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les nuages, il fort incontinent de fa retraite, va voltiger fur les haies, & par un ramage des plus agréables il annonce aux laboureurs le retour du beau tems. On dit que cet oifeau eft ennemi mortel du Ho-Kien (autre oifeau fingulier qui n'habite que les marais. Lorfqu'il l'apperçoit, le duvet de fon col fe hériffe; fes ailes s'étendent & tremblent ; fon bec s'ouvre, & il en fort un bruit femblable au fifflement d'un ferpent; fon attitude eft celle d'un oiseau qui va fondre fur fa proie en un mot, tout fon corps annonce une espèce d'épouvente mêlée de fureur; mais foit qu'il fente l'infériorité de fes forces, foit que la nature l'ait ainfi voulu, il fe contente de regarder fon en

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nemi d'un œil fixe & troublé, & ne l'attaque jamais. Le HoKien a les ailes le dos & la queue d'une blancheur éblouiffante; fa rête eft couverte d'un duvet rougeâtre, & fon ventre eft ordinairement d'un jaune-clair, semé de taches grifes & noires. Cet oifeau, qui eft à peu près de la groffeur d'une caille, ne fait fait fon nid que dans les rofeaux & ne multiplie qu'une fois

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par an.

Vous trouverez fans doute étonnant, mon Révérend Père, qu'il y ait ici des Médecins auffi habiles qu'en France. Ce n'eft pas que nos Efculapes du Tonquin ne faffent entrer la fuperftition dans leur art, mais c'est pour plaire au peuple qui ne s'en ferviroit pas fans cela.

Quand un Médecin vifite un malade, il ne l'accable pas, comme en Europe, de fon jargon fcientifique, il fe contente feulement de lui tâter le pouls, après quoi il dit la nature & les effets de la maladie. En tâtant le pouls de la main droite, il le touche en trois endroits différens dont le premier répond au poulmon, le fecond au ventricule, & le troifième aux reins du côté droit. S'il tâte le pouls de la main gauche, il le touche également en trois endroits, dont le premier répond au cœur, le fecond au foie, & le troifième aux reins du côte gauche. Le Médecin fait attention fur-tout, au nombre des battemens du pouls durant une refpiration; & felon les diverfes pulfations,

te il prétend connoître la cause de la maladie, & voir fi le cœur, le foie, ou le poulmon eft en mauvais état, ou fi le mal vient de chaleur, de froid, de joie, de trifteffe, ou de colère, & combien de tems il doit durer. Si le pouls vient à s'affoiblir, ou à s'arrêter, après avoir battu quelque tems, la maladie eft jugée mortelle; fi, au contraire, le pouls, après s'être arrêté au commencement, vient à battre de nouveau, c'eft un figne que le mal doit durer long-temps. Ne croyez pas que les Médecins, qui font la plupart fort éclairés, ajoutent foi à ces fuperftitions ridicules; j'en ai connu un, homme de beaucoup de mérite, qui me dit un jour, en riant, que la crédulité du

peuple étoit le gagne-pain dè tous fes confrères.

Ordinairement les Médecins Tonquinois ne fe fervent que d'herbes & de racines dans la compofition de leurs remèdes. Cependant pour les migraines, les fièvres chaudes & les dyffenteries, ils emploient communément le fuc d'un fruit qu'on dit être d'une efficacité admirable dans ces fortes de maladies. Ce fruit reffemble à une Grenade, & s'appelle Miengou. L'arbre qui le porte croît communément dans les haies à la hauteur du Figuier, dont il a la figure. Son bois eft tendre & moëlleux, fes branches flexibles & déliées fes feuilles prefque rondes & d'un verd naiffant. Dans les tems humides il en coule un fuc âcre & laiteux,

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