir Hollandois. Ces deux derniers font diftans de deux lieues; le premier au Nord, & le second au Sud. Il y a une trentaine d'années le Roi de Tanjaour, par un arrangement fait entre lui & la Compagnie de France, avoit permis à cette derniere de bâtir un Fortin fur le bord d'une rivière qui va fe jetter dans la mer, & qui, par fa pofition, rend ce terrein trèscommode pour le Commerce. Quelque tems après la donation, ce Prince crut, par une politique mal entendue, devoir chaffer les François de |