la

voient s'empêcher d'approuver & de louer le culte doctrine, les ufages & les cérémonies des Chrétiens. Cependant il ont employé la rufe, les promeffes, les menaces, les tortures mêmes pour les obliger à dire au moins quelque chofe, qui, fans être une abjuration formelle de leur Religion, pût donner à croire qu'ils avoient changé; fauf à vous, leur difoit-on, de faire demain comme à votre ordinaire; nous ne nous embarraffons ni de vos pensées, ni de vos cœurs; croyez que vous voudrez, pensez comme il vous plaira, nous le trouvons bon; mais nous voulons entendre un mot de votre bouche: Je m'obferverai, je prendrai garde à moi, je vivrai mieux que je n'ai fait, ou telle

ce

autre expreffion femblable. La plupart rapportant ces expreffions aux défauts qu'ils croyoient avoir à fe reprocher devant Dieu, & n'examinant point affez le fens que fe propofoient les Juges, ont d'abord donné dans le piège; à la vérité quelques-uns fe font apperçus de l'équivoque & de la fubtilité des Infidèles, ils ont même paru en avoir horreur tant qu'on s'en eft tenu vis-à-vis d'eux, aux fimples menaces; mais lorsqu'on eft venu à leur parler de fupplices, alors ces expreffions qu'ils avoient rejettées comme des fignes évidens d'apoftafie, ont commencé à leur paroître tolérables; enfuite ils les ont trouvé juftes; enfin ils les ont admifes, les uns plutôt, les autres plus tard; ceux-ci par

eux-mêmes, ceux-là par l'organe de leurs amis ou de leurs parens. Ces derniers ont été le plus grand nombre, & fi nous devons en croire les perfonnes les mieux inftruites, c'eft prefque fans leur participation, & en quelque façon contre leur volonté, que leurs parens infidèles leur ont rendu ce prétendu bon office; & cependant cette forme toute artificieufe qu'elle étoit, a paffé pour valable aux yeux des Juges. Quant à ceux qui ont tenu ferme à la vue des tourmens qu'on leur préparoit, comme, on vouloit moins en faire des martyrs que des apoftats, du moins en apparence, les Juges eux-mêmes ont cherché parmi leurs parens ou leurs amis, quelqu'un qui voulût répondre d'eux,

feulement pour la forme, dans l'efpérance que peut-être ils changeroient dans la fuite; cette rufe leur a réuffi en partie, ils ont trouvé nombre de cautions, mais ils n'ont point fait de véritables apoftats. Les femmes n'ont eu part à la perfécution, qu'autant que le zèle pour la fidélité de leurs enfants les y a engagé, font les feules à qui l'on permette de confeffer librement leur foi, fans entreprendre, ni de les tenter par des promeffes, ni de les effrayer par des menaces, ni de les éprouver par des fupplices. Tout cela a fini par des affiches qui défendent de profeffer la Religion Chrétienne fans autres raisons que celles-ci qu'elle eft étrangère dans l'Empire;

&

qu'elle ne reconnoît point les Efprits ou Dieux du pays; qu'elle eft contraire à Foë & au culte qu'on rend à ses Images; qu'elle n'offre point de facrifices aux ancêtres qu'elle ne brûle en leur honneur, ni odeurs, ni monoies de papier. Je ne vous donne, Madame , que le précis de cette défense, mais elle eft concué de manière à nous laiffer douter fi c'eft un reproche qu'on fait aux Chrétiens, ou un éloge qu'on leur donne, ou un trait de fatyre contre les fuperftitions ridicules qui règnent dans l'Empire, & dont les Athées du pays, qui font en affez grand nombre, ne font nullement partisans. Quoiqu'il en foit

outre

l'affliction que nous ont cau